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Roche supprime des milliers d’emplois dans le monde

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Le groupe pharmaceutique bâlois Roche va supprimer environ 3000 emplois dans sa division «Pharma» durant ces deux ou trois prochaines années. Les sites les plus touchés sont ceux de Palo Alto et Nutley aux Etats-Unis, Welwyn en Grande-Bretagne et Bâle en Suisse. Les syndicats protestent et les analystes ne sont pas totalement convaincus.

La nouvelle était attendue. Roche l’a divulguée mercredi dans un communiqué, juste après la clôture de la Bourse suisse. Il a aussitôt déclaré vouloir limiter au maximum le nombre des licenciements.

Il faut dire que, ces derniers jours, les spéculations allaient bon train sur les projets de Roche destinés à réduire ses coûts. Globalement, cet épisode s’inscrit dans un feuilleton qui dure depuis plusieurs semaines.

Ainsi, le 8 mai, Novartis provoquait un véritable coup de tonnerre en annonçant le rachat à Martin Ebner de 20% des actions au porteur de Roche pour une somme de 4,832 milliards de francs.

Le même jour, Roche renvoyait son chef des finances, Anton Affentranger, cinq mois à peine après son entrée en fonction. Auparavant, début avril, les administrateurs avaient essuyé les critiques virulentes de Martin Ebner, qui réclamait une «nouvelle tête» pour le groupe et une stratégie crédible.

Dans une récente interview à l’hebdomadaire Sonntagsblick, le patron de Roche, Franz Humer, avait toutefois estimé qu’une fusion des deux groupes bâlois n’était pas à l’ordre du jour.

Mercredi, Franz Humer a déclaré à l’ats que Roche doit renforcer son organisation et ses infrastructures pour améliorer sa compétitivité sur le marché mondial, condition de son indépendance.

L’économie engendrée par les suppressions d’emplois n’est pas encore connue. Les coûts de cette restructuration n’ont pas encore été calculés, a précisé M. Humer. Les chiffres pourraient être annoncés avec les résultats du premier semestre.

L’objectif est de porter la marge opérationnelle de la division pharma à 20-25 %, a précisé le patron de Roche. Le bénéfice opérationnel de la division est passé de 19 à 18 % durant l’exercice 2000 contre 31 % pour la division pharma de Novartis.

Outre Bâle (600 emplois supprimés), les Etats-Unis et l’Angleterre sont concernés. Les principaux sites touchés sont Nutley (900) et Palo Alto (200), aux Etats-Unis, ainsi que Welwyn (700) en Angleterre.

Le nombre de sites consacrés à la recherche sera limité pour permettre une meilleure utilisation des ressources. Le développement clinique sera rationalisé. La production sera réorganisée pour réduire les surcapacités.

Sur un autre plan, la multinationale bâloise va passer à la loupe l’organisation de ses filiales, tout particulièrement aux Etats-Unis. Elle entend également intensifier ses efforts pour acquérir de nouveaux produits sous licence. Des alliances sont envisagées.

Les gouvernements des deux Bâle, qui ont accueilli la nouvelle «avec regret», demandent une clarification de la situation des employés. L’Association de ces derniers estime que les suppressions d’emplois annoncées sont «fausses, contre-productives» et ne profitent qu’aux actionnaires.

Le Syndicat industrie et bâtiment (SIB) proteste lui aussi contre la restructuration. Il la juge pire que prévu. Cette stratégie d’assainissement et de maximisation du profit se fait au détriment des employés, souligne le SIB.

Côté marchés financiers, les analystes ne sont pas pleinement convaincus, même s’ils estiment globalement que la mesure est «un pas dans la bonne direction». Les licenciements annoncés ne sont pas suffisants pour atteindre une marge opérationnelle de 20-25 %, estime Birgit Kuhlhof, chez Lombard Odier & Cie.

«Roche souffre à la fois d’un problème de marges et de croissance», souligne Jean-Luc Lederrey, de la Banque cantonale de Genève (BCGe). Le groupe se concentre pour l’instant sur l’amélioration de ses marges, mais il lui faudra ensuite relever sa croissance. A la Bourse suisse, le bon Roche a clôturé mercredi en baisse de 2 % à 134,75 francs.

La division pharmacie de Roche emploie 41.400 personnes et a enregistré en 2000 un chiffre d’affaires de 17 milliards de francs suisses. Elle représente les deux tiers du chiffre d’affaires de la firme.

swissinfo avec les agences

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