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Premier œil artificiel greffé à Genève

Les chirurgiens des Hôpitaux universitaires genevois en train de poser des implants rétiniens.

Des ophtalmologues des Hôpitaux universitaires genevois ont réussi à implanter une rétine artificielle sur un patient aveugle.

La personne a retrouvé une certaine perception de la lumière. L’opération, qui a eu lieu le 11 février, était une première européenne.

La rétine artificielle est un stimulateur électronique. «L’implant comprend soixante électrodes et une caméra vidéo externe pour la capture d’images», expliquent les Hôpitaux universitaires genevois (HUG) dans un communiqué célébrant le succès de l’opération.

Le processus a pour «but de redonner un certain degré de perception visuelle à des personnes atteintes de cécité acquise», précise encore l’Hôpital. Le patient perçoit la lumière, des formes et le mouvement.

«Nous ne sommes pas loin de la science-fiction», déclare Avinoam Safran, patron du Service ophtalmologique des HUG. «Il y a dix ans, nous n’aurions jamais pu imaginer que nous atteindrions un tel degré de sophistication technologique», ajoute-t-il.

Il énumère la conception de la puce électronique, l’«extraordinaire miniaturisation et la capacité à reconstruire des tissus nerveux aussi complexes que cette partie de la rétine».

La rétine est une fine couche de cellules qui font partie de notre système nerveux central. Elle tapisse le fond du globe oculaire et transforme la lumière en impulsions électriques que le cerveau peut interpréter. Elle peut être comparée au film d’une caméra.

Extrêmement complexe

Les implants rétiniens sont surtout destinés à des personnes aveugles suite à des formes héréditaires de cécité dues à des maladies. La «retinitis pigmentosa», qui touche 1,5 million de personnes de par le monde, est l’une de ces maladies. Elle cause la mort progressive des cellules tapissant le globe oculaire.

L’opération était extrêmement complexe. Il s’agissait de fixer les électrodes, grands comme un quart de timbre, derrière la rétine avec des micro-clous. Mais les électrodes ne suffisent pas.

Une caméra montée sur des lunettes capture les images. Les images sont envoyées à un mini-ordinateur de la taille d’une main porté à la ceinture du patient, qui convertit ces informations visuelles en signaux électriques.

Les images sont ensuite retransmises dans les lunettes et à un récepteur fixé près du devant de l’œil, qui les envoie ensuite aux électrodes à l’arrière, qui génèrent alors des impulsions électriques.

Ces impulsions provoquent des réponses dans la rétine. Elles passent par le nerf optique et arrivent au cerveau, qui perçoit des motifs de lumière et des tâches sombres en liaison avec les électrodes. Tout cela se passe en temps réel.

Pour le patient, la difficulté réside dans l’interprétation des motifs visuels et dans leur transformation en images qui ont du sens.

Autonomie visuelle

Il est très improbable que cette technique permette à une personne aveugle de retrouver une vision complète pendant longtemps. Mais les progrès sont indéniables, selon Avinoam Safran.

«Nous sommes désormais capables de redonner un certain degré d’autonomie visuelle, de façon à ce que ces personnes puissent reconnaître des formes, des objets et des endroits. Elles sont alors en mesure de se déplacer plus facilement à l’extérieur», explique le chirurgien.

La qualité de la vision retrouvée dépend beaucoup de l’état de l’œil et du degré de sophistication de l’implant.

Collaboration internationale

Les médecins ayant conçu l’opération à Genève étaient épaulés par des confrères de Los Angeles et de Paris. Si l’opération était une première européenne, elle a déjà été pratiquée dix fois dans le monde.

L’implant utilisé à Genève se nomme «Argus II retinal device». Il est conçu par l’entreprise américaine Second Sight et coûte environ 32’880 francs suisses. Il est prévu pour pouvoir rester trois ans sur un patient.

Le prochain objectif des chercheurs est d’améliorer encore la vision des patients avec des implants permettant une plus haute résolution des images. Cela pourrait être possible grâce à une concentration plus élevée d’électrodes et des techniques de pose plus malléables.

«C’était pareil lors du développement des aéroplanes, compare Avinoam Safran. Vous commencez avec un petit avion à hélice simple et 20 ans plus tard vous avez un jet. Beaucoup de choses peuvent être améliorées grâce à des développements techniques et l’expérience acquise par la génération précédente d’appareils.»

swissinfo, Simon Bradley à Genève
(Traduction de l’anglais :Ariane Gigon)

La Fédération suisse des aveugles et malvoyants estime entre 80’000 et 100’000 personnes le nombre de malvoyants en Suisse.

Les organisations d’aide aux malvoyants s’occupent de 10’000 à 20’000 personnes, dont 10% de personnes aveugles.

Selon une étude de l’Université de St-Gall, il y a moins de malvoyants chez les moins de 44 ans que chez les personnes plus âgées.

Les organisations d’aide estiment qu’entre 8 et 10% des malvoyants ont plus de 74 ans.

La principale cause de malvoyance est le vieillissement naturel. Dans le cas de la dégénérescence maculaire, la vue décline au centre du champ de vision, rendant par exemple la lecture très difficile, voire impossible. Mais elle ne conduit pas à la cécité totale.

Les autres causes de pertes de vision sont les accidents ou les maladies tells que le diabète, la cataracte ou le glaucome, les maladies rétiniennes et des prédispositions héréditaires.

La rétine tapisse le fond du globe oculaire et est principalement constituée de cellules photo-réceptrices , appelées les cônes et les bâtonnets.

Ces derniers analysent la lumière qui arrive après avoir été focalisée et filtrée par la cornée et la pupille. L’information visuelle est ensuite transmise au cerveau par le nerf optique, prolongation de la rétine.

(Tiré de «www.futura-sciences.com)

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