Rendez-vous… dans 50’000 ans!
Le public de La Bâtie, festival de Genève, a pu découvrir dimanche un projet extraordinaire, qui relève de l’astronomie, de la sociologie et de la poésie.
«KEO», tel est son nom… Et l’humanité entière est appelée à y participer.
Imaginons qu’un archéologue d’aujourd’hui tombe sur un coffre mystérieux. Et que dans ce coffre, il découvre d’innombrables témoignages de ce que fut la vie humaine il y a 50.000 ans…
La possibilité de savoir quelles étaient les préoccupations de cet homo sapiens qui , alors, balbutiait. Ses angoisses, ses espoirs. Ce en quoi il croyait. Ce qui le faisait rêver. Ce qui le révoltait. Pour le chercheur comme pour le grand public, ce serait le bonheur total, non?
Et bien c’est un peu ce bonheur que le Français Jean-Marc Philippe aimerait offrir à nos très lointains arrières-arrières-arrières-petits-enfants. Car le projet KEO consistera à envoyer dans l’espace, en 2006 ou 2007, un satellite porteur de millions de messages humains. Son retour sur Terre est programmé dans 50’000 ans.
Pourquoi ce nom bizarre de «KEO»? Il a été choisi pour sa neutralité. Les trois phonèmes k, e, o sont les plus usités parmi les 100 langages les plus parlés aujourd’hui sur Terre. Le nom est prononçable par tous.
KEO, surnommé aussi «le satellite porteur des espoirs du monde», est un projet qui a reçu le soutien de l’UNESCO.
Allô les Suisses!
Cette aventure, on a pu la découvrir à La Bâtie. Ou peut la suivre sur le site web du projet, qui sert également de lieu d’enregistrement des témoignages. Qu’on ne s’en prive pas: selon Jean-Marc Philippe, «nous avons beaucoup de messages du monde entier, mais la Suisse est peu représentée».
Chacun peut envoyer sa prose. Et, sur au maximum quatre pages A4, témoigner de sa vie, de ses joies, de ses peines. Les messages ainsi récoltés sont numérisés et gravés sur des disques de verre.
Et ce sont ceux-ci qui s’envoleront à bord d’un satellite, avec pour mission de voyager en orbite autour de la Terre pendant 50’000 ans. «Une page infalsifiable de l’Histoire sera ainsi transmise à nos descendants», commente Jean-Marc Philippe.
Poétique et… utile
Les messages rassemblés formeront donc une sorte de fresque de l’humanité du 21ème siècle. Une oeuvre collective qui devrait amener les gens à s’interroger sur eux-mêmes, sur leur destinée, sur leur condition.
Outre des millions de témoignages écrits, la capsule spatiale transportera une mosaïque de visages, montrant la diversité de l’humanité, une horloge sidérale, permettant de déterminer la date de lancement de KEO et une «bibliothèque d’Alexandrie contemporaine», reflétant l’état des savoirs au 21ème siècle.
Oui, les archéologues de l’an 52007 auront bien de la chance d’avoir tout ce matériel à disposition… Mais qu’on se rassure: les générations actuelles en profiteront aussi: KEO va également servir aux chercheurs contemporains.
L’énorme masse d’informations recueillie par le biais des témoignages sera rendue publique après la mise en orbite du satellite. Les messages feront l’objet d’analyses linguistiques et sociologiques. L’anonymat sera toutefois préservé, assure l’artiste français.
Des cartographies de sens et de contenu, ainsi que des images comparatives de nos cultures en résulteront. Car KEO vise comme but ultime de faciliter la réflexion et le dialogue entre les Hommes…
swissinfo et les agences
Pour enregistrer son message, on peut se rendre sur le site web de KEO.
Ou envoyer son texte sur papier à l’adresse suivante: Programme KEO, BP 100, 75262 Paris Cedex 06, France.
– Le projet KEO: envoyer dans l’espace, en 2007, un satellite qui tournera pendant 50.000 ans autour de la Terre.
– A son bord: des millions de témoignages de l’humanité du début du 21e siècle.
– «Une page infalsifiable de l’Histoire sera ainsi transmise à nos descendants», commente l’auteur du projet, le Français Jean-Marc Philippe.
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