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Le premier voyage mène – théoriquement – chez le voisin

Le nouveau président autrichien Alexander Van der Bellen est en visite en Suisse. AFP

Ce sont de petits pays, à la topographie semblable, poids légers sur la scène mondiale et ils se réclament tous deux - plus ou moins - de leur neutralité. En voisins, la Suisse et l’Autriche entretiennent des relations fondamentalement amicales. Et partagent une tradition sur laquelle on insiste beaucoup, même si elle n’est pas toujours respectée.

Doris Leuthard, présidente de la Confédération pour 2017, reçoit aujourd’hui à Berne son nouvel homologue autrichien Alexander Van der Bellen avec les honneurs militaires. Durant cette visite officielle en Suisse, le président autrichien est accompagné de son ministre des Affaires étrangères Sebastian Kurz.

Une relation au beau fixe entre Berne et Vienne 

Alexander Van der Bellen et Doris Leuthard ont tout deux loué des relations «de pleine confiance» entre Berne et Vienne. 

Dans un monde de plus en plus marqué par l’instabilité et les guerres, un échange de vues entre deux «pays stables et neutres» comme la Suisse et l’Autriche est une aubaine, a déclaré la présidente de la Confédération aux journalistes présents à Berne. «Les relations bilatérales sont au beau fixe», a-t-elle ajouté. «Nous souhaiterions avoir le même genre de relation avec les autres pays voisins qu’avec la Suisse», a surenchéri Alexander Van der Bellen. 

Outre les relations bilatérales, les deux présidents ont évoqué la situation politique actuelle après la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne (Brexit), la crise migratoire en Europe et l’action de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), dont la présidence est assurée par l’Autriche.

Cette visite à Berne sera la première rencontre bilatérale du nouveau président autrichien, annonce le Ministère suisse des Affaires étrangères. La coutume de la première visite, «expression des relationsLien externe traditionnellement excellentes entre les deux pays», sera ainsi respectée.

Une coutume que la Suisse n’entretient qu’avec son voisin de l’est, et qui remonte à 1946. Le chancelier autrichien d’alors Leopold Figl avait choisi Berne comme destination pour son premier voyage à l’étranger. Ceci en signe de reconnaissance pour l’aide généreuse apportée par la Suisse à son pays après la guerre.

Durant l’après-guerre, les relations entre les deux pays ont été particulièrement «étroites et amicales», comme le rappelle Sacha Zala, directeur des Documents Diplomatiques Suisses (dodis.chLien externe) et professeur d’histoire à l’Université de Berne. Dans le contexte de la guerre froide, ces relations étaient devenues politiquement sans risques du fait de leur position de «petits pays neutralisés» entre les deux blocs.

Le mythe qui voudrait que l’Autriche ait été la première victime de la politique d’agression des nazis a permis d’éluder les questions liées à la guerre, explique l’historien. D’un autre côté, la Suisse neutre était confrontée à des critiques massives après la fin de la guerre et se trouvait isolée sur la scène internationale. «Les deux voisins ont donc découvert l’avantage mutuel qu’il y avait à bien s’entendre».

La tradition de la première visite s’est donc perpétrée après 1946, avec quelques éclipses. Elle ne s’est d’ailleurs que rarement tenue au niveau des présidents, comme le fait remarquer Florian Keller, directeur du Centre européen de la Haute Ecole de Sciences appliquées de Zurich. En fait, sa signification est plutôt symbolique et amicale. Elle porte par ailleurs uniquement sur les relations bilatérales des deux pays, et non sur les dossiers multilatéraux.

Et dans les faits, Alexander Van der Bellen s’est d’abord rendu à Bruxelles en début de semaine, où il a eu des discussions avec plusieurs représentants de l’UE. L’Autriche est entrée dans l’Union en 1994. Dès lors, les deux voisins ont suivi des chemins différents en Europe. La politique de neutralité, que l’Autriche avait adoptée en 1955, a perdu en importance. Or elle constituait une base commune des relations bilatérales avec la Suisse. Les deux pays ont aussi été en compétition, comme le rappelle l’historien Sacha Zala. Particulièrement sur la question du siège d’organisations internationales, pour lequel Vienne est entrée en rivalité avec Genève – au grand dam de la Suisse.

La Suisse comme modèle

L’ancien leader des Verts Alexander Van der Bellen n’a prêté serment comme président de la république autrichienne qu’à fin janvier. Durant la lutte électorale de plusieurs mois qui l’a opposé au chef du parti populiste de droite FPÖ Norbert Hofer, le nouveau président s’est dit fan de la Suisse. Pour lui, l’avenir du vieux continent est dans une confédération européenneLien externe, sur le modèle de la Confédération helvétique.

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(Traduction de l’allemand: Marc-André Miserez)

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