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Obama ou Romney: l’embellie avec la Suisse attendra

Obama et Romney le 22 ocobre à Boca Raton Keystone

Quel que soit le résultat de l'élection présidentielle américaine, les politiciens suisses ne s'attendent pas à une amélioration immédiate des relations bilatérales, tendues par des différends bancaires et fiscaux.

«Certains prétendent que le candidat républicain Mitt Romney peut avoir une attitude différente de celle de Barack Obama, mais je ne pense pas que les choses vont changer, puisque l’IRS (Internal Revenue Service) et le Département de la Justice suivent une politique claire», estime le député Felix Gutzwiller, vice-président de la commission des affaires étrangères du Conseil des Etats (Chambre haute du Parlement) et membre du Parti libéral-radical (droite).

Les autorités américaines enquêtent actuellement sur 11 banques suisses accusées d’avoir favorisé l’évasion fiscale aux Etats-Unis. Le gouvernement suisse essaye d’obtenir la fin de ces enquêtes à répétition en échange du paiement d’une amende et le transfert de noms de clients. Berne est à la recherche d’un accord global afin de «tirer un trait sur le passé» pour protéger le reste de ses 300 banques de nouvelles poursuites aux États-Unis.

Les relations entre les deux pays ont été assombries depuis 2009 par des conflits sur le secret bancaire et sur l’utilisation par des citoyens américains de comptes suisses pour cacher leur revenus.

Un rejet de la Suisse ?

Collègue de parti de Felix Gutzwiller, Christa Markwalder préside l’Association parlementaire Suisse-Etats-Unis. Elle manifeste une certaine compréhension pour la position américaine : «Le monde a beaucoup changé au cours des quatre dernières années, en particulier aux États-Unis. Les promesses d’Obama ont été rapidement éclipsées par d’énormes défis économiques.»

«L’Etat a besoin d’argent, certains citoyens ne paient pas correctement leurs impôts et certaines banques suisses ont fait des erreurs. C’est en raison de ces situations difficiles que nos relations ont souffert.»

Luzi Stamm, un parlementaire UDC (droite nationaliste) membre de la commission des affaires étrangères du Conseil national (Chambre basse), est plus catégorique.

«Je pense que les relations ont nettement empiré. Les Etats-Unis disposent d’un système juridique malade qui continue d’envoyer des projectiles sur la Suisse. Mettre un pays ami sous pression pour faire passer son point de vue est inacceptable.»

Son collègue socialiste Carlo Sommaruga, lui, est préoccupé  par les dommages possibles à long terme: «Dans l’imaginaire collectif des États-Unis, ce qui est généré est un rejet de la Suisse.»

Pas une priorité

Selon l’ambassadeur de Suisse aux Etats-Unis, Manuel Sager, il est compréhensible qu’en année électorale, la résolution des contentieux fiscaux n’ait pas été une priorité pour Washington.

Quoi qu’il en soit, l’image de la Suisse s’est encore assombrie lors de la campagne présidentielle. Suite aux révélations du compte bancaire suisse de 3 millions de dollars ayant appartenu à Mitt Romney, l’équipe de campagne d’Obama a concocté une vidéo avec une sémillante Heidi baptisée «Romney girl» et présentant la Suisse  comme un opulent paradis fiscal.

«Il faudra voir si un accord peut tomber en décembre ou au début de l’année prochaine », a déclaré Manuel Sager au journal Sonntag le 21 octobre, tout en admettant que chaque côté a des attentes différentes.

«Nous voulons protéger l’intégrité de notre système juridique, alors que les Etats-Unis veulent récupérer  le plus possible de fraudeurs du fisc américain.»

Felix Gutzwiller, lui, fait preuve d’optimisme : «Je pense que nous entrons dans la phase finale des discussions. Je fais confiance à la diplomatie suisse et à des gens comme l’ambassadeur suisse Michael Ambühl, qui est apprécié par les deux parties. J’ai le sentiment que nous pouvons retrouver la confiance des Américains.»

Commerce en plein essor

Martin Naville, directeur général de la Chambre de commerce Suisse-Etats-Unis, est également confiant, malgré les tensions actuelles. «Les relations commerciales vont très bien. Si vous regardez les chiffres du commerce 2012, les exportations vers les Etats-Unis sont en hausse de 12% par rapport à  l’année précédente. Quant aux  importations suisses, elles ont augmenté de 20%. En 2011, la Suisse était le deuxième investisseur direct aux États-Unis. Un pays qui est le plus grand investisseur direct étranger en Suisse avec des entreprises comme Google et Kraft», souligne Martin Naville.

«Au début de la crise économique en 2008, beaucoup de choses étaient incertaines. Nous sommes maintenant dans une bien meilleure position que nous l’étions alors. Il y a encore une pierre d’achoppement [réd : les États-Unis réclament toujours des données sur la présumée évasion fiscale d’avant l’accord de 2009 entre les deux pays], mais les risques potentiels sont plus ou moins sous contrôle.»

Martin Naville estime d’ailleurs que la Suisse a montré qu’elle était «prête à des compromis et des solutions. J’espère que ce message a été envoyé fort et clair.»

Pour la Suisse, les Etats-Unis sont la première cible des investissements directs (2009 : 165,9 milliards de francs) et le deuxième marché d’exportation (2010 : 20,6 milliards de francs).

  

Plus de 550 entreprises suisses sont installées aux Etats-Unis. Elles emploient environ 400’000 personnes.

En 2000, une Commission économique mixte a été instituée pour resserrer plus étroitement encore les relations économiques entre les deux pays. Un Forum de coopération sur le commerce et les investissements a également été créé en 2006. Ces deux instances ont pour vocation de renforcer les relations commerciales bilatérales et de faciliter les échanges commerciaux.

Les Etats-Unis sont également un partenaire de premier rang dans les domaines de l’enseignement supérieur, de la science et de la culture.

Les Etats-Unis fournissent à la Suisse un important appui technologique sous forme d’installations de recherche et développement de pointe. L’étroite coopération dans ce domaine (Maisons suisses de la science «Swissnex» à Boston et à San Francisco) a été renforcée par la signature, en avril 2009, d’un accord bilatéral de coopération scientifique.

Source : DFAE

Traduit de l’anglais par Frédéric Burnand

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