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Que pouvait Federer face à un Nadal aussi fort?

Aussi humiliante qu'elle fut, la défaite de Roger Federer à Roland Garros ne freinera pas les ambitions du joueur suisse pour Wimbledon. Keystone

Pour la presse suisse, la réponse est simple: «rien». Battu en finale de Roland-Garros par l'Espagnol pour la troisième fois consécutive, le numéro un mondial n'est pas mort pour autant. Pas encore du moins.

«Federer fût-il allé brûler un cierge à l’église la plus proche que cela n’aurait rien changé. Rafa était intouchable. Point barre», notent 24 heures et la Tribune de Genève.

Pour les deux quotidiens romands, si la terre battue de la Porte d’Auteuil se refuse toujours au meilleur joueur du monde, c’est la faute à «ce monstrueux gagneur qu’est Nadal». Nadal dont Björn Borg, lui-même sextuple vainqueur du tournoi, prétend qu’il pourrait gagner huit ou neuf Roland-Garros de rang.

«Une gifle qui claque»

Pour la Basler Zeitung, cette défaite de l’enfant du pays a sonné comme «une gifle qui claque». La Berner Zeitung parle de l’«humiliation d’un champion». Et le Tages Anzeiger a vu Federer vivre «son heure la plus dure depuis qu’il est numéro un mondial».

A bientôt 27 ans peut-il encore gagner Roland-Garros, le seul tournoi du Grand Chelem qui manque à son palmarès ? Pour le quotidien zurichois, ce sera très dur «tant que Nadal reste fit en en bonne santé». Mais il rappelle tout de même qu’un certain André Agassi avait fini par brandir la Coupe des Mousquetaires à 29 ans, après… dix tentatives infructueuses.

Tout n’est pas perdu donc. «Le prodige sait qu’à 27 ans, il entre dans la plénitude physique qui lui laisse trois ans encore. Trois ans pour, fichtre, remporter un titre mérité à Roland-Garros» note Le Temps.

Pour le quotidien romand, ce titre serait mérité, car «peu de joueurs ont élevé le tennis à de tels firmaments statistiques et artistiques». Mais pour arriver à ce succès, Federer devra être moins «timoré», moins «prévisible», moins «fataliste» face à Rafael Nadal. Car cette fois encore, «le prodige fut appliqué et volontaire, quand il aurait fallu être déroutant et va-t’en-guerre».

Le Matin aussi voulait y croire, se dire que si quelqu’un pouvait mette fin à la «tempête Nadal», «il serait logique que ce soit le meilleur joueur de l’histoire du tennis moderne». Seulement voilà, constate le tabloïd: «On s’était dit… et puis sont venus les deux hommes, et très vite l’évidence s’est imposée que l’un ne pouvait rien et l’autre tout».

Et l’autre, c’est Nadal. Nadal avec qui Federer, selon La Liberté ne soutient plus la comparaison en terme de puissance. D’où cette «défaite humiliante», cette «déculottée».

Et ce n’est pas tout, l’Espagnol est bien plus qu’un simple cogneur, note le journal fribourgeois. «Il a du talent, un service de gaucher et une volée plus que correcte. Il l’a prouvé les deux dernières années en atteignant le finale à Wimbledon, un tournoi que le force brute ne suffit pas à remporter».

Wimbledon, le test

Wimbledon justement, qui s’ouvre dans deux semaine et qui est pour Roger «son jardin londonien où il n’a plus perdu depuis cinq ans», aura valeur de test. Une défaite là-bas «s’apparenterait à un véritable traumatisme» prédit La Liberté.

Désormais donc, Nadal fait figure de second favori à Wimbledon, comme le sera Djokovic à l’US Open, note le Blick. Mais le tabloïd n’enterre pas encore Federer pour autant. Le Bâlois en effet «a montré qu’il peut donner le meilleur quand il est sous pression».

«Le classement ATP reflète les performances des douze derniers mois, rappelle la Berner Zeitung. Et c’est pour cela que Federer est encore No 1, Nadal No 2 et Djokovic No 3». Mais aujourd’hui, le Bâlois n’est plus le meilleur. Depuis le début de l’année, il y a eu deux Grand Chelem et cinq Master Series et il n’en a remporté aucun.

Pour autant, s’il perdait à Wimbledon «ce ne serait pas encore le chant du cygne. Il a la classe pour rester encore quelques années dans le haut du panier», estime le journal bernois.

swissinfo, Marc-André Miserez

Un joueur qui remporte les quatre tournois les plus importants du circuit (Open d’Australie, Roland-Garros, Wimbledon, US Open) dans la même année est couronné du «vrai» Grand Chelem.

Depuis 1968, début de l’ère Open, seul l’Australien Rod Laver a réussi cet exploit, en 1969. André Agassi est le seul joueur masculin de l’ère Open a avoir remporté les quatre tournois, mais dans des années différentes (entre 1992 et 1999).

Nombre de victoires dans un tournoi du Grand Chelem (ère Open):
14: Pete Sampras
12. Roger Federer
11: Björn Borg
8: André Agassi, Jimmy Connors, Ivan Lendl.

Les Internationaux de France, ou Tournoi de Roland-Garros, se tiennent annuellement depuis 1928 à Paris, dans le stade Roland-Garros, du nom d’un pionnier de l’aviation française, tombé durant la Première Guerre mondiale.

Dans le monde du tennis, à majorité anglophone, le tournoi est aussi connu sous le nom de French Open. C’est le plus grand tournoi du circuit sur terre battue et le seul du Grand Chelem se disputant encore sur cette surface, après que l’US Open l’a abandonnée en 1978.

Les vainqueurs en simple cette année sont l’Espagnol Rafael Nadal (tenant du titre pour la quatrième année consécutive) et la Serbe Ana Ivanovic, qui succède à la Belge Justine Henin. La victoire a rapporté un million d’euros à chacun des deux.

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