Droit du sol pour les étrangers: le débat est lancé

En voulant introduire le droit du sol pour les étrangers de troisième génération, le Conseil fédéral veut replacer la Suisse au niveau de l'Europe. Il remet ainsi l'ouvrage sur le métier, après deux échecs populaires en moins de quinze ans. Le débat est à nouveau ouvert.
Avec seulement 20 000 étrangers naturalisés en 1999 sur 600 000 en droit de le faire, la Suisse est effectivement le parent pauvre de l’Europe en la matière.
La naturalisation facilitée pour la deuxième génération, et le passeport automatique pour la troisième augmenterait sensiblement ce chiffre.
Mais cette volonté fédérale appuyée sur le travail d’experts et celui de la Commission fédérale des étrangers risque d’ouvrir un débat passionné en Suisse. Un débat qui s’achèvera de toute façon par une sanction populaire puisqu’il faudra changer un article constitutionnel.
L’Union démocratique du centre (UDC) a d’ailleurs réagit rapidement, mardi, en exprimant un non très clair au droit du sol. «Le passeport suisse ne doit pas être un cadeau de l’Etat, explique Isabelle Schellenberger, porte-parole de l’UDC. L’étranger doit décider lui-même s’il veut devenir citoyen suisse ou non. Mais l’obtention du passeport ne doit en aucun cas être automatique».
Toutefois, l’UDC est favorable à la naturalisation facilitée. «Nous sommes d’accord avec ce principe, relève Isabelle Schellenberger, mais nous ne voulons pas que le passeport soit acquis aussi facilement que dans le reste de l’Europe.»
L’Association pour une Suisse Indépendante et Neutre (ASIN) présidée par Christophe Blocher a préféré prendre un temps de réflexion avant de rendre public sa réaction officielle. Même si de notoriété publique, on la sait opposée au droit du sol.
En revanche, le courage du Conseil fédéral est salué par de nombreuses organisations et syndicats. Pour preuve, la réaction de l’Union syndicale suisse (USS), très favorable à ces propositions. Le syndicat va même jusqu’à exhorter les autorités à «presser le pas».
Même son de cloche pour une grande frange de la jeunesse de ce pays. «Nous saluons vivement ce geste du gouvernement», explique Stéphane Montangero, président du Conseil suisse des activités de jeunesse.
Pour les étrangers de la troisième génération, le passeport rouge doit être un droit automatique. Le président du conseil relève par ailleurs le très faible taux de naturalisation dans ce pays, ce qui est un signe de malaise.
Le verdict populaire inquiète bien entendu les défenseurs de ce droit du sol. «Il faudra informer justement les citoyens, précise Stéphane Montangero. Le parcours sera semé d’embûches et long, mais je suis persuadé que les Suisses comprendront que les étrangers intégrés sont en droit de devenir des citoyens à part entière, sans avoir à débourser de grosses sommes.»
Jean-Louis Thomas

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