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Affaire Elf: Christine Deviers-Joncour perd 8 millions

L’ancienne maîtresse de Roland Dumas, qui ne possédait ni bureau, ni téléphone chez Elf, n’a jamais pu prouver qu’elle y avait effectivement travaillé. Keystone

Il n'y a pas que les sanctions pénales. A Paris, Christine Deviers-Joncour, l'ancienne maîtresse de Roland Dumas, risque deux ans de prison. A Genève, à la demande d'Elf, la justice séquestre ses économies, soit 8 millions de francs suisses.

Si l’argent n’a pas d’odeur, il peut en revanche avoir une histoire mouvementée. Les «économies» de Christine Deviers-Joncour suivent depuis 1997 un parcours des plus sinueux. L’argent, versé par Alfred Sirven, l’ancien numéro deux de la compagnie pétrolière Elf, est d’abord déposé à la Discount Bank à Genève. Mais l’ancienne égérie du ministre français des Affaires étrangères craint que la justice ne mette la main dessus.

«Christine Deviers-Joncour m’avait donné rendez-vous dans le parking d’un grand hôtel de Genève donnant sur le Rhône. Accompagnée de son ami, Gilbert Miara, elle m’a donné 8 millions de francs, dissimulés dans deux grands sacs de sport», raconte le gestionnaire de fortune Daniel Renaud.

«Ils souhaitaient à la fois préserver cet argent, qu’ils estimaient avoir gagné légitimement, et le faire fructifier», ajoute l’intermédiaire. L’argent va passer par une société à Monaco avant de disparaître aux Bahamas. Cette ancienne colonie britannique n’est pas un modèle dans le domaine de la coopération judiciaire. En clair, il est impossible de récupérer un bas de laine planqué à Nassau.

En 1999, le juge genevois Paul Perraudin, qui a pu remonter le circuit financier, contraint Christine Deviers-Joncour et son ami Gilbert Miara a rapatrier les 8 millions de francs en Suisse. Quatre millions et demi de dollars, soit 7,7 millions de francs, prennent le chemin des coffres de la Banque cantonale de Genève (BCGe). Le reste (292 000 francs) atterrit à la Discount Bank à Genève.

La Tribune de Genève de samedi a révélé qu’à la demande de la compagnie Elf, le Tribunal de première instance de la Cité de Calvin a ordonné jeudi le séquestre des fonds rapatriés par Christine Deviers-Joncour et Gilbert Miara.

Une décision apparemment logique, puisque la totalité de la somme provenait des caisses de la compagnie pétrolière. Et l’ancienne maîtresse de Roland Dumas, qui ne possédait ni bureau, ni téléphone chez Elf, n’a jamais pu prouver tout au long du procès à Paris qu’elle y effectuait «un vrai travail», justifiant d’aussi copieuses rémunérations. Quant à Gilbert Miara, un ancien homme d’affaires, il n’était que l’amant de Christine Deviers-Joncour.

Ian Hamel

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