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Schengen sera réformé, mais avec prudence

Crispation aux frontières suisses comme ailleurs en Europe. Keystone

Possibles contrôles aux frontières nationales, amélioration des contrôles aux frontières extérieures de Schengen, conditionnalité pour les aides aux pays du sud de la Méditerranée. Programme chargé jeudi à Bruxelles pour les ministres en charge de Schengen.

Question centrale: comment améliorer le fonctionnement de l’espace Schengen? Car tous les ministres sont d’accord pour dire que le fonctionnement de Schengen a besoin d’être amélioré.

Mais attention: Schengen et son corollaire, la libre circulation des personnes, «est une des plus grandes avancées européennes qu’il faut préserver», a martelé le ministre hongrois de l’Intérieur, Sandor Pinter, qui présidait la séance.

Plusieurs ministres ont même averti: attention à ne pas déclencher un effet domino. L’allemand Hans Peter Friedrich a mis en garde contre «une spirale dangereuse»: un pays qui ferme sa frontière fait peser de nouvelles pressions sur les frontières de son voisin qui est tenté d’en faire autant. C’est la fin de Schengen.

Plusieurs pistes

Comment améliorer Schengen? Plusieurs pistes: le renforcement des contrôles aux frontières extérieures de Schengen, en étant plus solidaires: les pays de l’intérieur (Allemagne, Pays-Bas, Suisse, etc) doivent aider les pays de la bordure (Grèce, Italie, Malte).

Le ministre français Claude Guéant a ainsi proposé que les moyens de Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières, soient revus à la hausse, et que soit créé un système européen de garde-frontières: un serpent de mer européen qui pourrait, peut-être, voir enfin le jour…

Autre solution proposée par Paris et Rome: élargir les possibilités de contrôles nationaux, rétablir les contrôles aux frontières «de façon exceptionnelle et en dernier recours», précise Sandor Pinter. Si personne au conseil n’a jugé que c’était une mauvaise idée, aucune voix enthousiaste non plus n’y a été entendue. La France a même reculé par rapport à ses positions précédentes: «Nous ne voulons pas moins d’Europe, mais plus d’Europe», s’est défendu Claude Guéant parlant, devant ses pairs de «malentendus qu’il fallait dissiper».

Rejet des positions dures

Ceci étant, le conseil va travailler à préciser les critères de ce recours. «Nous devons éviter les décisions non coordonnées», a insisté la Commissaire en charge de l’Immigration Cecilia Malmström, provoquant une pointe d’inquiétude chez la ministre suisse Simonetta Sommaruga: «On ne va pas accepter que l’Union Européenne ou la Commission décide qui protège ses propres frontières».

Les ministres reprendront leur travaux début juin, à charge pour les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE d’adopter la réforme à la fin du mois. Le Parlement européen aura son mot à dire. Ses ténors ont prévenu qu’ils s’opposeront à toute mesure minant les accords de Schengen.

Même le chef des conservateurs, le français Joseph Daul, a pris ses distances avec les positions dures: «A la vague d’immigrés qui gagnent nos côtes dans des conditions précaires, qui meurent en mer, nos pays réagissent par les fermetures de frontières. Tout cela est-il digne de l’Europe, de ses valeurs, de ses idéaux? Je ne le crois pas».

La Suisse envisage d’accueillir 10 à 20 réfugiés originaires d’Afrique du Nord, a annoncé Simonetta Sommaruga à Bruxelles.

Ces migrants font partie d’un groupe de quelque 1000 personnes nécessitant protection qui ont cherché refuge à Malte après avoir fui les troubles dans leur pays. Un geste de solidarité envers Malte, selon la Ministre.

Modifications du traité. A l’occasion du 29ème sommet franco-italien, le 26 avril à Rome, Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi se sont déclarés favorables à «des modifications» au traité de libre circulation de Schengen.

Réfugiés Tunisiens. Cette volonté de modifier le traité, pour pouvoir rétablir, dans certains cas, des contrôles aux frontières nationales, fait suite à l’arrivée massive de migrants Tunisiens sur les côtes italiennes. Et à un différent entre Rome et Paris, dû au fait que l’Italie a octroyé des permis de séjour de six mois aux plus de 20’000 Tunisiens qui ont débarqués dans le pays, via l’île de Lampedusa, depuis janvier, et qui partent ensuite en majorité vers la France.

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