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Schengen/Dublin: la dernière ligne droite

Ton agressif et dessin stylisé inspiré des années 50: détail d'une affiche des adversaires. Keystone

A une semaine du vote populaire, la campagne autour de l’accord de Schengen/Dublin est entrée dans sa phase finale ce week-end.

Après la campagne choc des adversaires, les partisans redoublent d’efforts pour convaincre les indécis. A l’image du ministre Hans-Rudolf Merz qui soutient l’accord dans une lettre ouverte.

Alors que la France vote ce dimanche sur la constitution européenne, la campagne sur l’accord de Schengen/Dublin vit ses derniers soubresauts en Suisse.

Ce week-end, les partisans de l’accord entre la Suisse et l’Union européenne ont pris la parole dans la presse pour tenter de faire pencher la balance du côté du «oui». Le dernier sondage paru mercredi indiquait en effet une progression du «non».

Les milieux de l’économie ont réagi aux affiches choc des opposants, tandis que le ministre suisse des finances Hans-Rudolf Merz prenait la plume pour expliquer les raisons de son revirement en faveur de l’accord de Schengen/Dublin.

Le revirement de Hans-Rudolf Merz

Si l’Union démocratique du centre (UDC, droite dure) est à l’origine du référendum contre l’accord, Hans-Rudolf Merz, membre du parti radical (PRD, droite), n’avait pas caché son scepticisme à l’égard des accords lorsqu’il était encore sénateur.

Dans une lettre ouverte publiée samedi par le quotidien alémanique Blick, Hans-Rudolf Merz – désormais membre du gouvernement – souligne que l’obtention par la Suisse d’une série de «dérogations décisives» l’ont convaincu d’abandonner ses réserves initiales.

«C’est pourquoi j’ai voté oui à Schengen au sein du Conseil fédéral». Il rappelle également l’argumentaire du gouvernement en faveur de cet accord, soumis au vote du peuple le 5 juin suite au référendum de l’UDC et de l’Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN).

Hans-Rudolf Merz n’est pas le seul conseiller fédéral à avoir revu son opinion et en avoir fait état publiquement. Le président de la Confédération Samuel Schmid (UDC) a lui aussi «eu des doutes». Il a finalement conclut que «le bilan que l’on peut dresser de Schengen est plutôt positif», comme il l’expliquait la semaine dernière dans le quotidien Le Temps.

Soutien des milieux économiques

Les milieux de l’économie sont également montés au créneau. Dans un appel publié samedi soir, le comité «Economie suisse pour les bilatérales» s’est inquiété du «tour préoccupant» que prenait la discussion à quelques jours du scrutin. «Ceux qui ont exigé pendant longtemps la voie bilatérale souhaitent maintenant la bloquer par tous les moyens», a-t-il regretté.

Le comité a aussi dénoncé les arguments «déloyaux» des opposants, ainsi que leur propension à «peindre le diable sur la muraille» et à «propager de fausses informations».

Ce comité regroupe entre autres l’ancien ministre Kaspar Villiger, l’ex-président du Parti radical suisse Franz Steinegger, le patron de l’UBS Marcel Ospel, ainsi que ceux du Credit Suisse Group Walter Kielholz et de Roche Franz Humer.

«La goutte qui a fait déborder le vase»

Dimanche, le président de l’association faîtière economiesuisse, Ueli Forster, est revenu à la charge pour critiquer le style et le contenu de la campagne des opposants.

Leurs annonces selon lesquelles les emplois disparaîtront à cause de Schengen/Dublin est la goutte qui a fait déborder le vase, a-t-il déclaré dans une interview à l’hebdomadaire dominical SonntagsZeitung.

L’activisme manifesté ces derniers jours par les partisans de Schengen n’est pas dû à la crainte d’un «non» en progression, a encore contesté Ueli Forster. Il s’agit surtout, selon lui, de rectifier les «contrevérités». «Nous ne pouvons pas ne pas répondre aux mensonges.»

Parmi ceux-ci figure d’après lui l’idée que Schengen mène à une adhésion de la Suisse à l’Union européenne. C’est faux: la majorité des dirigeants économiques et des partisans de Schengen ne veulent pas entrer dans l’UE, a rappelé le président d’economiesuisse.

Soutien allemand

Le ministre allemand de l’intérieur Otto Schily va dans le même sens. Dans une interview parue dans l’hebdomadaire alémanique SonntagsBlick, il a souligné que Schengen concernait les contrôles aux frontières, et non pas le marché du travail.

Pour lui, la Suisse a un intérêt à ce que le trafic frontalier soit fluide. Le ministre allemand rappelle que ce sont en premier lieu les entreprises qui se sont plaintes quand l’Allemagne a appliqué à la lettre, au printemps 2004, les prescriptions de l’espace Schengen et a renforcé ses contrôles à la frontière avec la Suisse.

Otto Schily affirme par ailleurs qu’une version light de l’accord de Schengen – soit l’accès au système commun de recherche SIS sans l’ouverture des frontières – «n’entre pas en ligne de compte». L’UDC, notamment, estime que cette option suffirait.

swissinfo et les agences

Le dernier sondage avant la votation du 5 juin montre une nette érosion du soutien à l’adhésion de la Suisse aux accords de Schengen/Dublin.
Alors qu’à fin avril, les partisans du oui étaient encore 62%, cette proportion est tombée à fin mai à 55%.
Le camp du non gagne 14 points, passant de 21% à 35% des personnes interrogées.
Quant aux indécis, ils ne sont plus que 10%, contre 17% lors du dernier sondage.

– L’accord de Schengen règle et facilite la libre circulation des personnes. Il prévoit une collaboration entre les Etats dans les domaines de la justice et de la police, notamment pour la lutte contre le crime organisé et les trafics d’armes et de drogue.

– L’accord de Dublin prévoit également une collaboration entre Etats, dans le domaine de l’asile. Il s’agit notamment d’éviter qu’un requérant débouté dans un pays puisse présenter une demande dans un autre pays.

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