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Les Yéménites toujours menacés de famine, de maladies et de mort

Enfants des rues
Enfants livrés à eux-même au bord d'une route aux abords d'Hodeïda en février dernier. Copyright 2018 The Associated Press. All rights reserved.

Alors que l’ONU lance de nouveaux pourparlers de paix pour le Yémen, le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) rappelle l’urgence d’un arrêt des combats et d’un accès sans entrave de l’aide humanitaire dans une région où 80% de la population est dans un besoin plus ou moins aigu de soins et de nourriture.

«Après une accalmie à la fin de la semaine dernière, les combats se sont intensifiés ces deux derniers jours. Ce matin, un calme relatif prévaut autour de Hodeïda, témoigne mercredi depuis Sanaa Mirella Hodeib, porte-parole de la délégation du CICR au YémenLien externe. Si la ville de Hodeïda est encerclée par les combats, le port lui-même n’est pas encore touché. L’aide humanitaire peut donc encore être acheminée, malgré les nombreuses difficultés.»

Environ 70% de l’aide humanitaire passe par ce port stratégique sur la Mer Rouge, situé à plus de 200 kilomètres à l’est de Sanaa, la très partielle capitale d’un pays éclaté par une guerre qui s’est intensifiée depuis 2015.

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Pays pauvre de la riche péninsule arabique avant-guerre, le Yémen voit aujourd’hui près de 80% de ses 28 millions d’habitants en manque plus ou moins aigu de nourriture et de soins de base. «Nombre de familles (10-15 personnes) ne prennent qu’un repas par jour. Dans certains cas, le repas consiste en une miche de pain. Les maladies resurgissent, faute depuis plusieurs années de campagnes de vaccination. Et dans beaucoup de familles, il faut choisir entre acheter un médicament ou de la nourriture», raconte Mirella Hodeib.

Les enfants en première ligne

Une situation que résume brutalement l’ONG Save The Children ce mardi. Quelque 85’000 enfants seraient morts de faim ou de maladie depuis le début du conflit. «Pour chaque enfant tué par des bombes et des balles, des dizaines meurent de faim», souligne dans un communiqué Lien externeTamer Kirolos, responsable de l’ONG pour le Yémen.

Le CICRLien externe salue la reprise des efforts de paix par l’ONU, dont l’émissaire Martin GriffithsLien externe est arrivé ce mardi à Sanaa. «Tout ce qui peut favoriser une désescalade, un cessez-le-feu est bienvenu. Tout ce qui peut freiner l’aggravation de la situation humanitaire aussi», souligne Mirella Hodeib.

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Un conflit toujours plus complexe

Tout en relevant une nouvelle configuration diplomatique liée à l’affaire Khashoggi, l’historienne Samah Mohamed donne quelques raisons de douter de ce nouvel effort de paix. Analysant les tenants et aboutissantsLien externe d’une révolution yéménite lancée dans la foulée des soulèvements arabes de 2011, Samah Mohamed détaille la complexité croissante d’une guerre où «l’intervention des acteurs régionaux et internationaux n’aura que très peu modifié les lignes sur le champ de bataille (mais) entraîné une crise humanitaire sans précédent (et) des crimes de guerre perpétrés par tous les acteurs du conflit».

Rappelant l’échec des précédents pourparlers de paix au Koweït et en Suisse, la chercheuse de l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAMLien externe) avertit: «Pour l’heure, seuls les acteurs locaux sont invités à participer aux pourparlers de l’ONU (…) Ils sont pourtant loin d’être les seuls acteurs influents au niveau local (…) Il est illusoire d’élaborer un plan de paix sans prendre en considération la pluralité des acteurs du conflit yéménite et des enjeux locaux, régionaux et internationaux qui s’y superposent.»

Après l’échec de Genève

Analyste basé à Genève, Hasni AbidiLien externe  souligne, lui, l’importance de la nouvelle configuration: «Après l’échec de Genève, Martin Griffiths reprend du service à la demande de la Suède et avec le soutien des Etats-Unis. Il est à Sanaa pour s’assurer qu’une première réunion puisse se tenir en testant les dispositions des parties en présence. Et cette fois, il peut compter sur un ministre des affaires étrangères suédois particulièrement actif.»

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