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La tournée d’adieu de Kofi Annan à la Suisse

Kofi Annan, ce samedi face à son public à l'université de Saint-Gall. Keystone

Lauréat 2003 du «Prix de la liberté» de la Fondation Max Schmidheiny, le secrétaire général de l'ONU, a souligné les dangers croissants de l'industrie biotechnologique, samedi à Saint-Gall.

Lundi, il sera à Genève notamment pour y recevoir le Prix de la Fondation pour Genève et inaugurer le nouveau bâtiment d’ONUSIDA.

Après avoir évoqué «les progrès extraordinaires des sciences de la vie, la biotechnologie surtout» qui ont ouvert «sur la condition humaine certaines des perspectives les plus prometteuses de l’histoire», Kofi Annan a lancé un cri d’alarme.

«À mesure que la recherche biologique avance et que les technologies deviennent plus facilement accessibles, le risque d’accident ou de malveillance croît de façon exponentielle», a-t-il dit, dans le grand auditorium de l’université de Saint-Gall où étaient réunis 150 invités, parmi lesquels le ministre suisse des finances Hans-Rudolf Merz, 350 étudiants et environ 50 représentants des médias.

Création d’une instance mondiale

Kofi Annan a alors rappelé qu’il n’existe pour l’instant aucun régime international de protection qui permettrait de gérer ces risques. L’effort entrepris pour harmoniser les normes à l’échelle mondiale «prend du retard par rapport au rythme effréné auquel avance la science elle-même et à l’évolution de ses pratiques. C’est pourquoi ces derniers mois j’ai avancé l’idée de créer une instance mondiale de dialogue», a-t-il ajouté.

Le secrétaire général a alors détaillé son projet, qui vise à rassembler les diverses parties prenantes – les industriels, les scientifiques, les praticiens de la santé publique, les gouvernements et le public au sens large.

Cela dans le but de répondre à deux questions fondamentales: «Comment tirer parti des bienfaits de la biotechnologie et de la recherche en sciences de la vie pour améliorer la vie des gens dans le monde?» et «Comment élaborer un cadre mondial pour atténuer les risques potentiels?»

Prix de la Liberté

Kofi Annan avait été distingué en mai 2003, lors d’un colloque à Saint-Gall, par le «Prix de la Liberté» de la Fondation Max Schmidheiny. Depuis 1979, ce prix récompense les personnalités ayant contribué au maintien et au développement de la liberté économique et sociale.

A l’époque, Kofi Annan n’avait pas pu retirer son prix à cause d’une laryngite. Mais il avait néanmoins annoncé vouloir le faire personnellement, et cela encore pendant son mandat. Promesse tenue.

Le secrétaire général reversera au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) les 100.000 francs qui constituent le Prix.

Cérémonie à Genève

Lundi, Kofi Annan recevra à Genève le Prix de la Fondation pour Genève, pour le remercier d’avoir contribué au rayonnement de la cité de Calvin pendant son double mandat. Le président de la Confédération Moritz Leuenberger lui rendra hommage, en présence de quelque 500 invités à la cérémonie.

Auparavant, dans la matinée, le secrétaire général de l’ONU aura inauguré le nouveau bâtiment d’ONUSIDA, proche de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et ouvert la sixième conférence d’examen de la Convention d’interdiction des armes biologiques.

Toujours lundi à Genève, Kofi Annan s’entretiendra de la question chypriote avec le président de la république turque de Chypre du Nord (RTCN, autoproclamée) Mehmet Ali Talat. La rencontre devrait porter sur les moyens de relancer les efforts de l’ONU, après l’échec en 2004 du plan soumis par référendum aux Chypriotes. Le problème chypriote envenime actuellement le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE.

Le secrétaire général de l’ONU, qui entretient des rapports étroits avec la Suisse, donnera également une conférence de presse, avant de quitter Genève mardi. Rappelons que Kofi Annan, 68 ans, sera remplacé à la tête de l’ONU par le Sud Coréen Ban Ki-moon, 62 ans, dès le mois de janvier.

swissinfo et les agences

Parmi les précédents lauréats du «Prix de la Liberté» de la Fondation Max Schmidheiny figurent l’entrepreneur suisse Nicolas Hayek, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Ruud Lubbers (en tant que Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés – HCR), Romano Prodi (en tant que président de la Commission européenne), Muhammad Yunus (Prix Nobel de la Paix en 2006).

Kofi Annan est le 25e lauréat.

Né en 1908, Max Schmidheiny était un industriel qui s’est illustré dans le secteur du ciment.
Il a également reçu de nombreux mandats dans le secteur public, et a été membre du parlement cantonal saint-gallois.
Max Schmidheiny a créé sa fondation en 1978. Il est décédé en 1991.

Septième Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Kofi Annan a entamé son premier mandat début 1997, puis a été reconduit dans ses fonctions en 2002. Son travail s’achève à fin décembre.

L’adhésion de la Suisse à l’ONU est intervenue au milieu de l’ère Annan, à l’automne 2002, suite à une votation populaire.

Président de la Confédération, Moritz Leuenberger a récemment estimé que «beaucoup de Suisses [avaient] voté pour l’ONU parce que l’organisation avait le visage de Kofi Annan».

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