Dans la trace du ‘boss’ du snowboard suisse

Mercredi, swissinfo a vécu les médailles d'or et d'argent des frères Schoch aux côtés de l'entraîneur en chef de l'équipe de Suisse de snowboard, Franco Giovanoli.
Snowboardeur de la première heure, le Grison vit sa passion à 100% et porte son sport à bout de bras. Durant toute l’année comme à Arosa.
Il est près de 15h mercredi après-midi dans l’aire d’arrivée des Championnats du monde de snowboard d’Arosa. Franco Giovanoli accourt une ultime fois auprès de Philipp, le cadet des frères Schoch.
Alors que les fans saluent à grands cris le triomphe des deux Zurichois, le boss du snowboard helvétique décroche les fixations du champion olympique en titre, incapable de se baisser.
Blessé et concourant sous infiltration, il vient d’être battu en finale des Mondiaux par son frère aîné Simon, qui tient ainsi sa revanche des JO de Turin.
De l’émotion dans sa voix
Fier de ses protégés, Franco Giovanoli sort deux drapeaux suisses de sa poche et recouvre les épaules des champions de Steg. Il savoure cet instant. Il en rêve depuis les qualifications du matin.
«Que demander de plus? C’est juste parfait. Pour eux, pour l’équipe et pour le snowboard», dit-il.
Sa voix et son regard d’azur en tremblent d’émotion. Pour le chef du snowboard helvétique, cette journée de mercredi ne pouvait pas mieux se terminer…
Petit retour en arrière
Debout aux aurores, Franco Giovanoli engloutit son petit déjeuner en compagnie des entraîneurs responsables des trois disciplines de l’alpin, du freestyle et du boardercross.
Les derniers détails mis au point, il quitte le magnifique hôtel Tchuggen qui accueille la délégation helvétique pour rejoindre au plus vite le bas de la piste et assister aux qualifications qui débutent à 8h45.
Casquette du sponsor vissée sur la tête, il fait les cent pas dans l’aire d’arrivée; échange quelques mot avec le président du comité d’organisation et remercie d’une tape sur l’épaule un collègue venu lui apporter un café.
A chaque fois qu’un Suisse dévale les 250 mètres du tracé, il le couve du regard comme une mère qui protège ses petits. A l’arrivée, il vient s’enquérir du moindres de ses soucis et s’assurer que l’athlète a tout ce dont il a besoin.
Contrat déjà rempli
Relié par radio à l’entraîneur de la discipline qui se trouve dans le portillon de départ, il se tient prêt à n’importe quelle éventualité. Il vit la course comme s’il se trouvait lui-même sur la planche.
«Si je n’étais pas nerveux et excité alors que nos athlètes disputent des Mondiaux, analyse-t-il, je pense que je ne serais pas à la bonne place. En plus, le fait de disputer ces Championnats du monde en Suisse nous met une pression supplémentaire.»
Au fond de lui, il veut croire à un succès helvétique dans ce slalom parallèle. Il le sait, chacun des quatre représentants de l’équipe masculine a les moyens de s’imposer.
Mais il préfère se rassurer tout haut en affirmant que «le contrat est d’ores et déjà rempli avec nos quatre médailles. Tout ce qui viendra désormais ne sera que du bonus».
Un vrai passionné
Reste que les bons résultats répétés de ses snowboardeurs lui permettent de revendiquer plus de soutien et de reconnaissance de la part de la Fédération suisse de ski.
Ils lui permettent aussi de mieux expliquer que les snowboardeurs fonctionnent différemment et qu’il est normal que le snowoboard reste, un peu, comme une fédération dans la fédération.
«Sa position entre les athlètes, les entraîneurs et la fédération n’est pas simple, explique à swissinfo l’entraîneur du secteur alpin Christian Rufer. Mais il s’investit à plus que 100% et cela fait du bien à notre sport.»
Depuis ses bureaux de Samedan, il gère le sport de pointe comme la relève. Mais il est aussi un peu responsable pour le marketing, les finances ou pour l’organisation des compétitions. De plus, chaque année, il essaie d’assister au moins une fois à une épreuve de chaque discipline.
Distance et respect
«De toute façon, je n’ai ni le besoin ni le temps de me trouver au bas des pistes pour taper sur le dos de l’athlète après sa performance. Un chef n’est pas le copain des athlètes. S’il n’y a pas une certaine distance, il n’y a plus de respect.»
Ici, à Arosa, tout est différent. Cette semaine permet à Franco Giovanoli de passer plus de temps en compagnie des snowboardeurs. D’échanger et de communiquer sur leurs attentes.
Mais aussi de se montrer proche d’eux. Comme lorsque Patrizia Kummer manque d’un rien la qualification pour les finales ou que Fränzi Kohli est éliminé d’un tout petit centième de seconde.
Mais aussi lorsque Philipp Schoch, blessé et incapable de se baisser, l’appelle à l’aide pour décrocher ses fixations dans l’aire d’arrivée. Le boss n’hésite pas à payer de sa personne… avec un bonheur non dissimulé.
swissinfo, Mathias Froidevaux à Arosa
Les Championnats du monde de snowboard se déroulent du 13 au 20 janvier à Arosa.
Mercredi, les deux frères Simon et Philipp Schoch (déjà vainqueurs de l’or et de l’argent aux JO de Turin) ont terminé premier et second du slalom parallèle. Simon a offert à la Suisse sa première médaille d’or. L’argent de Philipp est la sixième médaille helvétique à Arosa.
Intégré à Swiss-ski depuis 2004, le snowboard dispose d’une enveloppe annuelle de 1,3 millions de francs.
Aux Championnats du monde, les athlètes qui remportent une médaille ne perçoivent aucun chèque.
Presque tous semi-professionnels, les snowboardeurs suisses sont soutenus pas des sponsors et vivent des gains réalisés en Coupe du monde où une victoire peut rapporter près de 10’000 francs suisses.
Né le 29 octobre 1967, Franco Giovanoli est un snoboardeur de la première heure. Le Grison fonde en effet un club et une école de snowboard à Saint-Moritz au milieu des années 1980.
Il participe ensuite à la création de la Fédération suisse de snowboard où il occupera diverses fonctions dont celle de chef des compétitions.
En 2004, lorsque le snowboard rejoint le giron de Swiss-ski, il est engagé comme entraîneur en chef. C’est lui qui supervise les entraîneurs des trois disciplines de l’alpin, de freestyle et du boardercross.

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