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La course pour le Gripen reste indécise

La Suisse romande ne veut pas du Gripen. EQ Images

L’issue du référendum sur l'achat de nouveaux avions de combat pour l'armée suisse reste ouverte. L'ancrage d'un salaire minimum dans la Constitution est rejetée. Aujourd’hui en tout cas. C’est ce qu’indique le deuxième sondage de l'institut de recherche gfs.bern en perspective de la votation du 18 mai.

Si le scrutin avait eu lieu au début du mois, 51% des citoyens se seraient exprimés contre l’achat de 22 jets de type Gripen et seulement 44% pour. Mais la course reste ouverte et, ce, pour différentes raisons.

Au cours des quatre dernières semaines, le nombre de partisans du chasseur suédois a augmenté de 2 points. Celui des adversaires a diminué d’environ un point. Avec seulement 5% de personnes qui ont l’intention de voter, mais qui n’ont pas encore fait leur choix, il est encore difficile de prévoir le résultat. Les 51% représentent certes un léger avantage pour les opposants, mais la marge d’erreur du sondage atteint 3%, de plus ou de moins. «L’issue est ouverte, la majorité n’est pas garantie», commente Claude Longchamp, auteur du sondage de gfs.bern.

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Le «oui» progresse au centre

La ligne de front entre partisans et adversaires de l’achat de l’avion de combat suit, comme généralement les thèmes liés aux affaires militaires, le schéma gauche-droite. Le camp de la gauche et des Verts exprime un «non» assez ferme. Les électeurs de l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) disent «oui» à une forte majorité. Ces dernières semaines, le projet a vu ses partisans augmenter au sein des partis traditionnels du centre, et donc du Parti libéral-radical (PLR) et du Parti démocrate-chrétien (PDC). Les derniers chiffres donnent 66% au PLR et 58% au PDC, contre respectivement 49 et 47% il y a un mois. Le «oui» fait un grand bond en avant dans les associations favorables à l’armée.

La Suisse romande ne veut pas du Gripen

«Nous constatons de nettes disparités entre la Suisse francophone et la Suisse germanophone, entre la ville et la campagne, entre les jeunes et les vieux et entre hommes et femmes», relève Claude Longchamp. En outre, il est frappant de voir que les classes à hauts revenus s’expriment plutôt contre le Gripen.

Pendant qu’en Suisse alémanique l’issue du vote reste incertaine, les dés semblent être jetés en Suisse romande. Seulement 29% des Romands sont favorables à l’achat de l’avion de combat, soit un peu moins qu’il y a quatre semaines. Dans le canton du Tessin, 43% répondent favorablement, chiffre qui a notablement augmenté. Mais le camp du «non» reste plus important. Les campagnes, elles, plaident pour le «oui» et les grandes agglomérations pour le contraire. Enfin, 52% des hommes interrogés voteront pour. Seulement 37% des femmes sont en faveur de cet achat.

Pour ce sondage, l’institut gfs.bern a interrogé par téléphone un échantillon représentatif de 1’413  personnes ayant le droit de vote entre le 25 avril et le 3 mai.

Pour des raisons liées à la protection des données, les autorités ne mettent pas à disposition des sondeurs les adresses de Suisses résidant à l’étranger.

La marge d’erreur du sondage est de +/- 3%.

Salaire minimum: refus en vue

Par contre, un large consensus se dessine nettement contre l’introduction d’un salaire minimum de 4000 francs. Selon le sondage actuel, 64% des personnes interrogées ont l’intention de refuser l’initiative populaire, contre 30%. Au cours du dernier mois, les adversaires ont progressé de près de 12%. Tout cela annonce un net rejet le 18 mai, selon Martina Imfeld, chercheuse de gfs.bern.

Le refus est clair non seulement en Suisse allemande, mais aussi en Suisse latine. Là, les bénéficiaires potentiels de l’initiative eux-mêmes, soit la population dont le revenu est inférieur à 4000 francs par mois, disent vouloir refuser le texte.

De bonnes chances pour l’initiative contre la pédophilie

L’initiative qui exige une interdiction de travailler avec des enfants pour les pédophiles condamnés a perdu du terrain. Le nombre de ses partisans a diminué de près de 15 points depuis le dernier sondage. «C’est massif. Ici, les choses ont beaucoup bougé», analyse Claude Longchamp. Pourtant, avec 59%, les partisans du texte ont encore une bonne avance. «Beaucoup d’éléments nous indiquent que c’est suffisant», pour Martina Imfeld, mais le résultat final n’est pas encore assuré.

Quant au quatrième thème en lice, l’article constitutionnel sur les soins médicaux de base qui promeut la médecine de famille, il remporte une approbation significative, avec 71% des intentions de vote, pour Claude Longchamp. Le texte, rejeté par la seule UDC, est cependant soutenu par environ 70% des électeurs de cette dernière.

Ces quatre thèmes sont très différents les uns des autres, ce qui devrait, selon gfs.bern, occasionner un taux de participation extraordinairement élevé de plus de 50%.

(Traduction de l’allemand: Isabelle Eichenberger)

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