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Slobodan Milosevic donne du fil à retordre à Carla Del Ponte

Slobodan Milosevic, lors de l'audience de ce jeudi, refuse de prendre connaissance de son acte d'accusation. Keystone

La deuxième audience dans la phase préparatoire du procès de Slobodan Milosevic, qui s'est déroulée jeudi, l'a confirmé: l'ancien président yougoslave va donner du fil à retordre à la magistrate suisse Carla Del Ponte, qui l'accuse de crimes contre l'humanité pour son rôle dans la purification ethnique au Kosovo.

Car Milosevic persiste dans son attitude de défiance vis à vis du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie. N’hésitant pas à travestir les faits, l’accusé maintient que la juridiction internationale est «un instrument politique illégal», qui n’a pas compétence à le juger.

Maintenu à l’isolement

Or, Milosevic conteste la légalité d’un Tribunal qu’il a lui-même reconnu en signant les Accords de Dayton! Il affirme qu’il est maintenu à l’isolement. Or, si tel était bien le cas les deux premiers mois de sa détention, Milosevic n’est plus isolé que de quelques codétenus, ceux qui sont concernés par son affaire.

Il se plaint également de ne pas pouvoir communiquer avec la presse. Or, M. Milosevic a récemment accordé une interview téléphonique à la chaîne américaine de télévision Fox, contrairement au règlement de la prison, qui s’applique à tous les détenus.

Milosevic refuse également de prendre connaissance de son acte d’accusation. Carla Del Ponte a donc demandé au juge May, qui préside les débats, de lui faire lecture de ce texte à l’audience. Réponse du juge Richard May: «si vous prévoyez d’amender l’acte d’accusation, nous en reparlerons plus tard».

Un agent de liaison

Telle est bien l’intention du procureur : «je prévois de publier un nouvel acte d’accusation concernant la Bosnie et la Croatie début octobre, et d’amender celui sur le Kosovo à la fin du même mois». «Milosevic sera accusé de génocide en Bosnie», a déclaré Florence Hartmann, porte-parole de Carla Del Ponte.

Ces modifications sont normales car, selon le règlement du Tribunal, l’enquête continue même quand le détenu attend son procès. Ceci n’a pas empêché Milosevic d’ironiser : «mon inculpation pour le Kosovo date du 26 mai 1999, 68 jours après le début de l’agression de l’OTAN contre mon pays. Il en faut du temps pour mettre un point final à une fausse accusation!»

En attendant, Carla Del Ponte insiste pour que Milosevic accepte de se faire représenter par un avocat. Milosevic refuse. Le juge May a donc nommé un avocat au titre «d’amicus curiae». Celui-ci n’est pas un avocat commis d’office, mais une sorte d’agent de liaison entre le procureur et l’accusé afin de «s’assurer que les droits de l’accusé sont respectés». Prochaine audience le 29 octobre.

Alain Franco, La Haye

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