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Pour le Vatican, l’affaire du caporal Tornay est classée

Selon la version officielle du Vatican, le jeune garde Cédric Tornay s'est suicidé. Keystone Archive

Des ténors du barreau parisien demandent la réouverture de l'enquête sur les conditions de la mort d'un garde suisse en 1998. Le Vatican s' y oppose.

Maîtres Jacques Vergès et Luc Brosselet ont déposé une requête auprès du Pape Jean-Paul II, souverain et magistrat suprême de l’Etat du Vatican.

Quatre ans après le double meurtre du commandant de la Garde suisse Alois Estermann et de sa femme, les avocats contestent les conclusions de l’enquête officielle.

En clair, la mère du caporal Cédric Tornay ne croît pas que son fils a agi dans un accès de folie et qu’il s’est ensuite volontairement donné la mort.

Et, c’est pour en avoir le cœur net, qu’elle a mandaté Maîtres Vergès et Brosslet.

Un parcours du combattant

Contacté mardi par swissinfo, le Tribunal de l’Etat du Vatican a déclaré, dans un premier temps, qu’il n’avait reçu aucune demande allant en ce sens.

Il précisait, toutefois, que l’intérêt juridique pour la réouverture de l’enquête reposait sur des modalités qui ne sont, dans ce cas-là, pas remplies.

En effet, les deux avocats français ne sont pas accrédités au Vatican. Ils doivent donc présenter une demande pour pouvoir obtenir une accréditation temporaire liée strictement à l’enquête.

Mais cette démarche-là relève du parcours du combattant. D’autant plus que l’autorisation temporaire n’est accordée qu’au terme d’une procédure d’appel qui dure facilement plusieurs mois.

D’ailleurs, en fin d’après-midi, le président de la cour d’appel vaticane a confié à l’agence de presse italienne ANSA qu’il allait déposer mercredi un décret repoussant la demande des deux avocats français.

En clair, pour Mgr Francesco Bruno, l’accréditation de nouveaux avocats nécessite l’instruction d’un nouveau procès. Or, selon la loi vaticane, pour en arriver là, il faudrait de nouveaux éléments. Ce qui n’est pas le cas, estime le président de la cour d’appel. Du moins, pour le moment

Une affaire bouclée rapidement

Cela dit, Jacques Vergès et Luc Brosselet pourraient demander la collaboration d’un collègue accrédité de façon permanente au Saint-Siège. Mais, là également, ce n’est pas gagné d’avance.

En effet, il ne leur sera pas facile de trouver quelqu’un parmi les rares avocats accrédités (tous des Italiens à l’exception d’un Américain) qui soit disposé à accepter une affaire qui a été bouclé en quelques heures seulement.

D’ailleurs, dans ce cas-là, la réponse du Vatican risque bien d’être exactement la même: pas d’élément nouveau, donc pas de réouverture.

Pourtant, de nombreuses zones d’ombres subsistent. Et elles sont jugées suffisantes par les avocats de la famille pour que l’enquête reprenne.

Et de citer, par exemple, une lettre manuscrite du jeune Cédric remise à la famille, quelques temps après la tragédie. Une lettre dont l’authenticité est mise en doute par la mère du caporal.

Pour les avocats, que cette lettre soit authentique ou non, elle démontre que le Vatican cache la vérité.

Si elle a été réellement écrite de la main de Cédric Tornay, elle est la preuve d’une préméditation. Elle exclut donc «l’accès de folie».

Et, si c’est un faux, elle démontre que le Vatican n’a pas tout dit sur la façon dont les choses se sont véritablement déroulées.


swissinfo avec les agences et Georges Michel au Vatican

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