Amnistie de Marc Rich: les témoins invoquent le 5e amendement

Deux anciens conseillers de la Maison Blanche et Denise Rich ont refusé d'être entendus jeudi par la Commission gouvernementale de la Chambre des Représentants. Mais le président de la Commission a l'intention de forcer l'ancienne épouse du négociant en matières premières à comparaître en lui offrant l'immunité.
Denise Rich a invoqué le 5e amendement de la Constitution des Etats-Unis qui permet a un individu d’éviter de déposer sous serment afin de ne pas s’incriminer lui-même. Les deux conseillers juridiques de la Maison Blanche du temps de Bill Clinton ont fait de même.
Le président de cette Commission, Dan Burton, a néanmoins réitéré son intention de faire toute la lumière sur les circonstances qui ont entouré l’amnistie de dernière minute accordée à Marc Rich. Et, dans cette perspective, M. Burton envisage d’accorder l’immunité à l’ancienne épouse de l’homme d’affaires ainsi qu’à d’autres acteurs de l’affaire, en échange de leur coopération avec les enquêteurs.
L’absence de Denise Rich a empêché les élus de la commission d’examiner l’influence éventuelle des généreuses donations de l’ancienne femme de Marc Rich au couple Clinton et au Parti Démocrate sur l’octroi de l’amnistie présidentielle au négociant. Les membres de la commission ont cependant passé plus de huit heures à interroger l’avocat de l’homme d’affaires, Jack Quinn, qui, avant de défendre le dossier d’amnistie de M. Rich auprès de Bill Clinton, fut le conseiller juridique de la Maison Blanche jusqu’en 1997.
Maitre Quinn a affirmé que la procédure d’amnistie s’était déroulée dans la transparence. Mais Morris Weinberg – l’un des procureurs qui ont obtenu l’inculpation de Marc Rich pour fraude fiscale en 1983 – a souligné que Bill Clinton n’avait entendu qu’un seul son de cloche, celui de Jack Quinn. Et cela sans jamais recevoir l’opinion des différents organismes officiels impliqués dans les poursuites contre M. Rich, à commencer par le Département de la justice et les Services des impôts.
Invité lui-aussi à témoigner devant la commission de la Chambre, l’ancien ministre adjoint de la Justice, Eric Holder, a d’ailleurs déclaré que, s’il avait reçu le dossier complet de demande d’amnistie monté par Me Quinn, il se serait opposé à la grâce présidentielle.
A l’instar de la plupart des membres de la Commission, l’ancien Ministre adjoint de la Justice s’est montré particulièrement préoccupé par le fait que Marc Rich a renoncé à sa citoyenneté américaine pour échapper aux poursuites. Et qu’il n’a exprimé aucun remord pour ses activités illégales aux Etats-Unis depuis qu’il a trouvé refuge en Suisse, il y a plus de dix-sept ans.
Pour mémoire, Marc Rich avait été inculpé par un tribunal new-yorkais de fraude fiscale. Et surtout de commerce illégal avec l’Iran au moment le plus fort de la crise des otages à l’ambassade américaine de Téhéran.
Marie-Christine Bonzom, Washington

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