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Une visite qui scelle un regain d’amitié

Keystone

La visite d'Etat de Dimitri Medvedev s'est déroulée tambour battant lundi dans une capitale fédérale transformée en camp retranché. Le président russe a ensuite rencontré le gouvernement in corpore. Avec à la clef, la signature de quatre accords de coopération.

Tapis rouge, musique et honneurs militaires, la première visite jamais effectuée par un chef d’Etat russe dans la Confédération était réglée comme du papier à musique, lundi matin à l’aéroport de Zurich Kloten.

L’avion atterrit et le président russe et son épouse Svetlana descendent. Poignées de mains avec le président de la Confédération Hans-Rudolf Merz, la ministre des Affaires étrangères Micheline-Calmy Rey, la chancelière Corina Casanova, la présidente du canton de Zurich Regine Aeppli et d’autres officiels.

Une pose pour la photo et tout le monde s’engouffre dans des limousines en direction de Kehrsatz, dans la banlieue bernoise, pour la rencontre avec le Conseil fédéral in corpore.

Dmitri Medvedev s’est félicité dès son arrivée du soutien de Berne à son projet de sécurité en Europe. «Nous apprécions fortement que nos collègues suisses aient positivement évalué notre idée d’élaboration d’un accord de sécurité européen», a-t-il souligné.

La question du Caucase était également au programme ainsi que «le mandat de puissance protectrice» confié à la Suisse qui joue le rôle de médiateur entre la Russie et la Géorgie, a indiqué de son côté le président Hans-Rudolf Merz.

Quant à M. Medvedev, il a notamment dit ne pas douter que Berne et Moscou parlent «le même langage (…) sur nombre de sujets», d’autant que M. Merz manie le russe parfaitement.

Haute sécurité à Berne

Centre ville bloqué, tireurs d’élite embusqués sur les toits et les balcons, véhicules et personnes contrôlées, programme révélé à la dernière minute aux médias: la visite du président russe a été placée sous haute sécurité, avec un degré quasi maximum d’alerte.

Le Palais fédéral était entouré de barrières, de blocs de béton, de chiens et de véhicules blindés. Un hélicoptère de l’armée sillonnait le ciel au-dessus de la ville fédérale.

Plusieurs centaines de curieux venus assister aux honneurs militaires qui avaient été annoncés sur la Place fédérale, comme toujours en ces circonstances, auront été déçus.

Outre les drapeaux des 26 cantons, ils n’ont pu entrapercevoir, peu après 15 heures, qu’une colonne de limousines sombres encadrées par les motards de la police pour parcourir quelques centaines de mètres vers l’hôtel Bellevue.

Les hôtes de marque se trouvaient déjà au «Bernerhof», à l’autre extrémité du Palais fédéral où devaient se dérouler les entretiens entre les deux délégations.

Quatre accords

La ministre de la justice Eveline Widmer-Schlumpf a signé avec la Russie un accord de réadmission et un accord sur les visas, selon le Département fédéral de justice et police (DFJP). Avec le premier, la Suisse espère simplifier la réglementation du retour des personnes tenues de quitter le territoire.

Le second permettra aux ressortissants suisses et russes d’obtenir plus facilement un visa de courte durée. Cet accord garantit une certaine uniformité de la politique des visas au sein de l’Espace Schengen.

Un troisième accord a été conclu entre la Direction du développement et de la coopération (DDC) et le Ministère russe des situations d’urgence (EMERCOM), donnant une assise légale plus solide aux projets déployés par la DDC en Fédération de Russie, a précisé le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

Enfin, le quatrième accord consiste en un mémorandum portant sur la promotion du sport d’élite, la lutte contre le dopage, les sciences et la médecine du sport ainsi que l’organisation de grands événements sportifs.

Les discussions ont aussi porté sur la possible signature d’un accord de libre-échange dans le futur.

Appel au G20

Concernant les turbulences de la finance internationale, M. Medvedev a assuré que la présence de la Suisse dans les instances internationales discutant des mesures à prendre devait être soutenue en raison de l’importance de sa place financière.

Lors d’une conférence face aux médias, il a annoncé qu’il allait demander au G-20, qui se réunit cette semaine à Pittsburgh aux Etats-Unis, de trouver un accord «plus rapide» sur la réforme financière internationale.

«Nous avons fait des progrès dans certains domaines, mais je veux souligner que nous n’avons pas d’accord sur un certain nombre de questions», comme la comptabilité et les audits, a insisté le chef de l’Etat russe.

Au deuxième jour de la visite d’Etat, le Président de la Confédération conduira son hôte mardi en Suisse centrale, où figureront notamment au programme des étapes liées à l’histoire de la Suisse et de la Russie.

swissinfo.ch et les agences

SPM. Sept membres de la Société pour les peuples menacés (SPM) ont manifesté lundi à Berne avant la venue du président russe.

Tchétchénie. Vêtus de noir, ils ont dénoncé les violations des droits de l’Homme en Tchétchénie, notamment avec des pancartes adressées à Dimitri Medvedev.

Politkoskaïa. Les militants ont rappelé les morts de la militante des droits de l’Homme Natalia Estemirova et de la journaliste Anna Politkoskaïa.

Au 18e siècle , les deux pays entretenaient d’intenses relations. Des écrivains, des artistes et des scientifiques visitaient la Suisse, alors que des citoyens helvétiques émigraient vers la Russie.

Plusieurs monuments et édifices, dessinés par des architectes suisses, témoignent du passage de ces migrants en Russie.

Au 19e siècle, la Russie fait partie des grandes puissances mondiales qui garantissent la neutralité suisse. Au début du 20e, artistes, étudiants et dissidents russes, dont Lénine, séjournèrent en Suisse.

Les remous de la Révolution entraîneront également l’interruption des relations diplomatiques en 1923 entre les deux Etats, pour ne reprendre qu’en 1946.

A la fin de la Guerre froide, les relations politiques, économiques, scientifiques et culturelles se sont rapidement intensifiées.

La Russie est devenue un partenaire commercial important et la Suisse fait partie des grands investisseurs au sein de la Fédération de Russie.

La Russie est le seul membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU avec lequel la Suisse échange des visites d’Etat ministérielles annuelles.

Depuis 10 ans, la Suisse apporte sa contribution financière et technique et offre aussi de l’aide humanitaire, en particulier dans le Sud-Caucase.

Depuis 2009, la Suisse représente les intérêts de Moscou en Géorgie, de même que les intérêts de la Géorgie en Russie.

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