Des perspectives suisses en 10 langues

Vers un pôle des droits humains à Genève

A Genève, la Place des Nations en chantier, à l'image du Conseil des droits de l'homme... swissinfo.ch

Suite à la création du Conseil des droits de l'homme, les ONG tiennent leurs états généraux pour préciser leur rôle face à ce nouvel organisme onusien.

De son coté, le ministère suisse des Affaires étrangères cherche à développer un pôle de compétence sur ce thème, qui réunirait aussi bien les ONG que les milieux académiques.

«La création de ce nouvel organe des Nations Unies est un immense défi pour la Suisse, pour Genève et pour les ONG», relève Daniel Bolomey, secrétaire général de la branche helvétique d’Amnesty International.

Un constat également formulé par Raphaël Saborit. «Ce succès renforce Genève comme capitale du droit international humanitaire et des droits humains, mais il aura aussi un coût pour la Suisse, pays hôte de ce futur conseil.»

«Il faudra également stimuler les synergies et la mise en réseau de toutes les compétences présentes à Genève», précise encore le responsable des relations avec la presse mondiale au sein du ministère suisse des Affaires étrangères.

Etats généraux

Une première pierre de ce vaste chantier est posée ce mercredi avec la tenue des états généraux des droits humains. Une initiative du Festival international du film sur les droits humains (FIFDH), qui s’est tenu la semaine dernière.

En guise de doléances, les ONG présentes à cette journée – comme l’Organisation mondiale contre la torture, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme, Amnesty International ou Human Rights Watch – veulent obtenir des garanties sur la participation de la société civile aux travaux du futur Conseil.

Mais ça n’est pas le seul sujet qui sera abordé mercredi. Avec trois sessions par année et une durée totale de 10 semaines, sans compter des réunions d’urgence pour faire face à des crises comme celle qu’a connue le Darfour (Soudan) l’année dernière, les ONG devront être présentes à Genève tout au long de l’année.

«Les grandes organisations ont les moyens d’assurer cette présence. Mais elle est hors de portée des petites ONG, en particulier celles du Sud», souligne Daniel Bolomey, d’Amnesty I nternational. Qui ajoute: «Des ONG comme la nôtre doivent s’impliquer pour permettre la pleine participation de ces petites organisations.»

Cela dit, Genève abrite déjà un grand nombre d’associations et de centres impliqués dans la protection des droits de l’homme.

La jungle des ONG

Si tout le monde tire officiellement à la même corde, certains de ces acteurs sont en fait en concurrence frontale. «Jusqu’aux années 80, il n’y avait pas de grands problèmes d’argent. Mais, à partir de la décennie suivante, les rivalités se sont accrues pour obtenir des fonds de plus en plus rares», rappelle Adrien-Claude Zoller.

Le directeur de ‘Genève pour les droits de l’homme’ (un centre de formation pour les ONG) pointe en particulier l’importance grandissante prise par les organisations humanitaires: «Les donateurs ont de plus en plus privilégié ces organisations au détriment des autres ONG de droits de l’homme.»

Et faute de moyens suffisants, plusieurs tentatives de fédérer ces différents acteurs ont échoué.

Eric Sottas, responsable de l’Organisation mondiale contre la torture, soulève quant à lui un autre problème, qui risque de s’accentuer si le Conseil des droits de l’homme tient toutes ses promesses. «Certains régimes hostiles aux droits humains suscitent la création d’ONG dont l’objectif premier est de parasiter la défense des opprimés et de noyauter les réunions d’ONG», dit-il.

swissinfo, Frédéric Burnand à Genève

– 155 Etats ont une mission permanente ou une représentation à Genève.

– Pratiquement toutes les missions établies à Genève disposent de spécialistes des droits humains.

– Genève est le siège du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (UNHCDH), du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), de la Fédération des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et de l’Organisation internationale du travail (OIT).

– Plusieurs instituts universitaires de Genève sont fortement orientés vers la problématique des droits humains (Institut universitaire de hautes études internationales IUHEI, Facultés de l’Université de Genève).

Les états généraux des ONG se tiennent le 22 mars à la Maison des associations.
Ils doivent déboucher sur un catalogue de revendications liées aux conditions de participations des ONG au futur Conseil des droits de l’homme.
Cette déclaration doit être présentée en fin de journée en présence de Louise Arbour, haut commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision