Adolf Ogi au Sommet du Millénaire des Nations unies

Jeudi, le président de la Confédération prend la parole devant l´Assemblée générale des Nations unies à New York. C´est une première. Mais c´est vu de Suisse que cet événement prend tout son sens. Il illustre une claire volonté d´adhésion à l´ONU.
Jamais on n’aura vu autant de chefs d’État réunis à l’ONU, même lorsque nombre d’entre eux participaient déjà au grand raout diplomatique du 50e anniversaire de l’Organisation, en octobre 1995. Pendant trois jours, ils auront tous l’occasion de prendre la parole devant l’Assemblée générale ainsi que dans plusieurs tables rondes à huis clos consacrées au rôle que devraient jouer les Nations unies au 21e siècle.
Adolf Ogi représentera la Suisse qui, si elle n’est pas membre de l’Organisation, y détient toutefois un statut d’État observateur. Comme tous les autres dirigeants, le président de la Confédération n’aura jeudi que cinq minutes pour délivrer son message. On n’en connaît pas encore la teneur officielle, mais il ne fait aucun doute qu’il profitera de cette tribune exceptionnelle pour annoncer la ferme détermination de la Suisse d’entrer à l’ONU.
Ce n’est pas forcément au travers des discours que les idées passent le mieux. Un sommet comme celui du Millénaire se profile par contre comme le plus extraordinaire des lieux de contacts et d’échanges informels au plus haut niveau du pouvoir planétaire. Adolf Ogi pourra dire et redire à ses interlocuteurs venus de tous les horizons que les grands objectifs de l’ONU – la paix et la sécurité – sont également ceux de la politique étrangère de la Suisse.
En même temps, le président de la Confédération remettra au secrétaire général de l’ONU l’acte d’adhésion de la Suisse à l’accord sur la prévention et la répression des crimes de génocide. Et il signera un traité annexe à la Convention sur les droits de l’enfant concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés ainsi que dans les réseaux de prostitution.
Dès le week-end prochain, c’est Joseph Deiss qui prendra à New York le relais d’Adolf Ogi. Le chef de la diplomatie suisse pourra à son tour et dans le détail informer le monde onusien des intentions de son pays. Au siège du Programme des Nations unies pour le développement, auprès des membres du Conseil de sécurité ou avec les ministres des Affaires étrangères de la Francophonie, les occasions ne manqueront pas.
Bref, ceux qui en douteraient encore ont désormais sous les yeux toute une série de signes très visibles de l’objectif politique que la Suisse se donne en ce début du 21e siècle. Après la conclusion des accords bilatéraux avec l’Union européenne, le gouvernement fédéral entre concrètement dans la dernière ligne droite qui mène droit à l’ONU.
Il a beau être très confiant, il ne se lance pas dans cette course les yeux baissés. Il n’a pas oublié le camouflet de 1986 où la majorité du peuple et les cantons unanimes avaient rejeté toute idée d’adhésion de la Suisse à l’ONU. Depuis juillet un nouveau projet est en consultation publique, y compris sur Internet. Il devrait être soumis au vote d’ici deux ou trois ans. D’ici là, beaucoup d’eau coulera encore sous les ponts de l’Aar et de l’Hudson River.
Bernard Weissbrodt

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