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Cafouillage autour du projet de ligne de tram entre Genève et la France

La Radio Télévision Suisse a assisté à une séance durant laquelle les autorités françaises apprennent que le prolongement de la ligne de tram pourrait avoir un an de retard. Problème, le conseiller d'Etat genevois Luc Barthassat semble aussi le découvrir.  

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La scène, filmée par l’émission Mise au Point de la RTS, est plutôt cocasse. Elle se déroule lors d’une séance transfrontalière sur le développement du tram. A la table, Antoine Vieillard reste interdit face à la présentation des autorités genevoises. 

Le maire de Saint-Julien-en-Genevois vient d’apprendre que le tram devrait arriver dans sa ville fin 2024 plutôt que fin 2023: «Vous n’annoncez pas de décalage du démarrage des travaux mais ils durent une année de plus. C’est une information majeure donnée sans explication.» 

«Un an de travaux en plus, pourquoi? C’est bizarre, on va essayer de savoir pourquoi.»
Luc Barthassat

Arrivé en cours de séance, le conseiller d’Etat genevois en charge des Transports Luc Barthassat semble lui aussi le découvrir. «Un an de travaux en plus, pourquoi? C’est bizarre, on va essayer de savoir pourquoi. (…) On regarde où il y a besoin de recadrer les choses», promet le démocrate-chrétien. Cette information tombe mal, d’autant que la Confédération reproche justement à Genève de ne pas faire avancer assez vite les projets déjà financés, comme cette ligne.

Depuis lors, la situation a été clarifiée. Vendredi dernier, lors d’une conférence de presse avec les Transports publics genevois (TPG), le Département des transports a rappelé que les travaux se termineraient à l’horizon 2023. 

Un conseiller d’Etat «absent» 

Interrogé à la suite de cette rencontre, Antoine Vieillard ne cache pas son dépit. «Nous avons dix ans pour faire le projet. Si on a trop de retard, on doit tout recommencer à zéro. Quand on gère un projet d’une telle ampleur, on a la date de mise en service en tête. Là, on a l’impression que personne n’a remarqué qu’on nous annonçait un an de retard», déplore-t-il. 

«Luc Barthassat ne connaît pas suffisamment ses dossiers.»
Antoine Vieilliard

Luc Barthassat connaît-il suffisamment ses dossiers? La réponse de l’élu français est on ne peut plus claire: «Non». Lors de plusieurs séances où il était interpellé, le conseiller d’Etat genevois «s’est retourné vers ses collaborateurs en leur demandant ‘que pense-t-on de ce sujet-là?», précise Antoine Vieilliard. 

«On aimerait le côtoyer un peu plus. Ses prédécesseurs venaient à quasiment toutes les séances du Groupement local de coopération transfrontalière, qui gère la coopération sur les transports. Depuis qu’il est conseiller d’Etat, Luc Barthassat n’est venu qu’une fois», regrette encore le maire de la commune française. 

«Connaissance du terrain» 

Face aux accusations du survol de ses dossiers, Luc Barthassat se défend avec vigueur: «Aujourd’hui, vous ne pouvez pas avancer sans tous les connaître. Si ce n’est pas à la lecture, vous les connaissez grâce aux liens que vous avez avec le terrain et c’est parfois beaucoup plus pragmatique». 

«C’est comme si vous me demandiez de lire un bottin de téléphone par jour. C’est quasiment impossible.»
Luc Barthassat 

Ne les lit-il donc pas, ses dossiers? «C’est comme si vous me demandiez de lire un bottin de téléphone par jour. C’est quasiment impossible. On a des gens qui débroussaillent, qui apportent une synthèse. Par rapport à cette synthèse, vous posez les questions qui vous paraissent intéressantes», résume le démocrate-chrétien.

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