Puigdemont défie le chef du Parlement européen depuis Genève
(Keystone-ATS) L’ancien président catalan Carles Puigdemont, dont Madrid empêche l’accès à son siège d’eurodéputé, s’étonne de n’avoir reçu aucune réponse du président du Parlement européen Antonio Tajani. Depuis Genève, il s’est dit jeudi confiant dans la justice européenne.
Le gouvernement espagnol a fait suivre lundi la liste officielle des élus espagnols au Parlement européen. M. Puigdemont, en exil en Belgique, et son colistier, l’indépendantiste Oriel Junqueras, en détention provisoire en Espagne, n’y figurent pas.
Malgré leur élection, les deux responsables politiques n’ont pu se déplacer pour prêter serment. L’ancien président catalant avait mandaté ses avocats pour montrer qu’il avait bien effectué cette démarche en Belgique. Cette situation compromet la possibilité qu’ils siègent lors de la session inaugurale mardi prochain.
« Nous avons gagné le droit d’être assis » parmi les 751 eurodéputés, a affirmé devant la presse à Genève M. Puigdemont, en marge d’une conférence de quatre jours qui rassemble quelques chefs d’Etat et de gouvernement et plusieurs ministres. Il n’a prévu aucune discussion avec des responsables politiques locaux.
L’ancien président catalan a envoyé plusieurs lettres à Antonio Tajani. Sans réponse pour le moment. M. Puigdemont appelle le président du Parlement européen à dépasser les intérêts de son groupe politique du Parti populaire européen (PPE) pour protéger « tous les plus de 700 » parlementaires désignés.
Verts approchés
Ses avocats ont également entamé, ou étaient sur le point de le faire, des recours juridiques en Espagne ou pour des mesures « très urgentes » devant une juridiction européenne. « J’ai pleinement confiance dans la justice européenne », affirme M. Puigdemont. Il souhaite que les votes de plus de deux millions de personnes soient honorés.
A ses yeux, c’est la « démocratie européenne » qui est en jeu avec le refus de Madrid de laisser des responsables accéder à leur siège. Il annonce aussi avoir demandé de rejoindre le groupe écologiste, constitué de plus de 70 personnes, au Parlement européen.
Au total, plus de 70 eurodéputés ont demandé de « protéger les droits politiques » des indépendantistes catalans élus, dans une lettre adressée au Parlement européen. Ils ont affirmé que ces droits ont été violés. Parmi les signataires de cette lettre figurent aussi bien bien des parlementaires sortants que de nouveaux entrants.
M. Puigdemont s’est réfugié en Belgique pour échapper au mandat d’arrêt dont il fait l’objet en Espagne depuis la tentative de sécession ratée de 2017. Les eurodéputés ont été élus fin mai, pour un mandat de cinq ans.