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Le chanoine valaisan Guy Luisier témoigne de son enlèvement au Kasai

Enlevé en mars dernier par des miliciens rebelles en République démocratique du Congo, le missionnaire valaisan Guy Luisier témoigne d'une épreuve qui lui a causé une souffrance avant tout "intellectuelle".

«Nous avons vu arriver dans notre maison de formation une trentaine de jeunes rebelles entre 10 et 30 ans, et en grande majorité d’adolescents», raconte Guy Luisier, chanoine de Saint-Maurice d’Agaune, dans le 19h30 de mardi 8 août à la RTS.Lien externe Il a été enlevé en mars dans la région du Kasaï, (au centre du pays) en proie à de violents conflits.

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Dans un rapportLien externe publié au début du mois, une équipe d’enquêteurs du Haut-commissariat des droits de l’Homme de l’ONU précise que 251 personnes, dont 62 enfants, ont été victimes d’exécutions extrajudiciaire entre mars et juin dans le Kasaï, perpétrées par des agents de l’État, des milices ou des rebelles.

Les exécutions ont été commises entre le 12 mars et le 19 juin, indique le Haut-commissariat, qui ajoute que sa Mission en RDC a recensé «au moins 80 charniers dans la région».

Le rapport se fonde sur des entretiens menés par les enquêteurs avec 96 personnes, qui ont fui vers l’Angola voisin, pour échapper aux violences en cours au Kasaï.

«Les survivants ont évoqué les cris de personnes brûlées vives, la vision de leurs proches traqués puis abattus, et leur propre fuite, terrorisés», a déclaré le Haut-commissaire aux droits de l’Homme Zeid Ra’ad al Hussein.

Témoignages accablants

Les combats ont commencé en août 2016 entre la milice Kamwina Nsapu et le gouvernement. Selon l’équipe de l’ONU, une autre milice, la Bana Mura, a été formée au printemps dernier par des personnes appartenant aux ethnies Tshokwe, Pende et Tetela, et ont attaqué les communautés Luba et Lulua.

L’équipe a aussi recueilli des témoignages de viols et d’autres formes de violence sexuelle.

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Tous les faits documentés par l’équipe de l’ONU impliquent des garçons et filles, âgés de 7 à 13 ans, engagés comme combattants par les Kamwina Nsapu.

Des témoins ont aussi rapporté que des groupes de filles, appelées les “Lamama”, accompagnaient la milice en “buvant le sang des victimes, dans le cadre d’un rituel magique censé rendre le groupe invincible”. Plus de 1,3 million de personnes ont été déplacées et 30’000 sont réfugiées, dit l’ONU.

Impasse politique

Ces violences et ces affrontements se développent, alors que ce pays grand comme 4 fois la France traverse une crise politique suite au report des élections.

Ce mardi, l’activité tournait au ralenti à Kinshasa (mégalopole de 10 millions d’habitants), pour la première des deux journées “ville morte” organisées par l’opposition qui demande la publication d’un calendrier électoral et le départ du président Joseph Kabila du pouvoir.

Âgé de 46 ans, M. Kabila dirige la RDC depuis 2001. Son deuxième mandat a expiré le 20 décembre 2016 et la Constitution lui interdit de se représenter.

Des élections devaient avoir lieu d’ici fin 2017, d’après un accord pouvoir-opposition. Elles seront sans doute retardées en raison des violences dans la région du Kasaï (centre), selon les autorités.

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