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Elargir son horizon grâce à Erasmus

Sorti en 2002, le film «L'auberge espagnole» de Cédric Klapisch a contribué à populariser le programme Erasmus. cinetext.de

Le programme européen d’échange estudiantin Erasmus fête ses 25 ans. La Suisse y participe depuis 20 ans et en est à nouveau membre à part entière depuis l’année dernière. Le nombre d’échanges va grandissant.

«Erasmus encourage la compréhension culturelle entre les pays, renforce le sentiment d’appartenance commune, ce qui peut se révéler un élément stabilisateur pour l’Europe, surtout en période de crise». C’est la conviction de Marco Amherd, un jeune Valaisan de 24 ans, choisi pour représenter la Suisse lors des célébrations du 25e anniversaire d’Erasmus en mai dernier à Copenhague. Il est l’un des 230’000 étudiants européens ayant profité du programme durant la dernière année universitaire.

Après un bachelor en économie et en musique à Zurich, Marco Amherd a passé une première année de master au Centre d’études supérieures de musique et de danse de Toulouse. Après une longue recherche, il a trouvé un tuteur «d’excellente réputation» pour son instrument, l’orgue. En dix mois, il a noué d’importants contacts avec d’autres musiciens, «ce qui est élémentaire pour réussir sa carrière», explique le jeune homme.

Etudes et aventure

La plupart des jeunes universitaires qui s’inscrivent, pour un ou deux semestres, dans une autre haute école européenne, ne veulent pas seulement approfondir leurs connaissances et améliorer leurs chances sur le marché du travail. Ils veulent aussi découvrir de nouveaux pays, de nouvelles cultures, rencontrer de nouvelles personnes, nouer des amitiés et rompre avec leur quotidien.

Un échange dans le cadre d’Erasmus, c’est bien plus que changer d’université ou de domicile, explique Marco Amherd. «Etre loin de chez soi pour un certain temps, cela m’a aussi aidé à devenir plus indépendant et plus sûr de moi, ce qui m’a aussi fait du bien en tant que musicien.»

En 2010/2011, près de 2300 étudiants suisses ont participé à Erasmus. Parmi leurs destinations favorites figurent l’Allemagne, l’Espagne et la France. Ces pays disposent d’une offre conséquente en programmes Erasmus. La moitié des quelque 2700 étudiants Erasmus venus en Suisse durant la même période venaient aussi de ces trois pays.

«La plupart viennent pour apprendre le français ou l’allemand», explique Brianne Magnat, présidente de la section suisse du Réseau d’étudiants Erasmus (ESN). «Mais ils viennent aussi parce qu’ils sont proches de la nature et peuvent pratiquer des sports d’hiver. De plus, la Suisse est une base idéale pour voyager en Europe.»

Les Hautes écoles polytechniques fédérales de Lausanne et de Zurich, de même que les universités de Genève et de Lausanne, sont très demandées «pour leur excellente réputation». Genève attire également en raison de «son internationalité et de la présence des organisations de l’ONU», ajoute Brianne Magnat.

La Suisse, une destination courue

Le nombre d’étudiants Erasmus augmente d’année en année. Mais les étudiants venant en Suisse restent plus nombreux que les universitaires helvètes partant à l’étranger. «Cela montre que la Suisse est une destination courue, grâce à l’excellente réputation de ses hautes écoles», explique Karin Christen, responsable du programme Erasmus à la Fondation «ch pour la collaboration confédérale.»

Le coût de la vie, le dialecte alémanique et l’absence de l’anglais dans de nombreux cours sont cependant des obstacles pour les étudiants étrangers. Les subventions de l’Union européenne tiennent compte de l’index des prix des différents pays, mais la Suisse reste chère et «en empêche certains de venir», ajoute Karin Christen.

C’est pourquoi Brianne Magnat demande une amélioration de l’offre en bourses. De plus, le manque d’appartements dans des villes comme Genève ou Zurich n’arrange pas les choses. «Beaucoup d’étudiants européens souhaiteraient venir une année en Suisse, dit la présidente. Mais ils ne trouvent pas d’appartement et ne viennent pas». Là aussi, selon elle, un soutien serait nécessaire.

Marco Amherd souhaite aussi pouvoir suivre davantage de cours en anglais dans les universités participant à Erasmus, surtout dans la filière du master. Selon lui, cela aiderait les étudiants sur le marché du travail. En même temps, admet-il, une haute école ne doit pas oublier son environnement linguistique, car «la langue peut aussi imprimer son caractère à une haute école.»

Depuis une année, la Suisse est à nouveau membre à part entière d’Erasmus. Après le non à l’Espace économique européen (EEE) en 1992, elle n’en avait plus été que partenaire indirect. Marco Amherd espère que le nombre d’étudiants venant en Suisse augmentera, car une adhésion pleine permet d’élargir l’offre et les partenariats.

Une expérience unique

Même avec Erasmus et un doublement du nombre d’échanges, la mobilité estudiantine continue à être à la traîne, en comparaison européenne. «De nombreux étudiants ont un job à côté de leurs études, et il leur est difficile de partir une année, explique Karin Christen. Certains ont aussi un peu peur des difficultés administratives entraînées par un échange.»

Autre problème, avance Brianne Magnat: «Les universités suisses ne reconnaissent pas toujours le travail effectué à l’étranger. Certains candidats à un échange renoncent à cause de cela, car ils ne veulent pas perdre de temps dans leurs études.»

«En fait, un ‘Learning Agreement’ conclu entre l’université de départ et l’université hôte devrait garantir la reconnaissance des acquis, précise Karin Christen. Mais il est vrai que l’on entend régulièrement que cela n’est pas le cas.» Ce problème n’est toutefois pas spécifique à la Suisse et est débattu partout en Europe.

Malgré toutes ces difficultés, Erasmus jouit d’une bonne image auprès des étudiants. Nombre d’entre eux ne veulent pas manquer l’occasion de réaliser cette expérience, unique.

«Mais ceux qui espèrent que tout soit comme à la maison feraient mieux de rester chez eux», conclut Marco Amherd.

Les célébrations du 25e anniversaire du programme d’échanges universitaires européens ont lieu dans toute l’Europe. A Berne, la fête est organisée le 27 septembre par la Fondation ch pour la collaboration confédérale et par le Réseau étudiants Erasmus (Erasmus Student Network, ESN).

Lancé en 1987, le programme de mobilité étudiante Erasmus réunit aujourd’hui 33 pays (27 membres de l’Union européenne, la Suisse, la Norvège, l’Islande, le Liechtenstein, la Croatie et la Turquie) et plus de 4000 hautes écoles.

Budget annuel: 450 millions d’euros.

Jusqu’en 2013, environ 3 millions d’étudiants auront effectué un séjour dans une autre université européenne grâce à Erasmus.

Principaux pays de départ: France, Allemagne et Espagne.

Principaux pays d’accueil: Espagne, France et Allemagne.

Trente-six universités, EPF, Hautes écoles spécialisées, Hautes écoles pédagogiques et Ecoles supérieures suisses participent actuellement au programme Erasmus.

Nombre de participants au programme:

– 26’000 étudiants de 1992 à 2009

– 2300 étudiants environ et près de 400 enseignants en 2010/11. Durant la même période, 2700 étudiants étrangers sont venus en Suisse, deux fois plus que dix ans plus tôt.

Budget annuel: environ 6 millions de financement de l’UE.

Les destinations privilégiées des étudiants helvétiques sont l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne.

Hautes écoles les plus recherchées en Suisses: EPFL (Lausanne), Université de Genève, EPF de Zurich, Université

(Traduction de l’allemand: Ariane Gigon)

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