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La 5e Suisse a plébiscité la loi CO2 et l’interdiction des pesticides

Une affiche défendant le non aux initiatives anti-pesticides
En Suisse, le non aux initiatives anti-pesticides et à la loi CO2 est en grande partie lié à la forte mobilisation du monde agricole. Les expatriés ont davantage voté selon des convictions écologistes. Keystone / Peter Klaunzer

Les Suisses de l’étranger ont voté nettement plus vert que leurs compatriotes au pays. Si les votations de dimanche n’avaient tenu qu’à eux, la loi sur le CO2 et les deux initiatives anti-pesticides auraient connu un autre destin.

Dimanche a été un jour de votation noir pour les écologistes en Suisse: à la surprise générale, une majorité de l’électorat a coulé de peu la révision de la loi sur le CO2, fruit de trois ans de débats parlementaires pour répondre aux engagements faits dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat.

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La loi CO2 refusée de peu

Ce contenu a été publié sur Combattue essentiellement avec l’argument du porte-monnaie, la loi CO2 a finalement été refusée.

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Quant aux deux initiatives qui réclamaient une interdiction des pesticides de synthèse, elles ont été balayées par plus de 60% des votants et la quasi-totalité des cantons. Elles ont trouvé un écho presque exclusivement dans les grands centres urbains.

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L’analyse du vote des expatriés révèle toutefois un tout autre tableau. Pour la loi sur le CO2, il s’agit même d’un véritable plébiscite. Le projet de réforme a été accepté dans les 12 districts de Suisses de l’étranger pour lesquels on dispose de statistiquesLien externe, avec des scores dépassant en général les 70% de oui.

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L’initiative «Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse» et celle «Pour une eau potable propre» ont aussi été majoritairement soutenues par la diaspora helvétique, dans quasiment tous les districts. Ces résultats sont assez conformes aux intentions de vote qui avaient été annoncées début juin dans le deuxième sondage SSR réalisé par l’institut gfs.bern.

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L’argument du porte-monnaie

Martina Mousson, cheffe de projet à gfs.bern, relève que l’argument du coût a été une des raisons principales du refus de ces propositions. Le camp du non à la loi CO2 a par exemple largement fait campagne sur les augmentations du prix du carburant, tandis que les adversaires des initiatives anti-pesticides ont argué qu’elles entraîneraient le renchérissement des aliments.

La politologue y voit une piste importante pour expliquer ces différences remarquables entre le vote des Suisses de l’étranger et le vote intérieur. «L’idéologie et les valeurs vertes sont largement partagées, mais elles sont freinées dès lors que les choses deviennent concrètes et qu’il s’agit de savoir qui va payer», explique-t-elle. Les expatriés auraient ainsi plus facilement voté conformément à leurs convictions environnementales, dans la mesure où «ce ne sont pas eux qui risquent de payer les conséquences» de telles réformes.

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Zones rurales mobilisées comme jamais

A près de 60%, le taux général de participation enregistré pour les votations du 13 juin est l’un des plus hauts enregistrés ces dernières années.

L’analyse du vote des communes réalisée par gfs.bern montre que le surplus de participation a surtout été observé dans les régions rurales en Suisse, qui se sont fortement mobilisées contre les deux initiatives anti-pesticides sous l’effet d’une campagne hors normes. Et, selon l’institut, la loi sur le CO2 a payéLien externe par extension le prix de la participation record des régions périphériques.

C’est ce que dit ce tweet d’analyse: «Plus la participation électorale [le 13 juin] a dépassé la moyenne des cinq dernières années, plus le non à la loi CO2 a été clair.»

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Ce clivage domestique entre villes et communes rurales n’est pas ou plus une réalité pour les Suisses de l’étranger; ils n’ont suivi la campagne que de loin, et n’ont pas voté davantage que d’habitude.

Dans les districts qui fournissent des détails sur leur vote, un peu plus de 38’400 bulletins au total ont été rentrés pour 138’171 inscrits, soit un taux de participation de 27,8%, dans la moyenne des cinq dernières années (un peu plus de 28%).

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Soutien plus large à la loi Covid

Sur les deux autres objets, le vote des Suisses de l’étranger n’aurait pas changé la donne. Même si la loi Covid-19, adoptée dimanche par environ 60% des votants, a reçu un soutien plus net encore de la part des expatriés dans tous les districts: ils sont plus de 75% à avoir glissé un oui dans leur enveloppe de vote.

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Enfin en ce qui concerne la loi controversée contre le terrorisme, la Cinquième Suisse ne s’est pas démarquée de l’ensemble des citoyennes et citoyens: elle a voté oui à 60%, contre un peu moins de 57% dans la population générale.

Martina Mousson juge ce résultat moins surprenant. Même si le comportement de vote des expatriés est toujours difficile à appréhender avec certitude, la politologue rappelle que «de nombreux Etats se sont déjà dotés de lois similaires». Une partie des personnes qui ont voté vivent aussi probablement dans des pays ayant déjà été directement confrontés au terrorisme, ce qui pourrait expliquer l’adhésion de la diaspora à cet objet.

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Une nouvelle méthode pour l’envoi du matériel de vote

Cette votation aura également été pour la première fois l’occasion de tester l’expédition du matériel de vote par courrier diplomatique, pour savoir si cette méthode est plus fiable que les envois postaux.

La Chancellerie fédérale a mené un essai auprès de 1600 Suisses installés en Australie, au Brésil et en Thaïlande, et inscrits sur les listes électorales des cantons de Genève, d’Argovie et du Tessin et de Genève.

«La comparaison des deux méthodes d’envoi doit fournir des informations sur l’efficacité et les coûts» de cette alternative, précise la Chancellerie fédérale. Nous rendrons compte du bilan de cette expérimentation dès qu’il sera connu.

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