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Quand la cotation boursière devient un poids

Les investisseurs tendent à ignorer les entreprises de moyenne importance. Keystone

Nombre d'entreprises de dimension moyenne quittent la Bourse. Comme ce fut récemment le cas de Hero.

Pour elles, les désavantages liés à la cotation boursière semblent en effet l’emporter sur les avantages.

«Moi aussi je préférerais abandonner la Bourse», confiait il n’y a pas très longtemps Nick Hayek junior au quotidien Tages-Anzeiger.

«Prenez l’exemple de Rolex, ajoutait-il, personne ne se demande si son chiffre d’affaires a augmenté ou diminué de 2%. La société peut investir son énergie dans le développement et travailler en paix.»

Evidemment, pour le directeur du géant horloger Swatch, ce n’est là qu’un vœu pieux. En revanche, ce désir est devenu effectivement réalité pour diverses autres entreprises suisses.

En fait, depuis la fin du boom boursier, le nombre des entreprises qui ont retiré leurs actions du marché – ou, du moins, qui ont pensé le faire – est en hausse.

Plusieurs entreprises ont franchi le pas

Parmi elles, la société de participation genevoise Unigestion, qui administre un patrimoine de 4,5 milliards de francs.

Ayant renoué avec les chiffres noirs en 2002 avec un bénéfice net de 2,1 millions de francs (contre une perte de 2,5 millions en 2001), Unigestion a annoncé son retrait de la Bourse en mars 2003.

Les actionnaires minoritaires se sont vus offrir 91 francs pour le rachat de leurs actions. A l’heure actuelle, Unigestion est rentrée en possession de 71% de ses titres.

Connue notamment pour ses tronçonneuses et autres perceuses, l’entreprise familiale Hilti (siège au Liechtenstein) a également décidé en février dernier de quitter la Bourse suisse (SMI).

L’opération s’est terminée avec succès le 2 avril. Désormais, les 97,4% des bons de participation de l’entreprise Hilti se trouvent aux mains du Martin-Hilti-Trust, dont la famille détient 100% du capital.

Parallèlement à cette sortie de Bourse, Hilti a annoncé vouloir renoncer à toute activité financière, afin de se concentrer sur sa production industrielle.

La dernière entreprise en date à annoncer vouloir renoncer à la Bourse est la société Hero (siège à Lenzburg). Son actionnaire principal (74%), la FIM, elle-même contrôlée par le groupe allemand Schwartau (propriétaire: Arend Oetker), a lancé une offre de rachat des actions au porteur en mars 2003.

L’opération pourrait cependant être plus difficile que prévu. En effet, nombre de petits actionnaires jugent trop bas le prix proposé par la FIM (165 francs par action). Du coup, l’objectif d’obtenir 95% des actions – condition nécessaire à la sortie de la Bourse – pourrait ne pas être atteint.

Une moindre transparence peut être profitable

Quoi qu’il en soit, le phénomène de sortie de Bourse semble bel est bien lancé. On peut cependant se demander pourquoi le marché des actions semble perdre de son attractivité, alors qu’il était en pleine euphorie dans les années 90.

En fait, tant que les marchés connaissaient la croissance, une présence à la Bourse permettait aux entreprises d’obtenir des capitaux sans s’endetter auprès des banques et de gagner en visibilité. Mais désormais, les choses ont changé.

«L’attitude des investisseurs a changé au cours des dix dernières années, relève Rodolfo Pusterla, analyste auprès de la Banque du Gothard. Ils veulent désormais que les entreprises croissent en se finançant elles-mêmes, mais plus grâce à des augmentations de capital.»

L’intérêt de rester en Bourse a donc diminué. Et à ceci s’ajoute le fait que les investisseurs tendent à ignorer les entreprises de moyenne importance. «Cela provient du fait que leurs titres s’échangent peu, ce qui décourage les investisseurs institutionnels», explique Rodolfo Pusterla.

C’est notamment le cas de Hero. «Peu d’analystes s’occupent de cette société et le volume des échanges quotidiens reste plutôt limité», observe un autre analyste, Mario Montagnani, de la Banque Pictet.

Par ailleurs, demeurer hors de la Bourse présente des avantages. «Les procédures administratives sont plus légères, déclare Rodolfo Pusterla. De plus, être coté en Bourse oblige les entreprises à une très grande transparence. Or, échapper à cette contrainte peut représenter un avantage concurrentiel pour certaines d’entre elles.»

swissinfo, Andrea Tognina
(traduction: Olivier Pauchard)

– Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la Bourse n’est pas le fidèle reflet de l’économie suisse.

– En effet, seules 300 des 170 000 sociétés par actions du pays sont cotées à Virt-X et SWX Swiss Exchange.

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