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Ruag se démène dans un environnement hostile

Ruag Aerospace à Emmen. Keystone

La société technologique et d'armement souffre de la diminution du budget de l'armée suisse. Ses clients civils sont, eux, aux prises avec une conjoncture atone.

Les exportations d’armes lui permettent de remplir ses obligations face à l’armée suisse.

Le groupe d’armement suisse Ruag a passé une année 2002 en demi-teinte. Le bénéfice de la société détenue entièrement par la Confédération a chuté de 60,4% à 44 millions de francs. C’est ce qu’a annoncé Ruag, mardi à Berne, lors d’une conférence de presse.

Idem pour son résultat d’exploitation (EBIT) qui a reculé de 32,2% à 63,5 millions de francs. En revanche, son chiffre d’affaires a légèrement augmenté, de 2,4% à 1,006 milliard de francs.

Une acquisition profitable

A noter que sans l’acquisition de la division munitions de petit calibre pour le sport et la chasse du groupe allemand Dynamit Nobel, ce même chiffre d’affaires aurait clôturé l’année 2002 sur une baisse de 4,8%.

Les anciennes entreprises d’armement de la Confédération, incorporées dans Ruag (Rüstung- und Industriegruppe AG) en 1999, expliquent cette performance moyenne par l’environnement conjoncturel exécrable de l’année dernière.

Conformément aux programmes d’économies décrétés par le Parlement, les commandes du Département fédéral de la défense (DDPS) sont ainsi passées à 60% du chiffre d’affaires alors qu’elles comptaient encore pour 86% lors de la création de Ruag.

Par ailleurs, le climat économique ambiant n’a pas permis aux activités civiles (industrie automobile, semi-conducteurs et aéronautique) de prendre le relais. Elles ont contribué à 25% du chiffre d’affaires en 2002 et les perspectives pour 2003 sont encourageantes.

Les prévisions anticipent qu’elles contribueront au chiffre d’affaires à hauteur de 37%. Une croissance bienvenue puisque la contribution du DDPS devrait, elle, passer de 60% à moins de 50%.

Une ombre au tableau

Une ombre plane pourtant sur l’avenir de la société. Du 20 mars au 16 avril, le gouvernement a soumis les exportations d’armes (vers les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Australie, le Danemark et la Pologne) à un contrôle strict.

Des grenades livrées depuis plusieurs années à la Grande-Bretagne et des pièces équipant les avions F/A 18 de l’armée américaine étaient plus particulièrement visées.

Si l’impact de ces mesures sur les ventes reste marginal, leurs conséquences à long terme restent difficilement prévisibles. Un rapport interne du Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) laisse même entendre que des mesures de rétorsions pourraient être mises en œuvre.

Cette mesure serait catastrophique, non seulement pour la santé de l’entreprise, mais aussi pour la technologie militaire suisse.

Car, en contrepartie de ses exportations, Ruag peut acquérir le savoir-faire indispensable pour remplir ses obligations envers l’armée suisse.

Le droit reste flou

La Confédération somme en effet Ruag d’acquérir par des coopérations internationales les compétences techniques nécessaires pour équiper l’armée suisse et lui permettre ainsi de remplir son mandat.

«La politique d’exportation n’est pas une voie à sens unique, a déclaré Toni Wicki, patron de Ruag, nous attendons de nos partenaires qu’ils nous livrent en tout temps le savoir-faire et le matériel nécessaire à notre armée».

Une nécessité que le droit fédéral a parfaitement digérée. Les exportations d’armes sont en effet soumises à deux types de restrictions.

«Le maintien de la paix, de la sécurité internationale et de la stabilité régionale» d’une part, «l’attitude du pays de destination envers la communauté internationale, notamment sous l’angle du respect du droit international public», d’autre part.

Des contraintes légales que Ruag affirme avoir toujours respectées.

swissinfo, Jean-Didier Revoin

– Le bénéfice de Ruag s’est affaissé de 60% à 44 millions de francs.

– La société est née de la réorganisation des Entreprises d’armement de la Confédération en 1999.

– Dans le civil, le groupe est actif dans l’industrie automobile, les semi-conducteurs et l’aéronautique.

– Durant la Guerre du Golfe II, Ruag a été l’objet de vives critiques pour ses exportations d’armes.

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