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Paul-André Roux, fiscaliste altruiste

Arrivé en cours de législature, Paul-André Roux espère bien se faire une place de choix au Parlement. Ex-press

Ancien président du Parlement valaisan, Paul-André Roux a rejoint en mars la Chambre basse du Parlement suisse, sous les couleurs du Parti démocrate-chrétien. Alors que la session d’hiver bat son plein, portrait d’un montagnard qui aime flirter avec les sommets.

Autour du poignet, à peine dissimulée sous la manche du costard, apparaît une montre orange. Excroissance pétulante en plastique à la couleur du PDC. Contraste avec les tenues gris-noir qui déambulent dans les salles du Palais fédéral à Berne. «Je l’ai achetée à l’aéroport de Zurich pour mes vacances. Depuis, je la porte tout le temps, elle est légère, je n’ai pas besoin de l’enlever pour dormir.»

Pour le député Paul-André Roux, le décompte des heures ne s’arrête jamais. Le tic tac qui marque les minutes rythme aussi ses brèves trêves nocturnes. «Souvent, en faisant de la politique, on rentre tard le soir, mais je me suis fixé comme règle d’être tous les matins à 6h30 au bureau, quelle que soit la durée de la nuit. C’est un principe que je respecte depuis toujours.»

Champion des conseils d’administration

De la discipline, il en faut pour cumuler les fonctions d’expert fiscal, de député au Conseil National et de membre de quarante conseils d’administration. Un dernier point qui fait du démocrate-chrétien un recordman au Parlement, et qui a soulevé quelques interrogations dans plusieurs médias au moment de son assermentation il y a neuf mois. «Pour moi, cela ne pose aucun problème, car je n’ai pas de conseil d’administration personnel. Les mandats, les honoraires vont dans ma société et font vivre 10 personnes. Cela fait partie de mon travail.»

Quant aux conflits d’intérêts, le Valaisan les balaie d’une phrase: «Je ne suis pas administrateur d’une grande société déterminante pour mon avenir financier. La plupart de ces conseils gèrent des petites sociétés actives dans l’immobilier, un milieu duquel je suis proche car je défends la propriété foncière.» Tout comme le député prône le développement de complexes hôteliers en Valais, parce que c’est «l’avenir du canton.»

Un canton auquel Paul-André Roux est fortement attaché, comme à son petit village de Grimisuat. Commune suspendue entre la plaine et la montagne où la vigne se déploie comme le vin blanc dans les apéritifs valaisans. D’ailleurs, à Berne, ses collègues notent qu’en bon habitant du canton montagnard, il défend ardemment sa contrée. «Le Valaisan, c’est quelqu’un de combatif et rationnel. Lorsqu’on s’engage pour un dossier, au va jusqu’au bout», argumente le député.

Une fibre sociale

Lui s’accroche corde et crampons à maitriser la pente abrupte de la fiscalité pour les familles, les entreprises, la classe moyenne. Avec comme prochain objectif le lancement d’une initiative populaire pour exonérer les allocations familiales des impôts. «De l’extérieur, parce que je défends la fiscalité, on me voit comme une personne proche de l’économie. C’est vrai, car je me suis toujours engagé avec des entreprises, des acteurs du milieu économique, mais j’ai aussi une fibre sociale. C’est pour ça que j’ai choisi le PDC, car pour moi c’est un parti qui mélange l’économie et le social.»

Un mix qui convient parfaitement au parlementaire, qui se range du côté centre droit mais qui entretient une touche d’altruisme. «Si on n’aime pas les gens, il ne faut pas faire de politique». Et puis, comme le souligne cet habitué des débats politiques, en Valais, choisir le PDC est une idée judicieuse, puisque c’est le parti majoritaire.

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Prendre le train au passage

D’ailleurs, dans la famille de Paul-André Roux, tomber dans la marmite du PDC est une tradition, tout comme la politique. Car si le député fait encore à Berne figure de petit nouveau fraîchement mis dans le bain du Parlement, il accumule 13 ans d’expérience dans la politique cantonale. En 1997, il entre au Parlement valaisan comme député-suppléant, avant de gravir les échelons et d’en devenir le président en 2008. Dernier prélude avant d’attaquer le morceau parlementaire national. «On n’arrive pas à la politique du jour au lendemain, par surprise.»

Débarqué en cours de législature, le député est encore discret sous la Coupole, mais il espère faire rapidement ses preuves, notamment au sein de la Commission des affaires juridiques, pour obtenir une réélection l’année prochaine.

Car même si l’arrivée à Berne n’a pas été facile, avec l’attribution de la place du «puni» (dans la salle du Conseil National, la place en haut de l’estrade loin des autres membres de son parti) et un baptême du feu sous le signe de la débrouille, le Valaisan a désormais pris ses marques. Le nouveau venu voit  à l’horizon encore de belles opportunités à saisir. «Moi, dès que le train passe, je saute dedans.» Et le pendulaire ne veut en tout cas pas descendre à la prochaine gare.

Paul-André Roux est né en 1960 à Grimisuat, village de 3000 habitants à 10 minutes de Sion, dans le canton du Valais. Il est marié et père de deux enfants.

 

Expert fiscal diplômé, il a fondé le cabinet fiscal et financier Roux et Associés, ouvert le 1er février 2004.

Concernant son parcours politique, il est député-suppléant au Parlement valaisan de mars 1997 à mars 2001. Puis député, de mars 2001 à mars 2009. Depuis ses débuts politiques, il est membre du PDC.

Il est président du Parlement cantonal de mai 2008 à mars 2009. Il entre au Conseil National le 1er mars 2010.

Ses centres d’intérêts sont concentrés sur le sport et la montagne, qu’il rejoint tous les dimanches matin pour se dépenser et se ressourcer. Il est notamment adepte du mountain bike et du ski de randonnée. Et il va voir tous les matchs du FC Sion.

Au Conseil national (Chambre basse du Parlement), le Parti démocrate-chrétien compte 36 députés. Au Conseil des Etats (Chambre haute), 16 représentants cantonaux appartiennent au parti. Le PDC est le quatrième plus grand parti au Parlement suisse.

Au Conseil fédéral (gouvernement), le PDC est représenté par Doris Leuthard, ministre de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication.

En Suisse, le Parti-démocrate chrétien, qui est un parti de centre / centre-droit, est particulièrement bien représenté dans les régions de tradition catholique, comme le Valais. D’ailleurs, le président du PDC, Christophe Darbellay, est valaisan.

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