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Une visite qui donne de la visibilité à l’Azerbaïdjan

L'ambassadeur Elchin Amirbayov apprécie l'intérêt croissant de la Suisse pour son pays. swissinfo.ch

Le président de l'Azerbaïdjan Ilham Aliyev est arrivé lundi en Suisse pour une visite officielle. L'ambassadeur d'Azerbaïdjan en Suisse Elchin Amirbayov explique à swissinfo.ch que cette visite est une bonne opportunité de faire mieux connaître son pays.

La culture servira de vecteur à cette découverte. C’est ainsi qu’en compagnie de son homologue suisse Hans-Rudolf Merz, le président Aliyev participera à un concert qui inaugurera une série d’évènements culturels azerbaïdjanais tenus un peu partout en Suisse durant ces six prochaines semaines.

Mais les relations entre les deux pays ne se limitent pas aux questions culturelles, comme l’explique à swissinfo.ch l’ambassadeur d’Azerbaïdjan.

swissinfo.ch: Quelles sont les questions ayant un intérêt particulier pour les deux pays?

Elchin Amirbayov: Je pense que la Suisse a tout intérêt à avoir l’Azerbaïdjan comme partenaire principal en termes de collaboration énergétique.

La question politique a aussi son importance grâce au rôle que la Suisse a joué récemment dans le Sud-Caucase en reprenant la représentation diplomatique entre la Géorgie et la Russie, ainsi qu’en essayant de jouer un rôle plus actif dans le rapprochement entre la Turquie et l’Arménie. La Suisse porte aussi une attention particulière aux conflits actuels dans cette région du Sud-Caucase, y compris le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie.

Dans un champ d’activité plus large, la Suisse est un des pays les plus importants pour l’Azerbaïdjan en termes d’investissements économiques directs non-liés au domaine de l’énergie.

swissinfo.ch: L’amélioration des relations entre la Turquie et l’Arménie vous préoccupent-elles?

E.A. Je ne dirais pas que nous sommes préoccupés par le rapprochement des deux pays, car nous sommes satisfaits de voir une certaine stabilité s’installer dans la région. Il est toutefois important pour nous que cette relation bilatérale ne soit pas sortie du contexte de la région entière.

Un des problèmes principaux auxquels nous devons nous attaquer dans la région en termes de sécurité, c’est le problème de l’occupation par l’Arménie d’environ 20% du territoire de l’Azerbaïdjan reconnu internationalement [Nagorny-Karabakh].

swissinfo.ch: La Suisse peut-elle être un modèle de gouvernement pour l’Azerbaïdjan?

E.A. La Suisse a une longue tradition de démocratie. La nôtre ne date que de 1991, après l’effondrement de l’Union soviétique. Si on prend en compte le fait qu’immédiatement après nous avons été accablés par de nombreux problèmes non-résolus, comme l’occupation du territoire, le conflit du Nagorny-Karabakh, on comprend vite que la priorité a été portée sur la question de la sécurité et de notre existence.

Depuis que nous sommes membres du Conseil de l’Europe en 2001, un long chemin a été parcouru en essayant d’établir les bases d’une réforme politique, afin d’ouvrir le pays et de construire les fondements d’une société civile aux normes et aux principes démocratiques. Il est évident que le modèle de la Suisse, qui a plusieurs siècles d’expériences dans ce domaine, nous est utile.

Mais pour un bon nombre de questions d’importance internationale, comme par exemple le changement climatique, les économies d’énergie, les questions de sécurité dans la région, je pense que les parlementaires suisses devraient venir chez nous, s’ils sont concernés par les énormes défis auxquels l’Europe doit faire face.

swissinfo.ch: Pensez-vous pouvoir atteindre votre but, à savoir que le peuple suisse apprenne à connaître l’Azerbaïdjan?

E.A. Nous sommes à Berne depuis 2005 seulement. Et nous constatons qu’après quatre ans, quelques personnes au moins savent prononcer le nom de notre pays! Il y a pas mal de passants qui regardent le drapeau et qui frappent à la porte pour demander où se trouve ce pays. Le fait d’avoir eu l’opportunité d’organiser un certain nombre d’évènements culturels signifie que les gens ont la possibilité de se faire une idée par eux-mêmes du genre de pays que nous sommes.

swissinfo.ch: Le Président Aliyev a-t-il peur de devoir répondre à des questions sur les droits de l’homme en Azerbaïdjan?

E.A. Je ne vois pas pourquoi il devrait être inquiet. Il a déjà fait beaucoup, en tant que membre de la délégation de l’Azerbaïdjan à l’assemblée parlementaire au Conseil de l’Europe et en tant que chef d’Etat, en essayant de rapprocher l’Azerbaïdjan de la famille des nations européennes.

Nous sommes très impliqués dans les réformes démocratiques et la question des droits de l’homme. Nous le faisons à notre rythme certes, mais le processus va s’accélérer une fois que nous aurons résolu le problème principal nous concernant, c’est-à-dire l’occupation d’une partie de notre territoire par un autre Etat.

swissinfo.ch: Qu’en est-il du cas des «donkey-bloggers»?

E.A.: Un procès est en cours. Il y a un point de vue défendu par certaines instances, mais il y a un autre point de vue défendu par ceux qui prétendent qu’ils ont violé la loi. Pendant que le jugement n’est pas rendu, il est difficile pour moi de faire des commentaires. Tout le monde peut suivre ce procès et j’espère qu’on arrivera bientôt à une décision et que nous pourrons passer à autre chose.

Je pense que lorsqu’on veut parler des relations bilatérales entre la Suisse et l’Azerbaïdjan, il y a bien des questions plus importantes à débattre. La question du respect et de la défense des libertés et des droits de l’homme est toujours à l’ordre du jour, pas uniquement entre nous et d’autres pays. C’est un problème interne pour lequel l’Azerbaïdjan et le Président Aliyev lui-même s’engagent très sérieusement.

Julia Slater, swissinfo.ch
(Traduction de l’anglais: Philippe Varrin)

La Suisse reconnaît officiellement l’Azerbaïdjan en décembre 1991, peu après son indépendance.

La Suisse a ouvert une représentation à Bakou en 2001 et une ambassade en 2007.

L’actuel ambassadeur de l’Azerbaïdjan en Suisse est arrivé en 2004. L’ambassade était à Genève. Une ambassade a été ouverte à Berne en 2005.

Pascal Couchepin s’est rendu en Azerbaïdjan en 2008 en tant que président. Ilham Aliyev lui rend sa visite.

Les parlements des deux pays ont des relations amicales, et de nombreux échanges de visites ont déjà eu lieu.

La compagnie suisse EGL mène le projet de pipeline trans-adriatique qui doit être construit entre la Grèce et l’Italie, afin de transporter le pétrole depuis la mer Caspienne.

Le géant suisse du ciment, Holcim, au travers de sa société Garadagh Cement, est actif en Azerbaïdjan depuis 1999. D’autres investissements sont prévus en réponse à l’explosion de la construction dans ce pays.

La société Suisse ABB est une autre entreprise suisse majeure travaillant en Azerbaïdjan, active dans la construction de systèmes électriques pour l’industrie.

Deux jeunes activistes, Emin Milli et Adnan Hajizade, sont détenus pour vandalisme depuis juillet 2009.

Ils prétendent avoir été agressés dans un restaurant, mais lorsqu’ils portent plainte à la police, ils sont eux-mêmes arrêtés.

Le procès ouvert aux medias a débuté en septembre. Un procès vivement critiqué sur la scène internationale.

Leur surnom provient d’une vidéo satirique qu’ils ont placée sur internet montrant un singe donnant une conférence de presse.

Les autorités prétendent que les charges ne sont pas en relation avec leur opposition au gouvernement.

L’Azerbaïdjan est une des trois anciennes républiques soviétiques du Sud-Caucase.

L’Azerbaïdjan a obtenu son indépendance en 1991.

Une situation instable dans l’enclave sud-ouest du Nagorny-Karabakh, avec une population à majorité arménienne s’est transformée en guerre en 1992, aboutissant à une séparation de facto en 1994. Plus d’un million de personnes ont dû fuir. La plupart des gens fuyant le Nagorny-Karabakh étaient des Azéris, mais beaucoup d’Arméniens ont aussi fui l’Azerbaïdjan.

L’Azerbaïdjan a une population de 8.832.000 habitants; la capitale et plus grande ville est Bakou.

Son industrie pétrolière date du début du 19ème siècle.

Le Président Aliyev est en fonction depuis 2003, succédant à son père, Heydar Aliyev.

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