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Passeport biométrique: l’issue du vote reste ouverte

Les Suisses ne se montrent pas totalement convaincus par les passeports biométriques. Keystone

Seule une petite moitié des Suisses (49%) se disent convaincus par l'introduction de données électroniques dans leur passeport. Le second sondage sur les votations du 17 mai montre en revanche que plus de deux tiers d'entre eux sont favorables à la médecine complémentaire.

Les passeports rouges à croix blanche contiendront-ils, dès 2010, deux empreintes digitales et une photographie du visage enregistrés sur une puce électronique? Des deux objets soumis à votation d’ici un peu plus de dix jours, le sort du passeport biométrique est le plus incertain.

Selon le second sondage réalisé par l’institut gfs.bern pour le compte du diffuseur national SRG SSR idée suisse, un peu moins de la moitié des Suisses (49%) s’apprêtent en effet à dire oui aux nouveaux documents de voyage.

Cela représente une légère progression (+2%) par rapport au premier sondage rendu public le 8 avril dernier. A l’opposé, le camp du non a perdu du terrain dans une proportion exactement comparable, passant de 39% à 37%. Quant aux indécis, ils sont toujours 14%.

«L’issue du vote reste ouverte. Attention, cela ne signifie pas qu’on aura un résultat très serré, mais véritablement que tout est encore possible», a indiqué mercredi Claude Longchamp, directeur de gfs.bern. D’autant que les deux objets ne semblent pas passionner les électeurs: seuls 40% des votants auraient pris part au scrutin s’il avait eu lieu à fin avril, précise l’institut de sondage.

Campagne sur internet

Une discussion intensive, «la plupart du temps critique» selon gfs, a pourtant eu lieu dans les médias concernant le passeport biométrique. Reflétant les débats houleux du Conseil national (chambre basse) – où le projet avait finalement été adopté par 94 voix contre 81 – elle a servi de chambre de résonance aux arguments qui avaient conduit les opposants à lancer le référendum.

Sur le plan politique, c’est parmi les sondés qui se disent proches des partis bourgeois que le oui en faveur du passeport biométrique est le plus clair. Il atteint 69% chez les sympathisants du parti radical (PRD, droite). Ceux du parti socialiste (49% de oui) et des Verts (34%) sont plus sceptiques, bien que le oui ait aussi progressé dans leur camp depuis le premier sondage.

Fait inhabituel, les Verts dominent cette campagne, constate l’institut gfs. Sur le passeport biométrique comme d’ailleurs sur la médecine complémentaire, le parti écologiste est ainsi celui qui dispose de la plus importante capacité de mobilisation, selon Claude Longchamp. Autre aspect nouveau à relever, la campagne a pris de l’importance sur Internet, touchant les jeunes de la génération «Facebook».

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La peur du fichage

Au niveau des arguments, ceux avancés notamment par les jeunes de plusieurs partis, soucieux de mettre en garde contre les risques de piraterie informatique, peinent à convaincre. Les doutes exprimés ces derniers temps par certains experts quant à la sécurité des données biométriques n’ont pas non plus échaudé l’opinion publique.

Ainsi, 64% des sondés sont convaincus que le nouveau document sera plus sûr. Les craintes liées à la dérive vers un Etat policier porté au fichage, induites notamment par le fait que le projet prévoit la mise en place d’une banque de données centralisée, ont pour leur part quelque peu reculé.

Aujourd’hui, 60% des personnes interrogées invoquent cet argument, contre 64% lors du premier sondage. Même tendance pour ce qui est de l’atteinte à la sphère privée: 56% des sondés y faisaient référence il y a un mois, contre 49% à l’heure actuelle.

Oui à la médecine complémentaire

Second objet soumis au peuple le 17 mai prochain, l’inscription de la médecine complémentaire dans la Constitution récolte un large soutien. A ce propos, 69% des sondés prévoient de glisser un oui dans l’urne, alors que 19% d’entre eux se disent défavorables et 12% indécis.

Par rapport au premier sondage, l’acceptation de l’objet a progressé de 2%. «Cet objet n’a pas réellement été politisé. […] La bataille autour de ses enjeux n’a pas vraiment pris», constate l’institut gfs.

Du point de vue politique, la médecine complémentaire peut compter sur le soutien de l’électorat de tous les partis, y compris celui de l’Union démocratique du centre (UDC/ droite conservatrice), le seul des partis gouvernementaux qui prône pourtant le non.

Plus que sur un débat argumenté, c’est sur la popularité de la médecine complémentaire que se fondera le plus que probable oui qui sortira des urnes le 17 mai prochain, ceci dans les trois parties du pays. Plébiscitées en Suisse alémanique (71% de oui), les pratiques alternatives sont également soutenues en Suisse romande (68%) et au Tessin (52%).

En matière de santé, pas de frontières linguistiques donc, les individus «veulent pouvoir se décider librement», fait remarquer Claude Longchamp. «Les arguments médicaux, scientifiques ou politiques n’ont aucune influence, assure-t-il. Les citoyens veulent faire place nette et voir une fois pour toutes réglé le problème du remboursement des pratiques alternatives par l’assurance maladie de base.»

Carole Wälti, swissinfo.ch
(avec la collaboration de Sonia Fenazzi)

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Passeports biométriques:
49% de oui, 37% de non, 14% d’indécis.

Médecine complémentaire:
69% de oui, 19% de non, 12% d’indécis.

Le sondage s’est déroulé du 27 avril au 2 mai 2009.

1216 personnes d’âge et de profil socio-économique différents issues des trois régions linguistiques ont été interrogées par téléphone.

Marge d’erreur: +/- 2,9%.

Le 17 mai prochain, les citoyens suisses se prononceront sur deux objets.

Le premier a trait aux nouveaux passeports biométriques. Une modification de la loi sur les documents d’identité a en effet été attaquée par référendum.

Le texte soumis à votation a pour but d’introduire dans la législation suisse l’usage de passeports et de documents de voyage pour les personnes étrangères contenant des données biométriques (photographie du visage et 2 empreintes digitales).

Ce type de documents est obligatoire dans l’Espace Schengen et le deviendra très prochainement aux Etats-Unis.

S’agissant d’un référendum facultatif, cet objet ne requiert que la majorité du peuple.

Le second est un contre-projet élaboré par le Parlement à une initiative sur les médecines complémentaires qui a été retirée.

Le texte vise à inscrire la prise en compte des médecines alternatives dans la Constitution, et, plus largement à faire en sorte qu’elles soient mieux prises en considération dans le système de santé suisse.

S’agissant d’une modification constitutionnelle, cet objet requiert la double majorité du peuple et des cantons.

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