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Quand les vaches d’Hérens montent à Paris

Urbain Kittel admire ses bêtes avant l'inalpe swissinfo.ch

En Valais, la traditionnelle inalpe (la montée à l'alpage) a aussi déjà commencé. Un événement festif pour les habitants du Val d'Anniviers et pour les vaches de la race d'Hérens. Dont le comportement a été étudié pendant quatre ans par une équipe de chercheurs parisiens.

«L’inalpe remonte à la nuit des temps, explique Urbain Kittel, propriétaire de vaches d’Hérens. Et cet architecte et ancien député au Grand Conseil valaisan d’ajouter: «elle est née de la nécessité». Depuis toujours, c’est en effet pour les nourrir que les propriétaires montent leurs vaches à l’alpage à la fin de l’hiver.

Jadis, l’événement était d’importance pour les familles qui partaient à pied avec leurs bêtes sur les hauteurs. Et ne redescendaient au village qu’à la fin de l’été.

Aujourd’hui, le bétail est très souvent transporté par camion. Et, grâce à leurs véhicules 4X4, les éleveurs font régulièrement la navette entre l’alpage et leur maison.

Pour autant, les traditions n’ont pas disparu. L’inalpe et la désalpe sont toujours une fête. Pour les bêtes qui sont parées de couronnes de fleurs et de leurs plus belles cloches. Et pour les propriétaires de vaches de la race d’Hérens qui vont pouvoir s’adonner à leur passion: les combats de reines.

La race d’Hérens suscite depuis toujours curiosités et passions. Sa combativité et son agressivité naturelle seraient, dit-on, uniques au monde.

Pour mieux comprendre ce comportement, Urbain Kittel et ses amis se sont adressés à des scientifiques parisiens. «Grâce aux syndicat d’élevage, à la société des amis de la race d’Hérens et à la Fondation Michellod, confie Urbain Kittel, nous avons pu financer une étude».

Un travail qui aura duré quatre ans. Qui été réalisé essentiellement auprès des propriétaires de bétail valaisans. Et qui a fait l’objet d’un doctorat en éthologie (étude du comportement animal), à l’université de Paris 13.

«Cette étude confirme ce que nous savions depuis toujours, lance, avec humour, Urbain Kittel. Elle confirme qu’il existe dans les troupeaux de la race d’Hérens une hiérarchisation très marquée, comme chez les loups.»

Plus scientifiquement, l’intérêt de ce doctorat repose sur la prédictibilité. Qui permettrait de déterminer assez rapidement (avant six mois), le potentiel de combativité d’une bête et sa disposition à devenir reine.

Vu le prix élevé d’une reine, cette découverte comporte un intérêt économique certain. Qui pourrait bien porter un coup fatal à une passion sans limite que les éleveurs avaient jusque-là pour leurs vaches.


Jean-Louis Thomas

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