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Les partis du centre tirent leur épingle du jeu

Pour une majorité de Suisses, l'immigration reste le problème numéro un. Reuters

Si les élections fédérales avaient lieu aujourd’hui, le petit Parti bourgeois démocratique (PBD) ferait figure de grand vainqueur. Un sondage, qui intervient en milieu de législature, montre par ailleurs que les Suisses continuent à privilégier la stabilité politique.

Le sondage réalisé par l’Institut gfs.bern pour le compte du diffuseur national SRG SSR indique que le PBD gagnerait 2,3% par rapport à son score des élections fédérales 2011. Le petit parti de centre-droite, formation de la ministre Eveline Widmer-Schlumpf, représenterait ainsi 7,5% de l’électorat suisse.

Il pourrait profiter des électeurs mécontents de trois partis plus importants: l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice), le Parti libéral-radical (PLR / droite) et le Parti socialiste (PS). Ce score lui permettrait de combler l’écart qui le sépare du Parti écologique suisse (PES / gauche). Selon le sondage, les Verts atteindraient en effet 8,4%.

Le nouveau centre, qui englobe également le Parti démocrate-chrétien (PDC) et les Verts libéraux (VL), continue à gagner du terrain depuis 2011, relève le sondage. «Le nouveau centre politique qui a émergé lors des dernières élections a consolidé sa position. La polarisation gauche-droite continue, mais son apogée est terminée», déclare le politologue Claude Longchamp, responsable de l’Institut gfs.bern.

L’UDC resterait la principale formation du pays, avec un peu moins de 26% des voix, devant le PS et le PDC (pour plus de détails, voir graphique). Toutefois, les chercheurs n’y voient pas de signes d’une plus grande polarisation, ni même d’un glissement vers la droite.

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L’immigration, un souci

Dans leur baromètre électoral, les chercheurs de l’institut se penchent également sur les préoccupations des Suisses. Une fois de plus, l’immigration arrive en tête de liste.

«Ce n’est guère une surprise, car c’est un thème récurrent en Suisse, devant les questions environnementales, la sécurité sociale ou le chômage», rappelle Martina Imfeld, politologue auprès de gfs.bern.

Un nombre important de personnes ayant répondu au sondage souhaitent une plus grande coopération entre les différents partis pour résoudre les problèmes politiques. Mais les différentes formations ont leur spécialisation.

Les sondés considèrent que c’est l’UDC qui est la plus compétente pour les thèmes liés à l’immigration, les socialistes pour la sécurité sociale et les Verts pour les questions environnementales.

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Le Parlement suisse

Ce contenu a été publié sur Les hommes dominent toujours au Conseil National et au Conseil des Etats. (alle Bilder Keystone)

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Le gouvernement reste crédible

Presque deux citoyens sur trois font confiance au gouvernement, alors que 14% – principalement des partisans de l’UDC – n’approuvent pas sa politique.

«La crédibilité du gouvernement reste intacte, note Martina Imfeld. Aucun des ministres ne fait un mauvais score.»

Dans le détail, la ministre de l’Environnement, des Transports, de l’Énergie et de la Communication Doris Leuthard jouit du plus grand soutien, devant les deux autres femmes du gouvernement: la ministre des Finances Eveline Widmer-Schlumpf et la ministre de Justice et Police Simonetta Sommaruga.

Enfin, la majorité des personnes interrogées approuve la répartition politique actuelle des sièges gouvernementaux avec deux socialistes, deux libéraux-radicaux, un démocrate-chrétien, un UDC et un PBD.

Le sondage se base sur des interview téléphoniques. 2014 personnes issues de toutes les régions linguistiques du pays ont été interrogées entre le 30 août et le 13 septembre.

Les Suisses résidant à l’étranger ne sont pas pris en compte pour des raisons liées à la protection des données.

La marge d’erreur du sondage est de plus ou moins 2,2%.

Jeunes électeurs

Le sondage identifie aussi un manque d’intérêt de la part des jeunes citoyens. «Nos recherches montrent un résultat spectaculaire. Deux tiers des personnes qui indiquent vouloir participer aux élections ont plus de 65 ans, tandis que parmi les moins de 40 ans, un quart seulement se dit intéressé», explique Claude Longchamp.

Ce dernier fait remarquer que la jeune génération n’utilise plus des canaux d’information traditionnels et se retrouve donc inévitablement coupée du débat politique.

«Un large débat sur ce phénomène serait bienvenu, à la manière des discussions menées dans les années 1990 quant à de possibles mesures pour encourager la participation des femmes aux élections», conclut le politologue.

L’enjeu des prochaines élections fédérales portera surtout sur le soutien apporté aux bourgeois démocrates et donc au sort de leur ministre Eveline Widmer-Schlumpf, selon les sondeurs. Mais les élections 2015 devraient avoir un impact majeur sur les démocrates-chrétiens qui semblent devoir continuer à perdre du terrain. Cependant, si ceux-ci parviennent à formaliser leur coopération avec les bourgeois démocrates, ils pourraient devenir le deuxième groupe du Parlement en terme d’importance.

Plusieurs autres études ont été publiées à l’occasion de la mi-mandat.

Le politologue Michael Hermann note que les grands partis cherchent de plus en plus des alliances avec des partis se trouvant à l’opposé du spectre politique pour faire passer leurs propositions au Parlement. Les démocrates-chrétiens et les Verts libéraux sont ceux qui réussissent le mieux à nouer des alliances temporaires.

Une étude du réseau de recherche en politique Politools indique que l’UDC est restée isolée au Parlement, tandis que le centre-droit cherche de plus en plus souvent du soutien à gauche.

L’organisation Vimentis a également publié un rapport. Elle note que le PBD, les Verts libéraux et l’UDC sont les partis qui ont connu le plus de succès en 2012.

(Traduction de l’anglais: Olivier Pauchard)

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