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Sécurité à Davos: un appel à l’insoumission

En 2004, des membres des forces aériennes ont participé à la protection du WEF. Keystone Archive

Les antimilitaristes appellent les soldats suisses à refuser de servir aux côtés de la police pendant le Forum économique mondial (WEF) de Davos.

Malgré l’opposition de la gauche, les députés du conseil national ont donné jeudi leur aval à l’engagement d’au maximum 6500 militaires pour 2005 et 2006.

Les attaques de la part du camp rose-vert, très critique envers le WEF en soi, n’ont pas manqué à la Chambre du peuple.

Les soldats ne sont pas les personnes qualifiées et compétentes pour assurer des missions de police, a déclaré la députée écologiste Pia Hollenstein.

Une plate-forme exceptionnelle

La majorité bourgeoise ne l’a pas entendu de cette oreille. Le Forum de Davos est une plate-forme exceptionnelle pour les affaires étrangères helvétiques et un événement très important pour l’image de la Suisse, a souligné le radical (PRD / droite) Duri Bezzola au nom de la commission.

Ce dernier a également insisté sur le fait que l’appui aux autorités civiles était l’une des missions prévues de l’armée.

Des attaques contre des personnalités voire des actes terroristes restent possibles, a noté pour sa part le démocrate du centre André Bugnon (UDC / droite dure)

Dès lors, aucune concession n’a été faite. Par 107 voix contre 66, le conseil a refusé de limiter l’exercice à 2005 et a approuvé le principe d’un engagement de l’armée en 2006, pour autant que la menace ne se modifie pas.

Les autorités grisonnes devront toutefois déposer une demande formelle.

Demande des Grisons



Jusqu’à 6500 militaires, de milice ou professionnels, pourront épauler les autorités civiles à Davos. L’engagement pour 2005 répond à une demande adressée par le gouvernement grison.

Le service d’appui durera au plus du 17 au 31 janvier 2005. Le Forum économique proprement dit aura lieu du 26 au 30 janvier.

Côté finances, la Confédération participera à raison de 80% aux frais du dispositif supplémentaire visant à assurer la sécurité des personnalités. Sa part se limitera cependant aux trois huitièmes des coûts budgétés et au maximum à 3 millions de francs par année.

«Anticonstitutionnel»

Pour le Groupe pour une Suisse sans armée (GssA), l’engagement de militaires est contraire à la Constitution fédérale.

Celle-ci autorise l’intervention de l’armée pour des événements exceptionnels. Or le Forum économique de Davos ne mérite pas ce qualificatif, car il revient chaque année, martèle Tom Cassee, secrétaire du GssA.

«Nous n’avons pas été formés pour faire face à des manifestants. C’est pourquoi de telles interventions sont dangereuses tant pour nous que pour les personnes face auxquelles nous devons nous interposer», explique pour sa part Marc Kalbermatter, du «Comité de soldats contre les engagements de l’armée à l’intérieur».

Réunissant une vingtaine de soldats, ce comité a lancé un manifeste, signé par douze conseillers nationaux issus des rangs de la gauche. Le texte a en outre reçu le soutien de l’ensemble du groupe parlementaire des Verts.

Attention aux conséquences

Refuser d’assurer la protection du WEF ne serait cependant pas sans conséquences.

Les soldats qui suivront ce mot d’ordre, ils se verront appliquer les punitions prévues par le règlement de service dans toute leur rigueur, a expliqué un porte-parole du ministère de la Défense, Martin Bühler.

Par ailleurs, le Code pénale stipule que l’incitation au refus de servir est passible de prison.

swissinfo et les agences

Le Conseil national a accepté l’engagement de l’armée par 109 voix contre 45.
6500 soldats au maximum pourront être engagés pour la protection du WEF en 2005 et 2006.
En 2005, cet engagement durera du 17 au 31 janvier.
La Confédération paye 80% des frais, mais au maximum 3 millions de francs par année.

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