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L’eurosceptique Ueli Maurer élu sans panache

Ueli Maurer est le huitième président UDC. Keystone

Le conservateur de droite Ueli Maurer a été élu mercredi comme prévu à la tête du gouvernement suisse, sur le score médiocre de 148 voix. Chef du Département de la défense, il succède à Eveline Widmer-Schlumpf.

Le Zurichois de 62 ans est devenu mercredi le huitième membre de l’Union démocratique du centre (UDC, droite conservatrice) élu à la présidence de la Confédération. Mais c’est le premier représentant de l’aile dure de son parti à y accéder.

Avant lui, tous les membres de l’UDC qui ont accédé à ce poste, de Rudolf Minger à Samuel Schmid en passant par Leon Schlumpf et Adolf Ogi, représentaient la ligne consensuelle. Le tribun du parti Christoph Blocher a, lui, été banni du gouvernement avant d’accéder à cette charge.

Avec 148 voix sur 202 bulletins, c’est le troisième plus mauvais résultat en près de 50 ans après ceux de la socialiste Micheline Calmy-Rey en 2010 et en 2006 (106/147). A de rares exceptions près, les présidents ont été élus dans une fourchette allant de 150 à 180 voix ces 30 dernières années. Ainsi, l’an dernier, Eveline Widmer-Schlumpf avait obtenu 174 voix.

La candidature d’Ueli Maurer était officiellement soutenue par tous les groupes parlementaires, à l’exception des Verts. Les socialistes avaient laissé entendre qu’ils exprimeraient leur mauvaise humeur envers le chef du Département de la défense pour son manque de collégialité. Mercredi matin, 38 bulletins étaient blancs ou nuls et 40 sont allés au Neuchâtelois Didier Burkhalter, nommé ensuite à la vice-présidence.

Eurosceptique convaincu

Tout le monde, surtout du côté des francophones, ne voit pas d’un bon oeil le fait que l’image de la Suisse à l’étranger porte le sceau de la droite dure. Depuis son élection au gouvernement en 2008, Ueli Maurer n’a cessé de rappeler à ses sympathisants qu’il est l’un des leurs.

Il y a quinze jours, lors de la commémoration d’une mobilisation paysanne de 1830, le Zurichois en a profité pour critiquer vertement les accords bilatéraux entre la Suisse et l’Union européenne. Les faits et gestes de cet isolationniste maîtrisant mal le français seront certainement suivis avec beaucoup d’attention par les pro-européens.

Cela dit, Ueli Maurer a déjà annoncé qu’il se concentrerait sur la Suisse et limiterait ses voyages à l’étranger au strict minimum. Il confiera de nombreuses missions à Didier Burkhalter, vice-président et chef de la diplomatie helvétique.

«Dans cette fonction de président, il s’agit surtout d’être efficace dans la direction des affaires, le glamour n’a pas la priorité», a déclaré le futur président après son élection.

Didier Burkhalter élu brillamment

De son côté, le Neuchâtelois libéral-radical de 52 ans a été élu vice-président par 205 voix sur 219 bulletins valables.

Le président et le vice-président ont pour le moins une vision contrastée des relations avec l’Union européenne. Il y a quelques jours encore, alors que la politique européenne fait débat en Suisse, le chef de la diplomatie Didier Burkhalter a défendu devant la presse un projet visant à relancer la voie bilatérale avec l’Union européenne, malgré le feux de critiques en provenance de Bruxelles.

Dossiers controversés

Au-delà du mandat présidentiel, l’année 2013 sera cruciale pour Ueli Maurer. Il faut dire que le ministre de la Défense compte quelques dossiers lourds dans ses bagages, comme l’achat des avions de combat Gripen, du vol de données au Service de renseignement et un rapport controversé sur l’armée.

Ueli Maurer a accédé au gouvernement, en décembre 2008, en remplacement de son collègue de parti Samuel Schmid. Son élection s’était jouée sur le fil, puisqu’il avait été élu au troisième tour avec seulement une voix d’avance (122) sur le Thurgovien Hansjörg Walter.

Né le 1er décembre 1950 à Wetzikon (Zurich), dans une famille de paysans.

 

Après une formation de comptable, il dirige l’association des agriculteurs zurichois de 1994 à 2008, avant de présider l’Union maraîchère suisse.

Après s’être lancé en politique au niveau communal pour l’Union démocratique du centre (UDC, droite conservatrice), il est élu en 1983 au parlement cantonal zurichois

1996, il succède à Christoph Blocher à la présidence de l’UDC, jusqu’en 2007.

2008: élu au Conseil fédéral, il endosse la charge de Chef du Département de la défense, protection de la population et sports (DDPS).

5 décembre 2012: élu président de la Confédération pour 2013

Né en 1960 à Neuchâtel, il suit des études d’économie politique et entre au Parti libéral radical (PLR).

Après avoir été député au parlement cantonal et membre du gouvernement de la Ville de Neuchâtel, il est membre de la Chambre basse du parlement fédéral de2003 à 2007.

2007: élu à la Chambre haute.

Elu au gouvernement par 129 voix sur 245 en septembre 2009, il succède à Pascal Couchepin (PLR) le 1er janvier 2010 au Département fédéral de l’Intérieur.

Le 1er janvier 2011, il succède à la socialiste Micheline Calmy-Rey, démissionnaire, à la tête du Département fédéral des affaires étrangères.

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