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Que faire face au conflit israélo-palestinien?

Keystone

Suite aux élections palestiniennes et israéliennes, la nouvelle donne proche-orientale relance l'action des organisations suisses solidaires.

Aperçu des diverses initiatives en cours à Genève, cela à l’occasion de la semaine de manifestations culturelles organisées par l’association Le Manifeste.

Depuis la mort de Yasser Arafat le 11 novembre 2004, le Proche-Orient est entré dans une phase de transition, qui s’achève ces jours avec la formation du nouveau gouvernement israélien issu des élections de mars et les premiers pas de l’Autorité palestinienne dominée par le Hamas.

«Une nouvelle page s’ouvre. Mais nous ne sommes pas sortis de l’auberge pour autant», juge Tobias Schnebli, du Collectif Urgence Palestine (CUP).

De fait, les perspectives de paix semblent se perdre à nouveau dans les sables, comme l’explique dans les colonnes du Temps le co-fondateur du Manifeste.

«Nombreux sont les Palestiniens qui, tout en aspirant à la paix, sont persuadés que seule la force pourra faire entendre leur voix, écrit Alain Bittar. L’arrivée au pouvoir en Israël d’un parti dont la doctrine semble se résumer au principe du désengagement unilatéral marque la fin probable de tout espoir de négociations et la consécration de l’occupation de larges espaces de la Cisjordanie par des blocs de colonies. Le mur, qui étouffe chaque jour un peu plus les Palestiniens, continue de se construire à une allure accélérée.»

La mort d’Oslo

La dynamique enclenchée avec les accords d’Oslo en 1993, et dont l’Initiative de Genève (fortement soutenue par la diplomatie helvétique) constitue le dernier avatar, est donc épuisée.

Reste à savoir si, en Suisse, les associations de soutien à l’une ou l’autre partie en conflit vont retourner chacune dans leurs tranchées et alimenter le nouveau rapport de force qui se dessine sur le terrain.

Alain Bittar, qui anime depuis des lustres la librairie arabe L’Olivier (point de passage obligé des Arabes vivant ou séjournant à Genève), n’y compte pas. Il continue de croire aux vertus du dialogue. «Les deux sociétés israéliennes et palestiniennes se connaissent toujours mal. Maintenir et créer des espaces de rencontre et de discussion est donc toujours indispensable», assure-t-il.

Raison pour laquelle ‘Le Manifeste’, qui réunit des personnes de toutes obédiences et de toutes origines, continue d’organiser des événements marqués par la volonté de comprendre. C’est l’objectif affiché par l’association au travers d’une série de débats et d’expositions qui se tiennent cette semaine au théâtre genevois La Comédie.

Le droit bafoué

Le Collectif Urgence Palestine qui regroupe une dizaine d’associations pro-palestiniennes proches de l’extrême gauche genevoise, lui, relance son action militante. Et ce en organisant fin mai à Genève une conférence centrée sur le droit international bafoué par l’occupation israélienne et la construction de la «barrière de sécurité » qui se transforme de fait en frontière durable entre Israël et les territoires palestiniens.

Tobias Schnebli salue les initiatives du Manifeste et les juge complémentaires à l’action du CUP. Le pacifiste regrette néanmoins que cette association refuse de soutenir la moindre action, comme la demande faite aux autorités suisses de stopper la collaboration militaire avec l’Etat hébreu.

Alain Bittar rétorque que se n’est pas le rôle du Manifeste qui préfère jeter des ponts plutôt que de stigmatiser l’un ou l’autre camp. «Nous voulons aider à casser le manichéisme ambiant et le repli identitaire qui menace les deux camps», affirme encore le libraire libano-suisse.

Le droit au savoir

Une préoccupation partagée par le linguiste israélo-suisse Ur Shlonsky. «N’est-il pas temps d’agir non pas comme juif, Israélien, Suisse ou Palestinien, mais à partir de considérations de justice et d’humanité? Cette approche, pourtant si simple, fait défaut en Suisse.»

Fort de cette conviction, Ur Shlonsky n’entend pas abandonner les actions de solidarité en faveur des Palestiniens et des Israéliens qui, sur place, leur viennent quotidiennement en aide.

Pour ce faire, le professeur genevois vient de créer «Universitaire pour la paix israélo-palestinienne», soit la branche locale du FFIPP (Faculty for israeli-palestinian peace), un réseau actif dans les territoires palestiniens occupés, en Israël, aux Etats-Unis, au Royaume Uni, en France et en Belgique.

L’objectif politique du réseau est de promouvoir «la fin de l’occupation et une paix juste entre Israël et la Palestine». Son moyen d’action est de favoriser les échanges entre universitaires et de défendre la liberté académique, un droit de plus en plus théorique pour les Palestiniens, vu l’important dispositif sécuritaire israélien qui entrave les déplacements des étudiants comme des professeurs.

swissinfo, Frédéric Burnand à Genève

Le Manifeste à la Comédie se tient du 5 au 9 avril. Il présente notamment une exposition de photos prises par des soldats israéliens depuis différents check-points et ce en présence de deux de ces soldats.

JEUDI 6 AVRIL
– projection d’un film qui part à la rencontre des familles endeuillées suite à une attaque suicide.
– table ronde sur la place du deuil dans ce conflit, à partir de témoignages de deux femmes, l’une Israélienne et l’autre Palestinienne.

SAMEDI SOIR 8 AVRIL
– Le Palestinien Elias Sanbar et l’israélien David Grossman lisent des extraits de leurs œuvres. Lecture suivie d’un débat sur le thème de l’engagement politique de l’écrivain.

DIMANCHE 9 AVRIL
– Brunch oriental avec les caricaturistes Khalil Abu Arafeh (Al Qods), Chapatte (Le Temps), Michel Kishka (Courrier International et Channel II Israël) et Plantu (Le Monde).

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