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Rien de nouveau sous le soleil européen

Deux fois cette année, c'est une confirmation de la voie bilatérale avec l'UE qui est sortie des urnes. Keystone

En 2005, les Suisses ont soutenu une plus grande collaboration avec l'Union européenne (UE). Mais le dossier européen n'a pas pour autant évolué.

Il pourrait être relancé en 2006 avec le rapport gouvernemental sur les avantages et inconvénients d’une adhésion. Mais la plupart des partis n’en attendent pas grand-chose.

En juin, les Suisses ont accepté une participation aux accords de Schengen et Dublin (collaboration en matière de sécurité et de réfugiés). En septembre, ils ont approuvé l’extension de la libre circulation des personnes aux dix nouveaux membres de l’UE.

Ces votes ont mis un peu de baume au cœur de Bruxelles qui a en effet connu une année «noire» avec notamment le rejet de la Constitution européenne par les Français et les Néerlandais.

Poursuivre sur la voie choisie

Peut-on dès lors conclure que l’opinion des Suisses sur l’UE est devenue beaucoup plus favorable? Les représentants des principaux partis ne partagent pas cet avis.

«Simplement, la population a suivi la politique du gouvernement qui consiste à faire des accords bilatéraux, résume le député démocrate chrétien (PDC / centre droit) Pierre Koller. Beaucoup de personnes qui ne sont pas favorables à une adhésion ont préféré faire des accords bilatéraux sachant que l’UE est un partenaire obligé.»

«Je ne crois pas que la mentalité sur la question européenne ait changé, déclare la députée socialiste Géraldine Savary. Ce qui a changé, c’est notre rapport à l’ouverture et à la collaboration avec les pays voisins. Ces deux votations ont dédramatisé cette question.»

Pour tous les politiciens contactés par swissinfo, le diagnostic est le même: les votes de 2005 ne prouvent pas que les Suisses sont devenus des europhiles convaincus, mais montrent qu’ils entendent poursuivre sur la voie choisie par le gouvernement, soit celle des bilatérales.

Pas de retrait de la candidature

Si le peuple plébiscite la voie bilatérale, ne serait-il pas préférable de retirer la demande d’adhésion de la Suisse à l’UE, une demande «gelée» depuis plus de dix ans?

Chez les socialistes et les écologistes, où l’on milite pour une adhésion, il n’est bien sûr pas question d’un retrait. La question serait plutôt de savoir quand il sera possible de réactiver cette demande.

A droite on se rallie généralement à l’avis du gouvernement, à savoir que cette demande ne gêne personne puisqu’elle est inactivée, mais qu’un retrait froisserait inutilement l’UE.

Certains membres importants du Parti radical démocratique (PRD / droite) avaient certes demandé un retrait. Mais le parti s’en tient désormais à la ligne adoptée par le gouvernement, indique son porte-parole Christian Weber.

L’Union démocratique du centre (UDC / droite dure) reste le seul grand parti à réclamer un retrait. Vu que le gouvernement a toujours dit privilégier la voie bilatérale, maintenir cette demande revient à «tromper les gens» indique le député Oskar Freysinger.

Une année 2006 décisive?

De l’avis général, 2005 n’a pas modifié la donne par rapport à une éventuelle adhésion. Reste à voir si le rapport que livrera le gouvernement fera bouger les choses.

L’avis est en fait de plus en plus nuancé à mesure que l’on se dirige vers la droite de l’échiquier politique.

«Il faut une campagne d’information sur ce qu’est l’Europe et ce que signifie ne pas en faire partie, déclare le député écologiste Ueli Leuenberger. Je suis convaincu que si le gouvernement et les partis gouvernementaux –à l’exception de l’UDC – avaient une position plus claire, le peuple serait prêt à faire des pas importants en avant.»

«Il faut prendre acte que le bilatéralisme est limité, dit Géraldine Savary. Il faut donc reposer la question de l’Europe, mais de façon très pragmatique.» Cependant, pour la socialiste, il n’est pas possible résoudre la question européenne avant que le rapport de force entre la droite dure et une droite «constructive» ne soit rétabli.

Pour Pierre Koller, le rapport du gouvernement constitue un «élément essentiel» dans la prise de décision. Mais cela pourrait tout aussi bien les pousser vers l’adhésion que vers un rejet plus fort encore de l’UE.

Pour les radicaux, il ne faut pas trop attendre de ce rapport. «Ce sera une clarification, mais rien de plus, annonce Christian Weber. Le peuple a décidé de suivre la voie bilatérale et il convient maintenant de voir comment poursuivre sur cette voie.»

Enfin l’UDC considère d’ores et déjà ce rapport comme une «farce», vu qu’il est préparé par le Bureau de l’intégration. «C’est comme demander à un vendeur de sucrerie de faire un rapport sur les bienfaits du sucre sur les dents», ironise Oskar Freysinger.

swissinfo, Olivier Pauchard

L’extension de la libre circulation des personnes aux dix nouveaux membres de l’UE a été acceptée le 25 septembre par 56% des voix
L’accord sur la participation de la Suisse à l’espace Schengen/Dublin a été accepté le 5 juin par 54,6% des voix.

– En 1992, le gouvernement a déposé une demande d’adhésion de la Suisse à l’UE et a soumis une entrée du pays dans l’Espace économique européen (EEE).

– Le 6 décembre 1992, l’EEE a été refusé en votation.

– Suite à ce vote, le gouvernement a «gelé» la demande d’adhésion.

– Le rapprochement avec l’UE se fait désormais au travers d’accords bilatéraux. Deux «paquets» d’accords ont déjà été acceptés.

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