Sérieuses menaces sur la Revue Suisse
Le ministère des Affaires étrangères (DFAE) veut réduire le budget de la revue destinée aux expatriés de 1,8 à 1,3 million de francs. L'Organisation des Suisses de l'étranger (OSE) fera tout pour se défendre contre cette décision.
La menace planait depuis le printemps, c’est désormais du concret: à partir de l’année prochaine, la revue en cinq langues destinée aux Suissesses et aux Suisses de l’étranger devrait recevoir un demi-million de moins de la part de la caisse fédérale. Lars Knuchel, porte-parole des Affaires étrangères, a confirmé mardi l’information donnée par la Radio alémanique.
La décision a été prise avant tout pour des raisons d’économies. Comme tous les départements fédéraux, le DFAE doit tenir dans ce domaine les objectifs fixés par le Parlement et par le Gouvernement.
Perte de qualité
«Avec ce demi-million en moins, nous ne pourrons qu’être encore moins en phase avec l’actualité», regrette Heinz Eckert, rédacteur en chef de la Revue Suisse. Ainsi, le magazine devra descendre à quatre parutions annuelles, au lieu de six actuellement.
Le DFAE veut malgré tout maintenir ce canal d’information pour les Suisses de l’étranger, assure Lars Knuchel. Il envisage également de développer le site Internet déjà existant de la Revue Suisse. Une réflexion sera engagée à ce sujet avec l’OSE.
Mais pour son directeur, il n’est pas question de remplacer simplement un magazine sur papier par une revue sur écran. «Les Suisses de l’étranger n’ont pas tous accès à Internet», plaide Rudolf Wyder.
Et de rappeler qu’informer les expatriés afin qu’ils puissent prendre part à la vie politique du pays fait partie des tâches de la Confédération.
«La Revue remplit ce mandat. Elle est aussi un important canal de communication pour les consulats et les associations d’expatriés dans les régions», ajoute Rudolf Wyder.
Pour le maintien de la forme actuelle
Le directeur de l’OSE est également opposé à l’idée d’une Revue Suisse que l’on n’obtiendrait plus que sur demande. «Nous devons toucher tous nos compatriotes vivant à l’étranger, rappelle-t-il. Et de cette manière, ce ne serait plus possible».
L’OSE ne se contentera donc pas de prendre acte de cette mesure d’économie. Elle compte bien se défendre, en ameutant les élus et particulièrement ceux qui font partie de l’intergroupe parlementaire «Suisses de l’étranger».
La question sera évidemment aussi discutée ce 22 août à Fribourg, lors du Congrès annuel des Suisses de l’étranger.
Ce printemps déjà, les associations suisses de France, d’Allemagne et d’Italie avaient adressé des résolutions à la ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey, demandant que le Revue Suisse continue à être distribuée sous sa forme actuelle à toutes les Suissesses et à tous les Suisses vivant à l’étranger.
swissinfo, Gaby Ochsenbein
(traduction de l’allemand: Marc-André Miserez)
Plus de 650’000 Suisses vivent à l’étranger, dont la grosse majorité dans l’Union européenne.
Près de 120’000 d’entre eux sont inscrits sur les listes électorales afin de participer aux élections et votations qui se déroulent en Suisse.
Le magazine destiné aux expatriés paraît depuis 35 ans en allemand, français, italien, anglais et espagnol. Ces cinq éditions ont un tirage cumulé de 400’000 exemplaires.
La Revue est distribuée gratuitement à 670’000 Suissesses et Suisses de l’étranger.
Elle les informe sur les développements en cours dans le pays et dispense, entre autres, des explications sur les lois, les droits et les devoirs qui les concernent directement.
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