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Pots-de-vin du Kremlin: la justice genevoise débloque les comptes de Mercata

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Nouveau désaveu pour les enquêteurs genevois. La Chambre d´accusation aurait ordonné le déblocage des comptes de la société tessinoise Mercata qui est soupçonnée d´avoir versé des pots-de-vin à des proches de l´ancien président russe Boris Eltsine.

Coup de théâtre. En deux jours, le juge genevois Daniel Devaud pourrait avoir encaissé deux échecs consécutifs. C’est d’abord le Parquet russe qui a refermé «pour absence de délit» le dossier de la société tessinoise Mabetex, soupçonnée d’avoir versé des millions à des proches de la famille Eltsine en contrepartie de contrats de rénovation du Kremlin. Moscou a estimé que les documents envoyés par le magistrat ne permettaient pas de poursuivre l’enquête.

Maintenant, c’est la Chambre d’accusation de Genève qui aurait ordonné la levée du blocage des comptes en Suisse que détient Mercata, une autre entreprise tessinoise soupçonnée des mêmes faits par le juge Devaud. Les montants en cause seraient d’environ 60 millions de dollars.

Selon l’avocat de la société, Lucio Amoruso, ce déblocage concerne non seulement les comptes de Mercata, mais aussi les avoirs personnels de son patron, Victor Stolpovskikh.

Ce rebondissement n’est que le dernier épisode d’un long feuilleton qui met aux prises le magistrat genevois à la société tessinoise depuis plus d’un an. En septembre dernier, la Chambre d’accusation avait ordonné la libération des comptes, mais le juge avait immédiatement répliqué en les rebloquant.

Il estimait que sa décision avait été annulée pour des motifs de pure forme et il avait donc réitéré son ordre de blocage en fonction des desiderata de la Chambre. Par ailleurs, il aurait disposé de nouveaux éléments qui motivaient cette démarche.

Une version totalement contestée par Me Amoruso qui considère que le dossier est vide. En Russie, la justice n’a rien à reprocher, ni à Mercata, ni à son patron Victor Stolpovskikh.

Fin novembre, Lucio Amoruso a donc demandé à la Chambre d’accusation de lever ce blocage. Selon l’avocat, celle-ci vient de lui donner raison dans une ordonnance de 17 pages. La Chambre estimerait qu’à ce stade, il n’y a que des soupçons mais pas d’indices suffisants pour justifier cette mesure.

Reste à savoir comment réagira le juge Devaud. Celui-ci attend de prendre connaissance en détail de l’ordonnance avant de se prononcer. Il n’est pas impossible que les considérants de la Chambre d’accusation réservent quelques surprises.

Pour l’heure, Victor Stolpovskikh reste sous le coup d’un mandat d’arrêt international lancé par le magistrat.

Luigino Canal

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