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Six semaines de congé pour tous

Les travailleurs suisses pourraient passer un peu plus de temps sur les plages. swissinfo.ch

Pour mieux concilier vie professionnelle et vie familiale, le syndicat Travail.Suisse préconise six semaines de vacances pour tous et va lancer une initiative populaire. La récolte des signatures devrait débuter début 2008.

L’Union patronale rejette avec fermeté cette proposition et souligne que les travailleurs de beaucoup de secteurs bénéficient déjà de plus de congés que les quatre semaines prévues par la législation.

Entre 1991 et 2004, la productivité du travail a connu une hausse de 14,9%. Mais «les salaires réels ont augmenté dans le même laps de temps d’un modeste 4,3%», fait remarquer Suzanne Blank, responsable de la politique économique de Travail.Suisse.

De plus, en comparaison avec les pays voisins, les Suisses ont droit à moins de vacances. Partant de ces constatations, le syndicat prévoit de lancer une initiative visant à obtenir six semaines de vacances pour tous les travailleurs.

Le texte devra tout d’abord être soumis au congrès de Travail.Suisse au mois de décembre et la récolte des signatures débuter quelques semaines après.

Pour Hugo Fasel, président du syndicat, «il est très important de compenser la charge de travail très élevée et d’investir pour la santé, le repos et le temps libre.»

Travail.Suisse est également arrivé à la conclusion que les travailleurs préfèrent bénéficier de plus de jours libres payés que d’une réduction du temps de travail hebdomadaire.

«Un coût raisonnable»

Selon les calculs du syndicat, une semaine de vacances supplémentaire coûterait environ 2,3% par année.

Ce chiffre est cependant «erroné», selon le président de Syna – le syndicat interprofessionnel – Kurt Regotz. «Le prolongement des périodes de vacances provoque aussi une augmentation de la productivité».

Hugo Fasel a aussi précisé que «la vie active n’est pas un sprint mais un marathon.» Pour Travail.Suisse, il est important de conserver les forces actives sur le long terme.

Actuellement, la pression au travail est devenue un risque pour la santé et le burn-out en est l’expression. Cela représente un coût important pour l’économie.

«N’oublions pas que 40% des rentes AI sont dûs à des motifs psychiques», ajoute Meinrado Robbiani, secrétaire général du syndicat chrétien social tessinois.

Plus d’un million d’heures supplémentaires

Max Hofmann, secrétaire général de la Fédération suisse des fonctionnaires de police, relève que la situation actuelle oblige à reporter d’année en année plus de 1,2 millions d’heures supplémentaires.

«La garantie du service rendu ne doit donc pas être mise en péril en raison de l’épuisement des agents.»

La moyenne actuelle de cinq semaines de vacances doit être pondérée, la situation évoluant de cas en cas. «Le nombre de jours libres payés dépend de plusieurs facteurs: de la branche, de l’âge, des années de service ou encore du canton», précise Hugo Fasel.

Hotel&Gastro Union, syndicat de la branche du tourisme, soutient également cette initiative. Avec six semaines de vacances, «les touristes pourront séjourner plus longtemps chez nous», estime son directeur, Urs Masshardt.

L’initiative visera aussi à supprimer la prescription sur les avoirs de vacances. La loi actuelle prévoit en effet que les jours de congé soient prescrits au bout de cinq ans. Comme solution de remplacement, Travail.Suisse désire créer un compte-vacances, à l’instar des heures supplémentaires.

Siestes et repas plus longs

Interrogé par swissinfo, Theo Wehner – professeur de la psychologie du travail à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich – estime qu’il est préférable de réfléchir en terme de qualité et non de quantité pour les temps de repos.

«Les Suisses avaient l’habitude de faire une petite pause à neuf heures du matin et à quatre heures de l’après-midi, mais combien le font encore aujourd’hui? Ils prennent plutôt un café à l’emporter et continuent de travailler.»

«Il faudrait prendre exemple sur l’Espagne où de plus grandes coupures pour les repas ou des siestes sont pratiqués.»

Rejet des patrons

De son coté, l’Union patronale suisse rejette énergiquement l’initiative sur les vacances annoncée par Travail.Suisse.

Selon les patrons, de nombreux salariés profitent déjà de règlements d’entreprise ou de conventions collectives qui vont nettement au delà du minimum légal. Ces solutions flexibles élaborées dans le cadre du partenariat social sont bien préférables à une augmentation rigide de la durée légale des vacances. Une exigence générale de six semaines est de toute façon exagérée.

Pour l’Union patronale, cette initiative est inutile pour la majorité des salariés. Elle réduit de plus la marge de manœuvre des solutions issues du partenariat social et donne le mauvais signal d’une augmentation supplémentaire des coûts du travail de la place économique suisse.

swissinfo et les agences

Les vacances payées par année à travers le monde (en jours):
France: 31
Allemagne: 29
Italie: 26
Moyenne UE: 25
Suisse: 25
Finlande: 25
Angleterre: 22
Japon: 18
USA: 12

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