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Seconde présidence pour Moritz Leuenberger

Moritz Leuenberger et Micheline Calmy-Rey à l'heure des congratulations. Keystone

Le ministre socialiste de l'environnement, transports, communication et énergie a été élu président de la Confédération pour 2006 avec 159 voix sur 225.

Moritz Leuenberger, déjà président en 2001, n’a récolté aucune voix de l’Union démocratique du centre (UDC, droite dure), qui a voté pour sa collègue de parti Micheline Calmy-Rey.

Sur les 237 bulletins distribués – neuf parlementaires étaient absents -, 10 étaient blancs et 2 nuls. Avec 225 bulletins valables, la majorité absolue était fixée à 113. Le nouveau président a obtenu 159 suffrages alors que 56 sont allés à sa collègue de parti Micheline Calmy-Rey et 10 à d’autres.

L’UDC a fait savoir que son groupe ne soutiendrait pas Moritz Leuenberger, estimant qu’il était déjà dépassé par la direction de son ministère. Il a donc voté pour celle qui a été élue vice-présidente du Conseil fédéral (gouvernement), Micheline Calmy-Rey.

Les deux prédécesseurs de Moritz Leuenberger à la présidence, Joseph Deiss et Samuel Schmid avaient chacun obtenu 174 voix. Il y a trois ans, Pascal Couchepin n’avait atteint que 166 voix.

Grand chantier

A la tribune mercredi matin, le chef du groupe UDC, Caspar Baader, a réitéré les critiques de son parti face à la gestion du ministère-mammouth de Moritz Leuenberger, «un grand chantier» qui selon lui «nécessite une direction forte».

Et de citer en vrac les problèmes qu’affronte Moritz Leuenberger: financement des transversales ferroviaires alpines, transfert du trafic de la route au rail, dossier du transport aérien, notamment à Zurich.

Tout en prétendant ne pas s’adonner à un règlement de compte politique, l’UDC a donc proposé d’élire Micheline Calmy-Rey.

Appel à la dignité

Les autres partis ont dénoncé les déclarations de l’UDC. Au nom du groupe socialiste, Hildegard Fässler en a appelé à la dignité et plaidé pour une argumentation honnête. Pour le PDC, Urs Schwaller s’est fendu d’un plaidoyer en faveur de la collégialité et a critiqué une manoeuvre en vue des élections fédérales de 2007.

Si les radicaux (centre droit) sont prêts à affronter un changement de système politique, ils veulent la clarté. L’élection à la présidence de la Confédération n’est pas le lieu pour se prononcer sur la qualité du travail des différents conseillers fédéraux, a dit Felix Gutzwiller.

Enfin le néo-communiste Josef Zisyadis a vu dans le position de l’UDC, une «opposition de pacotille». Le vrai courage, selon lui, aurait été de proposer le ministre UDC Christoph Blocher à la présidence.

Concordance

«La campagne électorale est finie», a souligné de son côté le nouveau président en se réjouissant de la netteté du résultat. Revenant sur les critiques de l’UDC concernant la gestion de son département, le ministre «des infrastructures» a affirmé les accepter si elles sont politiques mais pas si elles sont personnelles.

Moritz Leuenberger a rebondi sur les déclarations de tous les partis, y compris l’UDC, en faveur de la concordance pour souligner qu’il s’engagerait spécialement pour cette cause. Et d’espérer que les sept conseillers fédéraux travailleront dans la même direction.

Comme Samuel Schmid

«Je ne ferai que continuer» l’action du président actuel Samuel Schmid qui s’est engagé par tous les moyens en faveur de la collégialité, un thème «brûlant», a précisé Moritz Leuenberger.

Le président peut exercer son influence sur l’atmosphère des séances du gouvernement qu’il préside mais aussi intervenir lors de discussions avec les différents ministres.

Autre engagement de Moritz Leuenberger l’an prochain: la chose publique. Cet soutien à l’Etat ne relève pas que de la politique partisane, mais aussi sociale et culturelle, selon lui. Le Socialiste entend également se faire conseiller par les jeunes pour tous les rituels politiques qu’un président doit affronter.

En 2006, Moritz Leuenberger aura l’occasion de recevoir lors de visites d’Etat en Suisse le couple royal de Norvège ainsi que le président autrichien Heinz Fischer. Il fera pour sa part une visite en Afrique, déplacement qu’il considère important, et rencontrera la présidence européenne assurée par l’Autriche puis par la Finlande.

Après 2006 ?

Enfin, interrogé sur ses plans de carrière politique à l’issue de l’année prochaine et sur une éventuelle démission du Conseil fédéral, le Socialiste a répété qu’il avait été élu au gouvernement pour quatre ans, soit jusqu’à décembre 2007. Il n’a pas exclu de se représenter pour la prochaine législature.

swissinfo et les agences

Selon le système suisse, le président de la Confédération est élu pour une année par l’Assemblée fédérale (les deux Chambres du parlement réunies).
Il est choisi selon un tournus parmi les sept membres du Conseil fédéral (gouvernement).
En décembre 2000, Moritz Leuenberger avait accédé une première fois à la présidence, pour l’année 2001, avec 187 voix sur 238 bulletins valables.
Mercredi, le socialiste zurichois redevient président, avec 159 voix sur 225 bulletins valables.
Micheline Calmy-Rey quant à elle accède à la vice-présidence, par 167 voix sur 218 bulletins valables.

– La plupart des conseillers fédéraux accèdent deux fois à la présidence au cours de leur mandat. Mais une petite minorité a fait mieux.

– Ainsi, Emil Welti et Karl Schenk ont eu six présidences chacun entre 1865 et 1893, record inégalé à ce jour.

– Giuseppe Motta a été cinq fois président, en 1915, 1920, 1927, 1932 et 1937. Quatre hommes ont été quatre fois présidents.

– La triple présidence n’a été recensée que deux fois au 20e siècle, avec Max Petitpierre (entre 1950 et 1960) et Kurt Furgler (entre 1977 et 1985). Elle était un peu plus fréquente au 19e siècle.

– A l’inverse, un certain nombre de conseillers fédéraux n’ont pas été assez longtemps à l’exécutif pour devenir président. Dernier exemple en date: Ruth Metzler, qui a été évincée du gouvernement le jour où elle aurait dû être élue à la tête de la Confédération pour 2004.

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