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Pour les paysans, le pire est peut-être à venir

Où va l'agriculture suisse? Keystone

Selon Berne, les conséquences des réformes structurelles de l’agriculture sont acceptables. Les paysans nuancent. Et brandissent le spectre de l’OMC.

Ils notent que de plus en plus d’exploitations connaissent de grosses difficultés économiques. Et que le pire est peut-être encore à venir.

Selon le quatrième rapport agricole de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), la situation de l’agriculture suisse est restée stable durant la période 1999-2003 malgré d’importantes mutations.

Les paysans restent cependant sous pression puisque les nouvelles règles édictées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) entraîneront un recul des recettes dès 2008.

Manfred Bötsch, directeur de l’OFAG, estime que les futures pertes se situeront dans une fourchette de 1,5 et 2,5 millions de francs. Mais il affirme que toutes les conséquences ne peuvent pas encore être connues à l’heure actuelle.

Il est important de se préparer dès aujourd’hui afin de pouvoir gérer ce processus selon les principes de la durabilité, ajoute-t-il, en précisant que les dépenses de la Confédération en faveur de l’agriculture devraient demeurer à hauteur de 3,9 milliards de francs.

De grandes difficultés économiques

De son côté, l’Union suisse des paysans (USP) juge moins positivement que l’OFAG la situation globale de l’agriculture. Pour son directeur Jacques Bourgeois, celle-ci se dégrade «même si le revenu est finalement resté stable ces dix dernières années».

Malgré les énormes efforts déjà consentis par les paysans suisses, de nombreuses exploitations connaissent en effet d’importantes difficultés économiques.

Le nombre de celles qui présentent une évolution négative au niveau de la formation des fonds propres a continué à progresser et atteint désormais 30 à 40%.

Dans les faits, ce sont près de 27’000 exploitations qui ont cessé leur activité entre 1990 et 2003. Et on dénombrait donc en 2003 près de 30% d’exploitations en moins qu’en 1990.

Et si le nombre d’exploitations abandonnées annuellement s’élevait encore à 2500 au début des années 90; il n’est plus que de 1500 à l’heure actuelle.

Les nouvelles charges et le manque à gagner que laissent prévoir les nouvelles étapes de libéralisation découlant des négociations du cycle de Doha de l’OMC seront insupportables si leur effet n’est pas atténué par des mesures de compensation ou d’accompagnement.

Mais les programmes d’allégement budgétaire prévus par la Confédération ne laissent plus aucune marge de manœuvre aux producteurs.

Un standard écologique plus élevé

A noter que les réformes agricoles intervenues depuis 1990 n’ont pas été répercutées jusqu’au consommateur et que la politique menée a progressivement entraîné la suppression des garanties de prix.

Ainsi, l’écart Suisse-UE des prix à la production a diminué de 28% alors que les dépenses des consommateurs pour le panier à provisions standard augmentaient de 25%.

Enfin, le standard écologique est toujours plus élevé. Les surfaces de compensation écologique devraient recouvrir l’an prochain 108’000 ha, dont 65’000 ha dans les régions de plaine.

De 2002 à 2003, les surfaces de compensation se sont accrues de 3% et les surfaces exploitées selon les règles de la production biologique de 7%.

swissinfo et les agences

30% des exploitations agricoles suisses vivent uniquement des revenus de la terre.
Le revenu moyen d’un paysan suisse avoisine 41’000 francs
Environ 6000 exploitations agricoles suisse sont spécialisées dans la production biologique

– En Suisse, le nombre d’exploitation agricole est en constante baisse. Leur nombre se monte à l’heure actuelle à près de 66’000.

– On dénombrait en 2003 près de 30% d’exploitations en moins (27’000) qu’en 1990. Dans près de la moitié des cas, il s’agissait de petites exploitations qui possédaient moins de trois hectares de surface exploitable.

– Près de 70% des familles paysannes doivent compléter leur revenu issu de l’agriculture par une activité additionnelle ou accessoire.

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