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Quand des étudiants construisent un satellite

Avec ses 120 kilos, ESEO entre dans la catégorie de microsatellites. www.sseti.net

L'Agence spatiale européenne (ESA) mise sur la jeunesse. A son initiative, des étudiants de onze pays sont en train de construire un satellite.

Début 2004, il s’envolera au sommet d’une fusée Ariane 5. Si le test est concluant, il y en aura d’autres.

Avec le SSETI (Student space exploration & technology initiative), l’Europe de l’espace offre une chance formidable aux jeunes passionnés de conquête spatiale.

L’idée est de créer un réseau continental de compétences afin de réaliser ce qu’une Haute école ou un groupe d’étudiants ne pourraient pas faire seuls.

Et ça marche. En moins de deux ans, le SSETI a rallié sous sa bannière plus de 300 membres, provenant de onze pays différents et communiquant entre eux essentiellement par Internet.

Des débuts modestes

Les objectifs de cette première mission restent modestes. Avec ses tout juste 120 kilos, ESEO (European students Earth orbiter) entre dans la catégorie des microsatellites.

A ce titre, il sera lancé comme charge auxiliaire, en compagnie d’autres engins plus lourds.

La fusée Ariane le placera sur une orbite très elliptique, qui le fera passer au minimum à 300 kilomètres de la Terre et au maximum à 33 000 kilomètres.

Après dix jours, on le fera descendre sur une ellipse plus petite, qui le ramènera toutes les douze heures à la verticale du même point. Ceci pour tester ses systèmes de propulsion et de correction de trajectoire.

Durant ces manœuvres, ESEO sera principalement occupé à prendre des photos de la Terre et de la Lune. Le but ultime du programme serait en effet d’envoyer une sonde automatique sur notre satellite.

Aucune erreur possible

Mais l’ESA n’en est pas encore là. «Cette première mission servira surtout à tester la coordination entre les universités qui participent à l’aventure», fait remarquer Renato Krpoun concepteur, avec un groupe d’amis, du système de déploiement des panneaux solaires du satellite,

«Tout ce qu’ESEO va faire a déjà été fait et refait, admet l’étudiant de l’EPFL. Mais il faut voir que nous sommes une vingtaine d’universités à plancher sur ce projet. Si l’on veut arriver à quelque chose qui fonctionne, le travail de coordination est immense».

Sans compter que dans l’espace, l’erreur n’est pas permise. L’ESA n’enverra pas une équipe de mécanos pour réparer au besoin le satellite des étudiants.

C’est d’ailleurs une des exigences du cahier des charges de la mission: pas de panne durant les 28 premiers jours de vol.

La première génération

Construit par les universités, ce premier satellite des étudiants sera également financé par ces concepteurs. La recherche de sponsors et autres mécènes fait aussi partie de l’apprentissage d’un futur industriel de l’espace.

Dans le cas du groupe de l’EPFL, le prototype a été construit gracieusement par une entreprise de microtechnique d’Ecublens.

Et pour la version finale, les étudiants lausannois solliciteront l’industrie spatiale helvétique et le Bureau des affaires spatiales.

Avec cette initiative originale, l’Europe de l’espace parviendra peut-être à créer un réseau entre les futurs travailleurs du secteur.

«Nous sommes la première génération. Mais même sortis de nos écoles, nous serons toujours là pour aider les jeunes», conclut Renato Krpoun, qui espère bien voir l’EPFL dispenser un jour un enseignement spécifique au secteur spatial.

swissinfo/Marc-André Miserez

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