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«Je suis inquiète du sort qui est réservé aux femmes»

Eine gelbe Handtasche liegt auf einem Pult neben einem Papier, auf dem #MeToo steht.
Le débat sur le harcèlement sexuel (#MeToo) est au coeur des enjeux concernant le statut de l'égalité des sexes. Selon les réalités sociales et les traditions, son contenu varie. Keystone

Patricia Schulz veut continuer à se battre. En tant qu’experte et première Suissesse membre du Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, elle a lu et entendu son lot de témoignages révoltants. Pour de nombreuses femmes à travers le monde, la situation a même empiré.

Patricia Schulz (69 ans) est depuis 2011 membre du Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes. C’est la première Suissesse à occuper ce poste. Avant cela, elle a entre autre dirigé pendant 16 ans le Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes (BFEG).

«Je ne risque rien: je vis en Suisse, j’ai une vie agréable», explique Patricia Schulz. Ce n’est pas le cas de la plupart des femmes qu’elle a rencontrées au cours de ses huit années à l’ONU.

«Nous observons une hausse inquiétante de la violence sexuelle à l’égard des femmes, dit-elle. Nous savons tous que le viol est utilisé comme arme de guerre.» Même dans les pays qui ne sont pas en guerre, de plus en plus de femmes sont victimes de violences sexuelles.

Genève internationale: Dans cette série, swissinfo.ch vous présente des Suissesses et des Suisses qui occupent des fonctions clé sur la scène internationale.

Toutefois, depuis l’entrée en vigueur il y a 40 ans de la Convention des Nations Unies sur les femmes, il y a également eu des développements réjouissants. Ainsi, selon Patricia Schulz, l’accès des filles et des femmes à l’éducation s’est amélioré presque partout, même si les progrès n’ont pas été identiques dans toutes les régions du globe. On dénombre aujourd’hui par ailleurs davantage de femmes dans le monde du travail et qui sont donc plus indépendantes financièrement.

Les pays occidentaux se présentent volontiers comme progressistes en matière d’égalité hommes-femmes. Mais il convient toutefois de nuancer ce beau tableau, estime Patricia Schulz.

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Tout juste 40 ans après la naissance de la Convention des Nations Unies sur les femmes, c’est avec inquiétude que Patricia Schulz observe certains développements dans le traitement qui leur est fait. De «très gros revers» qui aggravent encore la vie des femmes.

L’experte cite l’exemple de ces femmes sur une île indonésienne qui sont enfermées chez elles «sous couvert de normes religieuses» et à qui on interdit de voter aux assemblées de village.

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En portant son regard sur la Suisse, Patricia Schulz souligne que son pays a longtemps été à la traîne par rapport à ses voisins européens.

L’introduction tardive du suffrage féminin en 1971 en serait la cause. La lutte pour aboutir à ce droit dura des décennies et laissa peu d’énergie pour d’autres revendications.

«Depuis, la Suisse a toutefois rattrapé son retard», relève Patricia Schulz. «Il y a très peu de points à améliorer dans notre législation», positive-t-elle encore.

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Au cours de son mandat onusien, Patricia Schulz a participé au total à 170 dialogues avec les Etats membres. Avant que les experts de la CEDAW ne discutent avec les délégués des Etats membres de la situation dans leur pays, des réunions sont organisées avec la société civile. Cette dernière livre au comité sa vision de la situation dans le pays concerné en répondant à toute une série de questions.

Aux yeux de Patricia Schulz, ces activistes sont «des héros et des héroïnes de notre époque». Ils risquent leur vie en se battant pour l’égalité des sexes. Rencontrer ces personnes donne à Patricia Schulz la force de continuer.

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Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAWLien externe) est un comité d’experts indépendants basé à Genève qui surveille la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmesLien externe.

Le Convention des Nations Unies sur les femmes a été achevée en 1979. Elle oblige les Etats membres à faire tout leur possible pour éliminer la discrimination à l’égard des femmes. 189 paysLien externe ont jusqu’ici adhéré à la Convention. En Suisse, elle est entrée en vigueur en 1997.

Le ComitéLien externe veille au respect de la Convention. Il est composé de 23 experts indépendants et reçoit régulièrement des rapports des Etats membres sur la mise en œuvre de la Convention. Lors de ses réunions, le Comité discute du rapport et formule des préoccupations et des recommandations à l’Etat membre concerné.

L’entrée en vigueur en 2000 du Protocole facultatif a élargi les compétences du Comité, mais seulement dans les Etats qui ont ratifié le Protocole.

(Source: humanrights.chLien externe, OHCHR)

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Traduit de l’allemand par Samuel Jaberg

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