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Ski suisse: «C’est très grave»

A l'issue du Championnat du monde à Bormio, pour Gian Gilli, l'humeur n'est pas à l'euphorie. Keystone

Après l’échec cinglant des Championnats du monde à Bormio, Gian Gilli, chef compétition de ‘Swiss Ski’, fait le point pour swissinfo.

Pour lui, au-delà des mesures immédiates, c’est un long travail en amont qui doit être envisagé.

Le ski suisse est rentré bredouille des championnats du monde de Bormio. Si chez les hommes, Didier Defago, Ambrosi Hoffmann, Silvan Zurbriggen, Daniel Albrecht et Bruno Kernen arrivent à se frayer un chemin dans les dix premiers, chez les dames c’est l’hécatombe. La meilleure place revient à Nadia Styger, 8e du super G.

De mémoire de skieur on n’avait jamais vu ça. Même à Saint Moritz, Marlies Oester avait réussi à donner une médaille de bronze en combiné. Cette fois, c’est un double zéro.

Dirigées depuis le début de la saison par la double championne olympique de Sapporo, Marie Thérèse Nadig, il semble que rien n’ait fonctionné comme escompté chez les filles.

La perspective des J.O.

Gian Gilli, responsable compétition du ski suisse, ne pouvait que constater un échec assez préoccupant à un an des Jeux de Turin. «Nous étions venus à Bormio avec trois objectifs, a expliqué le responsable dimanche. Tout d’abord tester l’organisation. Ensuite redonner une image positive du ski suisse. Mais malheureusement côté sportif, c’est très grave».

Avec l’échéance olympique qui se rapproche, des décisions s’imposent. «Je pense qu’il ne faut rien changer chez les hommes, assure-t-il. Par contre chez les dames, oui». Gian Gilli n’entre d’ailleurs dans aucune précision quant aux choix qu’il va devoir faire ces prochains jours.

«Il faut pouvoir préparer les Jeux de Turin au mieux, continue-t-il. Normalement on devrait pouvoir récupérer Didier Cuche, blessé». Mais Gian Gilli sait que les Jeux se mesurent à long terme. Que le ski suisse va devoir refaire ses bases avec un travail en amont sur dix ou quinze ans.

Il ne s’explique toujours pas le pourquoi du nombre incroyable de blessées chez les filles (10 en coupe d’Europe). «Quelque chose ne marche pas et je suis prêt à me remettre aussi en question».

Mais Gilli devra surtout réfléchir à l’encadrement. «Mais je ne peux pas tout révolutionner tout seul, lance-t-il. Il faut regarder de plus prêt le sport-étude. Il n’est pas normal que lorsqu’un skieur s’inscrit et qu’il est du canton, il paye 6000 francs. En revanche, s’il vient de l’extérieur il doit débourser 25’000 francs. Il faut assouplir tout ce système et permettre aux élèves de faire plus de ski».

Séisme en préparation?

par ailleurs, la mise en place d’un examen d’admission pour exercer la profession d’entraîneur commence à porter ses fruits. «Cette année, nous en avons reçu trente et la qualité est bien meilleure», affirme-t-il.

Reste que la valse devrait débuter en cette fin de saison. Franz Kohlhuber, chef des descendeuses, ainsi que les entraîneurs Hans Flatscher et Sepp Brunner pourraient être mis en difficulté.

«Les filles sont fragiles mentalement, continue le patron du ski suisse. Et surtout, on a un manque de vivier. Après Sonja Nef en slalom, par exemple, il n’y a personne d’autre».

Ce constat d’échec devrait peut être faire bouger un peu les choses. Malheureusement, l’échéance des JO pourrait bien tout bloquer d’avance. En tous cas, Gian Gilli assure qu’il a déjà reçu bon nombre de lettres de démission. «Je ne vous dirai pas combien et ne divulguerai pas les noms».

swissinfo, Dick Deene à Bormio

– Aucune médaille dans un rendez-vous planétaire, soit Championnats du Monde (CM) ou Jeux Olympiques (JO), cela n’est arrivé que quatre fois au ski alpin suisse ( CM de Chamonix en 62, JO d’Innsbrück en 64, CM de Portillo en 1966, JO d’Oslo en 52).

– Par opposition, la décennie 80 a vraiment été l’âge d’or du ski suisse: 3 médailles aux JO de Lake Placid en 1980, 5 aux CM de Schladming en 82, 4 aux JO de Sarajevo en 84, 8 aux CM de Bormio en 85, 11 aux JO de Calgary en 88 et 11 à nouveau aux CM de Vail en 89.

– Le sommet est atteint aux CM de Crans-Montana en 1987, avec 14 médailles, dont 8 d’or. La Suisse dispose alors d’une véritable «dream team», où Pirmin Zurbriggen rafle notamment 4 médailles, Maria Walliser 3, Erika Hess et Michela Figini 2 chacune.

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