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Schengen: la droite dure brandit le référendum

Un non clair à l'accord de Schengen à l'Albisguetli. Keystone

L’Union démocratique du centre tient à ce que les Suisses se prononcent sur l’accord de Schengen, qui fait partie des accords bilatéraux II.

Le parti de la droite dure lancera un référendum contre l’accord si le Parlement refuse de le soumettre de lui-même au vote populaire.

La semaine dernière, le gouvernement (Conseil fédéral) avait décidé de ne pas soumettre au référendum obligatoire la participation de la Suisse à l’espace Schengen.

Conséquence: 50’000 signatures seraient nécessaires pour combattre cet accord en votation populaire. L’UDC est prête à tenter le coup en compagnie de l’ASIN (Action pour Suisse indépendante et neutre), comme l’ont décidé ses délégués, samedi à l’Albisguetli (Zurich).

Là même où il y a 12 ans, le parti du conseiller fédéral Christoph Blocher avait décidé de combattre le projet d’adhésion de la Suisse à l’Espace économique européen (EEE)…

Appel au gouvernement

Concrètement donc, l’UDC lancera son référendum si le Parlement suit le Conseil fédéral et ne le soumet pas au vote populaire. Pour ce faire, ses délégués ont donné carte blanche à la direction du parti.

Mais l’UDC fait encore mine d’y croire et appelle le Conseil fédéral à revenir sur sa décision. Selon le député et vice-président du parti Toni Brunner, cet accord a une portée trop grande pour que le peuple ne soit pas consulté.

Et de fait, seuls 11 délégués sur 355 n’ont pas voulu que l’UDC se prononce de suite sur l’opportunité de lancer le référendum. Parmi la minorité, certains ont exigé que l’UDC mène d’abord une discussion de fond sur l’accord.

«Cette décision est prématurée, estime le député vaudois Pierre-François Veillon. Je ne sais pas encore si je suis pour ou contre Schengen. Nous n’avons pas pu lire les textes et ne connaissons pas ses aspects économiques.»

Une lutte efficace

Aux yeux du sénateur schaffhousois Hannes Germann, les arguments fallacieux doivent être évités. «Aujourd’hui déjà, seuls 1 à 2% des personnes qui passent la frontière sont contrôlées.» Schengen ne changera donc rien, observe-t-il.

Toujours selon Hannes Germann, une lutte efficace contre la criminalité et les abus migratoires passe par la collaboration avec l’Union européenne (UE).

Face à ces arguments, d’autres, plus typiques de l’UDC. Pour le chef du groupe UDC aux Chambres par exemple, l’accord de Schengen entraînera «une perte de souveraineté» pour le pays.

La Suisse «serait non seulement contrainte d’adapter sa politique de sécurité au contenu actuel du contrat, mais aussi au développement futur de ce droit», estime Caspar Badder. Et cela sans pouvoir participer aux décisions à Bruxelles.

«Le Conseil fédéral veut ainsi préparer le terrain à l’adhésion à l’UE», assure aussi le député.

Perte de maîtrise

Son collègue valaisan Oskar Freysinger a mis l’accent sur les risques pour la sécurité du pays. «La Suisse n’aura plus le droit d’effectuer des contrôles d’identité à la frontière et ne pourra plus mener sa propre politique des visas», met-il en garde. Elle perdra «totalement la maîtrise des flux migratoires».

Conseiller fédéral depuis six mois, Christoph Blocher était censé être de la partie à l’Albisguetli pour y défendre la position du gouvernement, collégialité oblige.

Mais le Zurichois a préféré aller fêter samedi les 475 ans de la soupe au lait de Kappel (Zoug), qui avait permis à l’époque d’éviter une guerre de religion entre catholiques et protestants.

swissinfo et les agences

Les 9 dossiers des bilatérales II portent sur:

La fiscalité de l’épargne
La lutte contre la fraude fiscale
La coopération judiciaire, policière, sur l’asile et la migration (Schengen/Dublin)
Les produits agricoles transformés
L’environnement
Les médias
L’éducation et la formation professionnelle
Les statistiques
Les retraites

– Le gouvernement ne souhaite pas soumettre les 9 accords bilatéraux au référendum obligatoire, mais 7 sept d’entre eux au référendum facultatif. Dont Schengen/Dublin.

– Le référendum obligatoire ne s’impose pas car ces accords ne prévoient pas l’adhésion à une organisation de sécurité collective ou à une communauté supranationale.

– C’est le cas aussi pour l’accord sur Schengen/Dublin, puisque Schengen n’est pas une organisation mais une forme de coopération internationale.

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