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La réforme du système des retraites prend forme

Les femmes devront aussi travailler jusqu'à 65 ans pour obtenir une rente AVS complète. Keystone

Les personnes en âge de partir à la retraite sont de plus en plus nombreuses, ce qui met le système suisses de prévoyance vieillesse sous pression. Après les sénateurs, les députés ont à leur tour planté les jalons de la future réforme. Parmi les mesures préconisées, il y a l’augmentation de l’âge de la retraite, d’abord pour les femmes. 

L’arrivée progressive à la retraite de la génération du baby-boom fait augmenter les dépenses du système de retraite et la pression financière sur la population «active». Il y a 50 ans, on comptait dix actifs pour deux retraités. Mais ce ratio devient de plus en plus défavorable. Aujourd’hui, il y a presque trois retraités pour dix actifs et il devrait y en avoir quatre en 2030, selon les pronostics. 

Cette évolution pose un problème de financement de la prévoyance vieillesse. D’ici 2030, l’assurance vieillesse et survivants (AVS, 1er pilier) pourrait souffrir d’un déficit annuel de l’ordre de 8 milliards de francs. La prévoyance professionnelle (2e pilier) ressentira également les effets financiers de l’allongement de l’espérance de vie et de la faiblesse des rendements de l’argent placé par les caisses de pension. 

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Les défis de la retraite dans une Suisse qui vieillit

Ce contenu a été publié sur L’année 2016 est importante pour l’avenir du système suisse des retraites. Le Parlement discute en effet de la réforme de la prévoyance vieillesse 2020 présentée par le gouvernement, tandis qu’en septembre, le peuple devra s’exprimer sur l’initiative AVSplusLien externe qui propose une augmentation de 10% des rentes de l’AVS. L’un des points de cette réforme…

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Comment combler le trou? 

Il n’est guère contesté que le financement des retraites va poser un problème aux générations futures et que des réformes sont nécessaires. Il existe aussi une certaine unanimité pour dire que les niveaux des rentes apportées par les deux premiers piliers ne devraient pas baisser. 

En revanche, le monde politique s’enflamme dès lors qu’il s’agit de savoir qui doit passer à la caisse. Concrètement, faut-il travailler un peu plus longtemps pour toucher un peu moins longtemps des retraites ou faut-il combler le trou financier à venir par le bais de l’argent des impôts? 

Durant la session d’automne, les sénateurs avaient déjà pris une décision importante: relever l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans. Les députés viennent à leur tour de donner leur aval à ce projet et désormais, seul un vote populaire pourrait encore empêcher ce relèvement.

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Baisse des rentes? 

Les deux Chambres sont également d’accord pour une diminution des rentes de la prévoyance professionnelle par le biais d’une baisse du taux de conversion de 6,8 à 6%. Concrètement, un capital de prévoyance épargné de 100’000 francs ne donnera droit à une rente annuelle de 6000 francs au lieu de 6800. 

La gauche ne veut pas entendre parler de coupes dans les rentes et menace de lancer un referendum si les baisses dans la prévoyance professionnelle ne sont pas compensées. Or, par le passé, le peuple a déjà montré dans différents scrutins qu’il ne voulait pas de baisse des prestations. 

Pour compenser les rentes du 2e pilier, les sénateurs avaient accepté d’augmenter les rentes du 1er pilier de 70 francs par mois. Mais les députés ont refusé cette proposition, confortés par le scrutin de dimanche dernier qui a vu le peuple refuser une initiative qui demandait une hausse de 10% des rentes AVS. La majorité de droite de la Chambre basse n’exclut cependant pas par principe toute compensation, mais elle rechigne à des charges plus lourdes pour les entreprises. 

La question de savoir si la baisse des rentes du 2e pilier doit être compensée, et le cas échéant comment, est donc encore ouverte. La Chambre haute s’est prononcée d’une courte majorité en faveur d’un modèle qui prévoit une compensation à l’intérieur même du 2e pilier. En outre, les jeunes employés pourraient se voir retirer une plus grande part de leur salaire pour financier leurs rentes futures 

Le tabou des 67 ans 

Les parlementaires ont enfin accepté le principe d’un frein à l’endettement. Concrètement, il s’agit d’un mécanisme permettant de relever automatiquement l’âge de la retraite à 67 ans au cas où les finances de l’AVS s’enfonceraient dans le rouge. 

Le passage à 67 ans était jusqu’à présent une sorte de tabou, car le peuple à plusieurs reprises témoigné de son hostilité à ce projet, que ce soit dans le cadre de votations, d’élections ou de sondages. 

Conscient de cette situation, les parlementaires ont décidé de présenter cette proposition dans un arrêté distinct, afin que l’ensemble de la réforme ne coule pas à cause de ce point précis.

(Traduction de l’allemand: Olivier Pauchard)

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