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Simon Ammann, le retour en grâce du sorcier volant

Simon Ammann tout heureux à l'idée de retrouver les tremplins de Coupe du monde. Keystone

Simon Ammann se sent plus en forme que jamais à l'entame de sa 12e saison de Coupe du monde. Revenu au premier plan après un long passage à vide, le double champion olympique de saut à skis évoque ses ambitieux objectifs et revient sur les moments forts de sa carrière. Interview.

En 2002, Simon Ammann avait créé la sensation en remportant deux médailles d’or aux Jeux olympiques de Salt Lake City. Surnommé «Harry Potter» en raison de sa ressemblance avec le petit sorcier créé par J.K.Rowling, il avait été soudainement propulsé sur le devant de la scène médiatique. La saga de ce fils de paysans de la région st-galloise du Toggenburg, élevé sans TV ni radio, avait suscité une curiosité sans précédent, particulièrement en Amérique du Nord.

Le retour sur terre avait ensuite été difficile pour «Simi». Après une traversée du désert qui a duré 4 ans, il a retrouvé les joies de la victoire en décrochant un titre de champion de monde en 2007. Toujours aussi passionné, il rêve de nouveaux succès qui pourraient le faire entrer définitivement dans l’histoire du saut à skis. Confidences.

swissinfo: Simon Amman, comment vous sentez-vous à la veille du début de la saison de Coupe du monde?

Simon Ammann: L’été a été tout simplement incroyable. Je me sens plus en forme que jamais. J’ai rarement eu le sentiment d’avoir réalisé autant de progrès sur le plan technique et physique. Les efforts consentis depuis longtemps dans ces domaines portent désormais pleinement leurs fruits. Preuve en est cette 2e place finale lors des épreuves du Grand Prix d’été.

swissinfo: Qu’entendez-vous par progrès technique et physique?

S.A. : Sur le plan technique, j’ai beaucoup amélioré ma position d’élan. Mon corps est situé plus en avant sur les skis, ce qui me permet d’avoir davantage de vitesse sur le tremplin. Alors que c’était longtemps mon point faible, les tests de vitesse réalisés cet été à Courchevel ont démontré que je me situais au-dessus de la moyenne des autres athlètes.

J’ai également changé de marque de skis et les essais ont été plus que concluants. J’ai parfois même dû faire attention à ne pas atterrir trop loin! En ce qui concerne la condition physique, un entraînement musculaire spécifique m’a permis de gagner en puissance pour la phase d’impulsion en sortie de tremplin. Et ceci sans avoir dû prendre du poids, néfaste pour la phase de vol.

swissinfo: L’hiver s’annonce donc prometteur. Quels objectifs vous êtes-vous fixé?

S.A. : Pour la première fois, le général de la Coupe du monde semble à portée de main même si l’Autrichien Gregor Schlierenzauer est actuellement le meilleur sauteur de la planète. J’ai également pour objectif de remporter la Tournée des quatre tremplins, l’un des titres les plus prestigieux dans la discipline. J’en suis absolument capable.

Avec l’or olympique, un titre de champion du monde et une Tournée des quatre tremplins à mon palmarès, j’entrerais dans le club fermé du «magic 7», en référence aux 7 athlètes qui ont déjà réussi pareil exploit. Ca me motive énormément.

swissinfo: Le mental a une grande importance dans votre discipline. Vos 10 ans d’expérience au plus haut niveau vous servent-elles dans ce domaine?

S.A. : J’apprends chaque jour un peu plus sur le saut à skis et c’est la raison de ma présence au plus haut niveau depuis 10 ans. Grâce à la routine, j’aborde la compétition beaucoup plus calmement que par le passé. L’appréhension et la nervosité d’avant-saison ont cédé la place à une saine excitation.

swissinfo: Les années qui ont suivi votre double sacre olympique à Salt Lake City ont été difficiles. Avec du recul, quel regard portez-vous sur cette période?

S.A. : La phase qui a suivi les JO de Salt Lake City a été très agitée. J’étais en manque de stabilité et impatient de retrouver mes sensations. Je n’ai pas fait attention à certains détails qui m’ont empêché de progresser. A partir de 2006, tout est rentré dans l’ordre et j’ai pu conquérir le titre de champion du monde en 2007. Mais ça ne sert à rien de trop regarder en arrière et d’avoir des regrets. Ce qui est important, c’est que je me sente actuellement très bien et que j’aborde les quelques années de compétition qui me restent de manière positive.

swissinfo: Les deux médailles d’or olympiques ne sont-elles finalement pas arrivées trop tôt dans votre carrière?

S.A. : (Longue réflexion) Tout n’a pas été facile après 2002, comme je vous l’ai dit. Mais je garde des souvenirs incroyables de Salt Lake City. Lorsque j’en reparle avec des amis ou des journalistes, je me remémore tous ces moments inoubliables. Le voyage à New York pour participer au talk-show de David Letterman, la comparaison avec Harry Potter, mon retour en Suisse, cet engouement médiatique énorme. Jamais le saut à skis n’avait été aussi populaire en Amérique du Nord que durant ce mois de février 2002. C’est une très belle histoire et si c’était à refaire, je ne changerais absolument rien.

swissinfo, Samuel Jaberg

Né le 25 juin 1981 à Grabs, dans le canton de St-Gall, Simon Ammann fait ses débuts en Coupe du monde en 1998 à l’âge de 16 ans seulement. Il participe à ses premiers Jeux olympiques à Nagano la même année.

Aux JO de 2002 à Salt Lake City, il crée la sensation en remportant les médailles d’or des deux épreuves individuelles.

Surnommé «Harry Potter » en raison notamment de la forme de ses lunettes et de l’allure de son manteau, il est soudainement propulsé sur le devant de la scène médiatique.

Les 4 années qui suivent sont très difficiles pour Simon Ammann, qui n’arrive pas à confirmer son double exploit olympique.

Sa contre-performance aux Jeux de Turin en 2006 va paradoxalement servir de déclencheur en le débarrassant d’une attention pesante.

Dès l’hiver suivant, il fait son retour au premier plan en remportant deux victoires en Coupe du monde et la médaille d’or aux Mondiaux de Sapporo.

La saison dernière s’est avérée moins prolifique mais il a fait preuve de régularité et terminé au 9e rang du général de la Coupe du monde.

La saison de Coupe du monde débute ce week-end en Finlande, et se terminera le 22 mars en Slovénie.

Engelberg, dans le canton d’Obwald, accueille deux épreuves le week-end du 20-21 décembre.

Entre le 28 décembre et le 6 janvier se disputera la Tournée des quatre tremplins dans les localités d’Oberstdorf, Garmisch-Partenkirchen (Allemagne), Innsbruck et Bischofshofen (Autriche).

Comptant pour la Coupe du monde, la Tournée revêt une importance particulière aux yeux des spécialistes et fait l’objet d’un classement annexe prestigieux.

A fin février se dérouleront les Championnats du monde à Liberec, en République tchèque.

Le Schwytzois Andreas Küttel (29 ans) sera le second suisse en lice cette saison aux côtés de Simon Ammann.

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