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Règlement de compte à OK Culture?

Sans les subventions, notamment fédérales, le cinéma suisse n’existerait pas. swissinfo.ch

Le ministre Pascal Couchepin a ordonné une enquête administrative sur la distribution des aides fédérales pour le cinéma.

Une démarche à laquelle le Festival international du film de Locarno, qui se tient jusqu’à dimanche, sert de caisse de résonance!

Pascal Couchepin, chef du Département fédéral de l’intérieur (DFI), veut huiler les rouages de l’Office fédéral de la culture, qui relève de son département.

Il a notamment demandé une enquête administrative sur la distribution des fonds pour le cinéma, selon une interview parue jeudi dans le magazine «L’Hebdo». Une enquête qui sera confiée à un expert extérieur à l’administration, et dont les résultats sont attendus fin septembre.

«Est-ce que les procédures sont suffisamment ouvertes? Quels sont les critères appliqués?». Telles sont les principales questions que se pose Pascal Couchepin concernant les aides étatiques au cinéma. Comme d’autres, le Valaisan évoque la possibilité que le copinage joue un rôle important dans l’attribution des subventions et veut vérifier si c’est effectivement le cas.

Plutôt que de mettre de l’ordre dans le soutien à la culture via des «interventions à la cosaque», Pascal Couchepin attend de l’Office fédéral de la culture qu’il fasse des propositions.

Colonisation gauchiste?

Selon le conseiller fédéral, la culture souffre beaucoup de son lien sociologique avec les milieux de gauche. A ses yeux, les milieux de gauche sont devenus les clients principaux de la culture officielle.

«Ils sont en train de la coloniser», estime Pascal Couchepin, qui craint que cette politisation n’entraîne un appauvrissement de la création artistique.

«C’est grave, parce que cette politisation entraîne un appauvrissement de la création artistique. Il ne faut à aucun prix que la culture se résume à un message politique. De gauche comme de droite d’ailleurs», précise le ministre radical de l’intérieur. D’après lui, moins les politiciens s’identifient à la culture, mieux c’est.

Toile de fond: Locarno



Les premiers assauts lancés par Pascal Couchepin ont eu lieu à Locarno, la semaine passée, dans le cadre du Festival international du film.

Si le ministre y a assuré que son département continuerait à subventionner le festival et le cinéma Suisse, il a cependant émis des critiques à l’encontre de la «section cinéma» de l’Office fédéral de la culture (OFC) en estimant que «l’argent versé, qui est celui des contribuables, pourrait être mieux utilisé.»

Selon lui, la Section cinéma se croit investie «d’une mission quasi divine». Des propos réitérés dans le quotidien «Le Temps», samedi dernier.

Western ou comédie?

Des critiques fortes, que le microcosme helvétique du 7e Art – qui a largement eu le temps de les commenter dans les coulisses de Locarno – a d’abord perçues comme étant adressées en ligne directe à Marc Wehrlin, chef de la Section cinéma.

Nouveau pavé dans la mare: «Le Temps» d’aujourd’hui réoriente la destination des flèches en question en les retournant au supérieur de Marc Wehrlin, David Streiff himself, patron de l’Office fédéral de la culture.

Même si le 7e Art helvétique donne peu dans le western, ses artisans et ses commentateurs maîtrisent assez bien les ficelles de ce cinéma de genre.

Ce vendredi, le quotidien «Le Matin», quant à lui, voit avec un chouïa de mauvaise foi l’origine de l’enquête mandatée par Pascal Couchepin dans le jeu de mot d’une finesse discutable qui figurait dans le film «Bienvenue en Suisse» de Léa Fazer… «Couchepine», pouvait-on y entendre.

Or le film en question avait obtenu une subvention octroyée par l’Office fédéral de la culture. Comme quoi la comédie bouffonne et le western ne sont pas nécessairement incompatibles.

swissinfo et les agences

Le Ministre Pascal Couchepin dirige le Département fédéral de l’Intérieur.
L’Office fédéral de la culture, dirigé par David Streiff, y est intégré.
Sa «Section cinéma» est dirigée par Marc Wehrlin.

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