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Vacances à l’ère numérique: peut-on encore déconnecter?

Messaging-Apps auf einem Handy
Les applications de messagerie instantanée ont un pouvoir d'attraction incroyable, même pendant les vacances. © Keystone / Christian Beutler

L'ordinateur portable dans les bagages, le smartphone sur la plage et une rapide vérification des courriels professionnels de temps à autre: se détendre et déconnecter n'est plus si évident de nos jours. Une tribune de Sven Bisquolm, expert en transformation numérique.

Les vacances viennent à peine de se terminer. Nous sommes nombreux à être partis pour goûter au plaisir de sentir le sable sous nos pieds, remplir nos poumons de l’air frais de la montagne ou encore simplement apprécier quelques jours de farniente sur le balcon. Nous voulions nous libérer du stress de la vie quotidienne. Mais est-ce encore possible dans notre société numérique au rythme effréné?

Dans notre vie privée comme au travail, le monde numérique est omniprésent. Durant les vacances, les réseaux sociaux occupent une place de choix. Après tout, nous voulons montrer à tous nos abonnés à quel point le coucher de soleil est beau à Santorin, les glaces délicieuses à Rome ou comme nous posons bien devant ce lac de montagne en Engadine. L’exposition, les retouches et un texte approprié prennent du temps, mais ce n’est pas grave: on pourra toujours en profiter plus tard dans la vie réelle.

On aimerait déconnecter, recharger ses batteries et se reposer afin d’être à nouveau en forme pour les défis à venir. Malheureusement, ce n’est plus si simple. Nous sommes habitués à constamment recevoir une petite dose de dopamine et à être connectés à tout le monde, partout, tout le temps.

En moyenne, une personne touche son smartphone 2617 fois par jourLien externe, et une sur dix pousse même le curseur à 5427 fois. En matière de communication, les chiffres sont tout aussi impressionnants. Nous répondons généralement aux textos envoyés par Whatsapp, Viber ou Signal en un peu moins de 90 secondesLien externe. Nous répondons aux courriels dans un délai d’une heure en moyenne.

Rien d’étonnant à cela, puisque les médias sociaux, les réseaux, les jeux vidéo, etc. sont conçus pour que les utilisateurs y restent le plus longtemps possible. Le fait de devoir soudainement s’en séparer est comparable au sevrage d’une drogue. Quiconque a déjà confisqué le smartphone d’un adolescent peut particulièrement bien le comprendre.

Mais les jeunes ne sont pas les seuls à courir le risque de devenir dépendants. Nous, les adultes, avons tout autant de mal à lâcher prise. Les ordinateurs portables et les courriers électroniques sur le smartphone permettent de travailler de n’importe où et à n’importe quel moment.

Par conséquent, il n’est pas évident de se détacher du travail quotidien et des projets en cours. Surtout dans les entreprises qui ne fournissent pas de directives claires ou qui, parfois, encouragent même ce petit effort supplémentaire pendant les vacances. La pression subtile exercée par les pairs constitue un fardeau psychologique qu’il ne faut pas sous-estimer. C’est le dilemme classique du prisonnier sous une forme numérique.

Si mes collègues sont toujours disponibles et travaillent pendant leurs vacances, je me sens obligé de faire de même. Au final, la prochaine promotion pourrait en dépendre.

Le patron d’Apple, Tim Cook, a déclaré il y a quelques années que nous étions le produit des services en ligne et que nous paierions avec nos données. Bien sûr, il a raison d’un point de vue commercial et marketing, mais on peut se demander si nous ne payons pas avec bien plus que nos données?

Le technostress, l’épuisement numérique, la perte des relations sociales et la dépendance font partie de la révolution numérique et nous devons les prendre au sérieux.

Alors comment déconnecter? Nous pourrions laisser le smartphone à l’hôtel, ne même pas prendre d’ordinateur portable en voyage, lire un livre au lieu de se gaver de Netflix ou profiter d’un jeu de société analogique avec nos amis et notre famille. Il existe également déjà une riche offre de “désintoxication numérique” avec des hôtels et des centres de villégiature promouvant spécifiquement des vacances non connectées.

Pour ma part, je laisse le smartphone dans un tiroir de la maison de vacances quand c’est possible, sur silencieux, sans vibreur. Pas de vérification de courriels, pas d’Instagram, pas de selfies… C’est étrange au début, car les automatismes ont la peau dure.

Puis, au bout d’un moment, on s’habitue et on commence à réellement apprécier le paysage, les nouvelles connaissances et les activités off-line. Finalement, le smartphone ne manque pas du tout. Du moins, c’est comme ça que ça s’est passé pour moi.

Et vous, à quoi ressemblent vos vacances à l’ère numérique et que faites-vous pour éviter le stress lié à l’hyperconnectivité? 

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