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La paix en Syrie passe-t-elle par Genève?

L'envoyé spécial de l'ONU Geir O. Pedersen supervise la réunion du Comité constitutionnel à Genève. Keystone / Salvatore Di Nolfi

Les travaux sur la révision de la Constitution syrienne commencent ce mercredi à Genève. Objectif: ouvrir la voie à des élections et mettre fin au conflit qui ravage le pays depuis 2011.

Après de nombreux cycles de pourparlers de paix qui ont échoué au cours des huit dernières années, tous les regards se tournent à nouveau vers Genève. Un congrès convoqué par la Russie l’année dernière a chargé l’envoyé spécial des Nations Unies Geir O. Pedersen de former un comité chargé de rédiger une nouvelle constitution. 

Le mois dernier, l’ONU a annoncé la conclusion d’un accord entre le gouvernement syrien et l’opposition sur la formation d’un Comité constitutionnel de 150 membres. Les Nations Unies considèrent qu’il s’agit du «premier accord politique concret» conclu par les parties belligérantes pour commencer à mettre en œuvre la feuille de route pour la paix, adoptée par les nations clés, à travers la résolution onusienne 2254Lien externe en 2015. Genève est la prochaine étape.

Le Comité constitutionnel compte 150 membres, comprend 50 personnes choisies par le gouvernement syrien, 50 par l’opposition et 50 représentants de la société civile choisis par l’ONU (30% du total sont des femmes). 

Chaque groupe désignera 15 personnes pour préparer et rédiger des propositions constitutionnelles qui seront soumises au comité pour adoption – idéalement par consensus, ou au moins à une majorité de 75%.

Il a fallu près de deux ans pour parvenir à un accord sur la composition du comité. La liste des membres désignés par l’ONU a fait l’objet de nombreuses objections, principalement de la part du gouvernement syrien.

Geir O. Pedersen supervise le processus. Il est le quatrième à occuper le poste d’envoyé spécial de l’ONU. Les trois précédents – dont l’ancien Secrétaire général de l’ONU Kofi Annan – ont tous démissionné après des années de pourparlers de paix qui n’ont abouti à rien.

Geir O. Pedersen pense que le comité pourrait ouvrir la porte à un processus politique plus inclusif et plus large, à des réformes et éventuellement à de nouvelles élections pour unifier la Syrie.

Il insiste sur le fait qu’il s’agira d’un processus dirigé par la Syrie et facilité par l’ONU, avec le soutien – mais non la participation directe – de puissances mondiales comme la Turquie, l’Iran, la Russie, les États-Unis, l’UE et l’Arabie saoudite, représentées par des envoyés spéciaux.

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Le comité se réunira à Genève «pour quelques jours», mais on ne sait pas exactement durant combien de temps il poursuivra son travail. «J’ai bon espoir que dans un avenir pas si lointain, nous verrons des progrès tangibles dans les discussions», a déclaré Geir O. Pedersen à la presse lundi.

Il admet toutefois que le comité ne peut à lui seul résoudre le conflit. Les pourparlers de Genève doivent ainsi être accompagnés de «progrès significatifs sur le terrain». Cela pourrait inclure des mesures destinées à instaurer la confiance telles que la libération des femmes et des enfants qui ont été détenus par les parties au conflit.

Comme le gouvernement du président syrien Bachar el-Assad dispose d’un avantage militaire évident, il pourrait être réticent à faire des concessions. La présence de représentants de Damas au sein du Comité Constitutionnel ne signifie pas que le régime est prêt à accepter un changement de la Constitution. De plus, de hauts responsables syriens ont suggéré qu’il pourrait se présenter à nouveau aux élections.

Depuis mars 2011, des centaines de milliers de personnes sont mortes dans le conflit syrien. Environ la moitié des 22 millions d’habitants que comptait la Syrie avant la guerre ont été déplacés, beaucoup à l’étranger, et une grande partie du pays est en ruines. 

Avec le soutien de la Russie et de milices appuyées par l’Iran, le gouvernement syrien est parvenu à reconquérir des zones tenues par les rebelles. Il détiendrait actuellement 60 % du pays. Les forces du régime se sont déployées dans les anciennes zones kurdes, dans le nord-est, à la suite de l’offensive turque du 9 octobre dernier.

Le nord-ouest de la Syrie, qui comprend la région d’Idlib, est la dernière grande région encore aux mains des rebelles. 

Damas et Moscou ont déclaré un cessez-le-feu le 31 août, après cinq mois de bombardements d’Idlib, qui, selon l’ONU, ont tué des centaines de personnes. Au cours du mois d’octobre, Bachar el-Assad a toutefois réitéré sa promesse de reprendre tous les secteurs qu’il avait perdus.

Contenu externe

Le soutien suisse

Comme lors des pourparlers de paix précédents, la Suisse apporte son soutienLien externe aux travaux du comité pour trouver une solution pacifique au conflit.

La Confédération a également mis en place à Genève une plate-forme de soutien à la société civile syrienne, qui permet à plus de 400 organisations et individus syriens de participer au processus de paix. 

Depuis 2011, la Suisse a fourni plus de 430 millions de francs suisses d’aide humanitaire à la Syrie.

(Adaptation de l’anglais: Katy Romy)

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